Avec une déception palpable j'attendais mais en vain qu'une créature aussi misérable soit elle pointe le bout de son nez. Je ricanai nerveusement, comme pour voir si ce sombre rire allait attirer une quelconque bestiole, bien sûr, jamais ça ne les attirai, ça les repousserai mais bon. Pff... Qu'est-ce que j'espérai trouver dans cette neige qui entravait la plupart de mes mouvements ? Même si je voyais un animal je n'aurai jamais eu la force de l'attraper, j'étais trop faible.

Faible ? Moi ? Je rugis et déboulait sur un arbre en y plantant mes griffes de toute mes force. Si je ne pouvais pas chasser aujourd'hui, alors en attendant je m'entraînerai ! Simulant que l'arbre était un loup ou un autre être vivant, je m'appliqua à bien le griffer, à laisser des profondes cicatrices dans l'écorce, à le mordre avec violence, puis sachant pertinament que ça me casserai les crocs plutôt qu'autre chose, je guettai une branche plus ou moins solide sur laquelle je pourrai me déchaîner.

J'en vis enfin une et m'y précipitai. Soudain je ralentis et me mis en position de Traque, pas juste pour le plaisir cette fois, mais pour faire comme si que cette branche était vraiment vivante. Mes yeux s'illuminèrent quand je m'imaginai un cerf à la place de ce bout de bois inanimé, puis bondissant sur lui, je me mis à l'agripper comme j'aurai fait sur un herbivore, de manière à entraver ses mouvements, qu'il ne puisse pas s'échapper, ensuite je labourai son flanc avant de porter le coup final.

J'avais sûrement l'air d'une folle en m'acharnant ainsi sur un petit truc en bois, mais qu'importe, je me sentais plus vivante que je ne l'avais été ces derniers mois. Cassant le bout de bois en deux, je me mis à hurler en maintenant -inutilement- fermement ma "proie".

Je tournai sur moi même, envoyant balader le bout de bois. Les sourcils fronçaient j'examinai l'horizon, humai l'air, fouettai la neige de mes griffes, creusai un immense trou dans la matière blanche jusqu'à en découvrir le sol. Puis un flocon tomba, deux, trois, quatre et ainsi de suite à l'infini. Je rugis. J'étais mécontente de moi. J'avais faim, et je ne pouvais pas manger ! Bon, je n'avais pas si faim que ça mais quand même...

Mes yeux se voilèrent d'une lueur de folie. Je me mis à piquer un sprint de 50 mètres, puis m'arrêtai sèchement avant d'en refaire un autre, et ainsi de suite, et tout cela au moins une quinzaine de fois. Essoufflée, je regardai le ciel, espérant y voir un rayon de soleil, mais rien.

Il était loin le temps où j'étais insouciante du temps, où c'était soit ma mère, soit mon père qui revenait à la tanière avec une gueule remplit de viande de toutes sortes.

Nerveuse, je me levai rapidement et me mis à trottiner, faire des cercles, des huit, accélérant de temps à autre, comme espérant que cette petite mascarade me permettra d'oublier que j'avais faim, que je n'avais attrapé aucun animal.

Un loup s'avança vers moi, il était grand, imposant, et semblait dérangé par ma mascarade. Je le regardai sévèrement mais continuai tout de même à faire des tours sur moi-même. Je devais vraiment avoir l'air ridicule, mais qu'importe, je n'en ai que faire du regard des autres. J'ai froid, je me réchauffe, et j'attends que quelque chose se daigne à se jeter dans ma gueule, et plus je regarde ce loup, plus je me demande la réaction des membres de la Horde si je le ramenai pour dîner.

- Est ce vous qui provoquez autant de bruit?
- Oui, cela vous dérange, étranger ? Sifflai-je.

Je m'arrêtai et souleva un nuage de neige qui se dissipa avec le vent. Les flocons redoublèrent et tombèrent. On aurait dit qu'ils n'étaient pas prêt de s'arrêter de tomber du ciel.

- Je suis Alweda, j'espère que tu as une bonne raison de venir me voir... Grognai-je encore plus fort. C'est dangereux ces derniers temps, vous saviez ? On ne sait jamais sur qui on peut tomber...

Le fixant avec méchanceté, je ne cherchai pas un combat, mais juste à l'impressionner. Les loups devaient apprendre à craindre la Horde toute entière.

Tybalt s'avançait derrière le loup étranger qui avait baissé sa garde. Mon compagnon de Horde le salua froidement tout en me faisant une remarque sur le bruit que je faisais. Mon entraînement était donc si bruyant ? Je souris en moi-même, mais répondis à Tybalt par une grimace, mais repris mon attitude froide quand je reposai mes yeux sur l'étranger.

- Bonjour. Il nous scruta, cherchant certainement une information particulière dans notre regard ou nos gestes. Vous faîtes partis d'une meute ?

Je ricanai doucement, heureuse qu'il ait posé cette question. Il connaissait la réponse, je le savais, et je n'allais pas lui répondre, pas directement.

- Si on peut appeler ça commence ça... Mais tu le sais, étranger, je n'ai pas besoin de t'en dire d'avantage, sauf si mon acolyte le veut bien. Je lançai un rapide coup d'œil à Tybalt, attendant sa réaction.