Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
lle était ici, elle s'en souvenait désormais, elle savait qu'avant elle y était passée, qu'elle y avait vécu temporairement, qu'elle y avait connu les pires années de sa vie, c'est cela qu'elle avait ressentit en posant sa première patte à l'intérieur de l'usine. Ici elle avait été abandonnée et des hommes l'y avaient trouvé mais ensuite c'était le trou noir, elle ne savait plus où cela l'avait mené mais ce qui était sûre, et confirmée, c'est qu'elle s'en était sortie. Des voix commençaient à se faire entendre dans une pièce où une espèce de lueur en ressortait, de la lumière, les hommes passaient donc tout simplement encore ici. Elle n'y avait pas réfléchit deux fois avant de faire demi-tour et de longer l'extérieur, elle savait que si elle suivait son envie de savoir cela la perdrait.
Les cheminées des bâtiments laissaient échappées une épaisse fumée noire qui aurait presque pu remplacer les nuages gris du ciel. La neige tombait encore, mais cette fois en masse, le sol qui était autrefois couvert de cendre en était désormais la proie. Dessus on pouvait y voir les détours qu'avaient entrepris notre louve pour arriver là ou elle était. Entrouvrant sa gueule elle humait l'air, cherchant des restes d'animaux, toutes les occasions étaient bonne pour ramener de quoi nourrir les siens tout simplement ! Mais ici, à part cette odeur âcre, il n'y avait rien de plus ce qui décevait grandement notre louve qui reprenait alors son exploration. Ne s'attendant pas à cela, oui à ce coup de feu qui venait de retentir au loin, elle fut prise d'un sursaut et par reflex s'était tout simplement cachée derrière les poubelles. Qui avait été la victime de ce coup de feu ? Elle ne voulait pas le savoir, là pour le moment tout ce qui l'intéressait c'était elle et la pression qu'elle se mettait en s'aventurant dans les terres humaines.
Secouant alors sa tête, elle venait de monter dans un camion abandonné. Une odeur de mort lui avait agressé les narines, elle n'était pas très présente mais assez au goût de la louve qui venait de reculer et de tourner la tête en arrière car une poubelle venait d'être renversée. Il y avait quelqu'un qui l'observait et ce n'était pas un homme, même si la "chose" en question n'avait pas été très discrète elle semblait douée pour ça, oui pour observer et ne pas se faire voir. Faisant comme-ci elle ne se doutait de rien elle reprenait son trajet, mais cette fois elle se dirigeait vers quelque chose de plus dégagé pour ne pas se faire attaquer en traitre. C'était l'endroit idéal ce grand chemin qui servait autrefois de route, elle s'y aventurait alors quelques instants, laissant croire qu'elle était décidée à y aller. Se retournant par la suite assez rapidement, elle espérait l'avoir piégé et pouvoir l'apercevoir enfin.
+ gains du chaudron Force : 11 Agilité : 12 Endurance : 12
Une rencontre "improvisée"
Paraîtrait qu'au Sud, il fait encore suffisamment chaud pour trouver certaines proies. Alors, déterminé à ramener de quoi nourrir ma soeur et moi, j'ai filé de ma tanière à l'aube pour dénicher quelque chose à manger avant ce soir. C'était sans compter sur les humains. J'ai débarqué dans un endroit que je ne connaissais pas, et me voilà en proie à de violentes nausées tant l'odeur est nauséabonde, dans les parages. Je renâcle à plusieurs reprises, j'essaie de garder le museau près du sol pour échapper aux effluves ignobles qui volent autour de moi, mais rien n'y fait. Toute la fumée qui s'échappe des constructions humaine semblent se donner un malin plaisir en redescendant immédiatement vers le sol pour venir m'empoisonner, plutôt que de s'élever obstinément vers les cieux. Je souffle, et mes oreilles pivotent sans cesse dans tous les sens. J'entends des sons, des bruits de cordes vocales actives, des résonnements de pattes sur le bitume. Nul doute que je ne suis pas seul, et mes compagnons d'infortune sont visiblement des humains. J'en aperçois, à une centaine de mètres, et eux ne m'ont pas repéré dans le brouillard épais. Une chance pour moi. Je les entends vociférer des mots incompréhensible dans mon langage, mais je n'ai pas la folie de croire que ce sont des banalités. Tout ce qui vient des bipèdes est dangereux, et je me méfie d'eux comme d'une maladie. Je m'apprête à filer en douce en longeant un mur, quand une détonation retentit.
Pris de panique, je détale. Repéré, je suis repéré. Il me faut fuir à toutes pattes. L'adrénaline court dans mes veines et me permet de disparaître rapidement de leur champ de vision. Il ne m'auront pas, j'ai une famille à faire vivre et je n'ai pas l'intention de l'abandonner maintenant. Je lâche des jappements pressés, il me faut trouver une cache rapidement, avant que le brouillard ne se lève et ne mette mon corps à découvert. Je trouve refuge derrière de gros blocs sombres qui sentent les déchets humains, et je m'y tasse comme je peux pendant de longues minutes. Alors que la tension retombe, je commence à souffrir de la cuisse droite et je commence à lécher avidement le sang qui s'en écoule. Ces idiots m'ont touché, je n'ai pas été suffisamment rapide. Malheureusement pour moi, je vais devoir trouver Rake Mâar très vite pour qu'elle me trouve un moyen rapide de guérir. Je ne pourrais pas protéger ma soeur et servir Skull dans cet état. Après de longues minutes à ne pas bouger, je sens une odeur inconnue qui se rapproche. Surpris, je recule vivement pour me faire plus discret mais c'est raté, une benne tombe avec fracas. Je me décale pour me cacher derrière une seconde poubelle, et j'observe l'intruse blanche que j'ai fait sursauter, se faufiler dans un gros truc humain. Je l'observe longtemps, humant ses effluves d'Esobek, me demandant si je ne me mettrais pas davantage en danger en attirant son attention sur moi. Elle s'éloigne finalement, et je la regarde faire sur plusieurs mètres. Elle se dirige en terrain découvert, et c'est dangereux. Je voudrais gronder ou aboyer pour la prévenir, mais ma voix attirerait les bipèdes et nous mettrait en danger tous les deux. Je décide alors de sortir de ma planque pour la rejoindre aussi vite que possible, mais à cause de ma patte blessée je n'ai pas le temps de l'atteindre, elle s'est déjà retournée vers moi. Apparemment, elle m'avait déjà repéré.
- Tu n'devrais pas rester là, les humains rodent.
Ce n'est pas dans mes habitudes de venir en aide à mes semblables, d'autant plus que j'ai en ce moment plus besoin d'aide qu'elle, mais je ne me voyais pas laisser mourir cette boule de poils sous prétexte qu'elle ne fait pas partie des miens. Je grimace de douleur mais ne laisse rien apparaître, de sorte qu'elle ne me pose pas de question. Trop fier pour demander de l'aide, je préfère encore ramper jusqu'à la forêt et trouver Rake Mâar par mes propres moyens, plutôt que de me soumettre devant une parfaite inconnue et la supplier de sauver ma peau. Si je dois mourir, je me suis toujours promis que ce serait en combattant pour défendre mes idéaux.
était un grand loup au pelage particulièrement "brun", ses yeux étaient d'autant plus bizarres, ils étaient violets ce qui venait donc d'interpeler la louve rousse qui continuait de le détailler au fur et à mesure qu'il se dévoilait. Le loup en face sentait le sang, et effectivement une plaie était visible à sa cuisse, c'était donc lui la victime du coup de feu, il avait survécu et cela était déjà un miracle, en général les bipèdes abattent un loup en un seul tire, surtout si ils le réussissent. Cherchant alors à coller une meute à cette nouvelle tête, elle venait de se rendre compte que son odeur lui était particulièrement inconnue et qu'aucunes autres semblaient lui correspondre, il était donc à ses yeux un simple solitaire, elle espérait tout simplement qu'il ne se jette pas sur elle comme l'avait fait l'autre imbécile auparavant.
- Tu n'devrais pas rester là, les humains rodent.
Le stress de la louve venait de disparaitre, il ne lui voulait pas de mal, du moins c'est comme ça qu'elle interprétait la chose. Mais une question venait de naître dans son esprit, pourquoi se préoccupait-il d'elle ? Il aurait pu la laisser partir et surtout aller s'occuper de sa plaie qui commençait à beaucoup saigner. Elle devrait peut-être l'aider, mais avant de tenter quoique ce soit savoir si il voulait-être aidé. Car en cas contraire elle ne ferait rien, enfin en même temps que pouvait-elle bien faire ? Elle n'était pas guérisseuse, donc cela risquait d'être problématique. S'asseyant alors non loin du loup, tout de même à une distance raisonnable, elle regardait les alentours priant pour que les humains ne l'aient pas suivit.
-Oui merci, je le sais bien, cependant vous devriez partir, je ne voudrais pas vous voir vous vider de votre sang devant moi.
Plaquant quelques instants ses oreilles elle appréhendait la réaction du loup, elle ne le connaissait pas du tout, et elle ne l'avait jamais aperçu avant, il lui était donc parfaitement inconnu. Mais elle était sûre d'une chose, c'est que vu son état il ne songerait logiquement pas à l'attaquer, du moins si ce loup était logique. Car entre les Sekmets qui venaient volontairement provoquer l'alpha de la meute Esobek, sur les terres Esobeks et les Solitaires qui agressaient sans raison les inconnus en terres libres, il y en avait des loups qui n'étaient pas logiques et fonçaient tête baissée. D'ailleurs elle se demandait comment ils faisaient pour être encore en vie, surtout dans ce monde apocalyptique qu'était le leur.
La jeune femelle qui, après que le brouillard se soit légèrement désépaissit, se révèle en fait être d'un roux crême particulièrement clair, s'approche de moi, plus confiante que lorsque je l'ai abordée. Elle a raison de se méfier, je lui accorde un point pour ne pas être naïve comme pas mal de jeunes loups dans les parages. Certains qui se jettent dans la mêlée sans réfléchir, ou d'autres qui pensent que toutes les bêtes à poils et à crocs sont leurs amis. Elle, semble réfléchir un moment avant de marcher vers moi, et même lorsqu'elle s'approche elle garde une quelconque distance de sécurité entre nous. Une bonne chose pour elle, mais aussi et surtout pour moi qui suis blessé et donc pas en mesure de combattre, même une jeune femelle comme elle. Je soupire légèrement, cherchant sur ses poils une éventuelle trace de la Horde qui me prouverait qu'elle est entrée en contact avec l'un des nôtres récemment. Rien ne vient, elle est une inconnue parmi tant d'autres.
- Oui merci, je le sais bien, cependant vous devriez partir, je ne voudrais pas vous voir vous vider de votre sang devant moi.
Elle reste méfiante et elle a raison. Un loup blessé n'est pas un loup mort, et ma détermination ne s'est pas affaiblie avec les années. Si je me sais en danger, je n'hésiterais pas à porter des coups, au risque d'aggraver mon cas, pour tenter de m'en sortir. A situation désespérée, solution désespérée, comme on dit. Je m'approche d'elle en veillant à maintenir ma patte au-dessus du niveau du sol, instinct de survie oblige.
- Je n'ai pas l'intention de crever ici, on m'attend ailleurs.
Je la regarde encore un moment, mais après tout nous ne sommes pas du même monde et tout comme la situation n'est pas appropriée, la jeune femelle n'a pas l'air encline à papoter. Et puis moi, ben j'suis moi. Sa vie ne me concerne pas. Si elle a des choses à faire ici ou si elle veut juste traîner dans les parages, ça ne me concerne pas. Je lui tire un clin d'oeil prétentieux, pour montrer que ce n'est pas une blessure humaine qui aura raison de moi, et je file en direction des sous-bois sans même me demander si elle va me suivre ou non. Ca ne me concerne pas, et je m'en fiche pas mal. Tout ce qui m'importe, c'est la vie de ma soeur. Et pour elle, je dois guérir au plus vite de cette mésaventure, ou je risque de l'abandonner aux ordres de Skull, et cette perspective m'est intolérable.
l l'observait, elle sentait son regard parcourir son pelage. Que cherchait-il ? Peut-être à savoir qui elle était ce qui quelque part semblait-être logique car elle en avait fait de même. Le silence c'était rapidement installé, en même temps c'était deux inconnus qui se rencontraient, que pouvaient-ils se dire ? Surtout en ces lieux qui étaient des plus dangereux, heureusement les hommes n'avaient pas suivit le loup blessé, sinon elle n'aurait pas pu l'aider. Les Hommes étaient très dangereux et surtout bien armés, trop pour qu'un loup puisse faire quoique ce soit contre eux... C'était injuste, mais le monde l'était.
- Je n'ai pas l'intention de crever ici, on m'attend ailleurs.
Il s'était approché d'elle, doucement, gardant sa patte au dessus du sol, il avait comme tout ses congénères un instinct de survie très développé, et l'attaquer aurait été stupide sachant qu'il se serait bien défendu même blessé. Il n'avait donc pas l'intention de crever ici, comme elle d'ailleurs, mais qui pouvait bien l'attendre ? Sa meute ? Mais le soucis c'est qu'elle ne voyait pas de qu'elle meute il pouvait bien s'agir. Alors qu'elle allait tenter de poser sa question, après l'avoir longuement fixé le loup brun s'était éloigné dans la forêt sans même l'attendre, cependant son clin d’œil avait fait naître une envie d'en savoir plus sur lui chez notre rousse qui l'avait donc suivit.
-Hey attend !
Elle espérait qu'il s'arrêterait un moment pour qu'elle puisse lui demander si elle pouvait faire un bout de chemin avec lui, histoire de le remercier au passage. Après tout c'était rare qu'un loup qui n'était pas de sa meute tente de l'aider, les autres l'auraient tout simplement attaqués. C'était cette différence, aussi minime soit-elle, qui montrait qu'au fond celui-ci n'était pas mauvais, et des loups ainsi ce n'étaient pas dans tout les coins de la forêt qu'elle en croiserait. Peut-être allait-il tout simplement lui dire que non, cela n'était pas possible, ou qu'il ne voulait pas "taper la causette" mais au moins elle lui dirait merci.
J'atteins le sous-bois le plus rapidement possible, et le visage face à la forêt protectrice, je laisse apparaître sur mon visage une grimace de douleur. Il me faudra hurler pour localiser Rake Maâr, mais rien ne me dit qu'il ne me faudra pas traverser beaucoup de terres avant de la rejoindre. Je suis un loup borné et je sais que pour survivre, je pourrais parcourir des kilomètres et des kilomètres. Mais je n'en suis pas moins fortement handicapé pour me déplacer, avec une patte devenue invalide. La douleur se répand dans ma cuisse et le muscle est douloureux, tout autant quand j'actionne le muscle pour élever ma patte que quand je la pose au sol pour m'appuyer dessus. J'ignore combien de temps j'ai avant de voir la plaie s'infecter et devenir réellement un danger pour ma vie. J'ignore tout autant si le projectile lancé par la détonation est resté dans ma chair ou s'il n'a fait que brûler ma peau en passant. Seule ma compagne Hordienne saura voir ce genre de détail et me donner un diagnostic. C'est pourquoi j'ai déjà oublié ma rencontre avec la jeune louve, et c'est pourquoi je file déjà entre les arbres avec un nouvel objectif.
- Eh Attends !
Sa voix m'intime de m'arrêter, mais je n'en fais rien. Moi dans cet état, et elle dans le sien, elle n'aura aucun mal à me rattraper rapidement puisqu'elle a, contrairement à moi, la possibilité de courir. Je continue de clopiner, même si mes oreilles sont plaquées vers l'arrière à l'écoute de son pas se rapprochant de moi. Après tout, plus vite elle m'aura rejoint et plus vite elle sera sous le couvert de la forêt, moins en danger que sur les terres des hommes. C'est tout bénéf' autant pour elle que pour moi. Bientôt, la voilà à mes côtés. Si je me fiche pas mal de l'existence de mes semblables, je me dis aujourd'hui que la présence d'une inconnue, si elle pouvait s'avérer être une louve bavarde, pourrait détourner mon attention de la douleur qui irradie mes membres. Je lui lance un regard en coin, elle semble avoir quelque chose à dire mais je sens l'hésitation planer autour d'elle, probablement cherche-t-elle ses mots. Je lâche un léger soupire, comme un adulte agacé par la timidité de son petit. Je n'ai pas pour habitude de surveiller mon langage ou même de faire attention à ce que je dis. Il n'est pas non plus dans ma nature de réfléchir trois heures avant d'oser ouvrir la gueule. C'est pourquoi, d'une voix grave mais sans agressivité, je l'intime d'en venir aux faits.
l ne s'arrêtait pas, mais le boitillement léger qu'il avait permettait à la louve de le rattraper assez rapidement. Une fois derrière ses talons elle réfléchissait à comment formuler sa phrase, à comment lui demander ça... Ça se faisait pas, du moins en général de demander ça à un inconnu. Mais elle n'allait pas le laisser seul dans la forêt surtout dans cet état avec la Horde qui rôdait, elle voulait au moins faire un bout de chemin avec lui, c'était mieux qu'être seul dans les deux cas non ?
- Allons, si tu veux parler, fais-le sans détour.
Voilà qui était dit, il perdait sûrement patience, ce qui était compréhensible vu le temps qu'elle mettait à sortir un mot. Si il voulait qu'elle parle au moins elle n'allait pas être envoyée balader par ses questions qui étaient généralement liées à sa curiosité, elle allait donc se lancer en lui demandant d'abord si elle pouvait faire un bout de chemin avec lui, et ensuite comment il se nommait, c'était un bon début aux yeux de la louve. Demander le nom d'une meute tout de suite était trop indiscret et en énervait généralement plus d'un.
-Je voulais savoir si ça te dérangeais que je fasse un bout de chemin à tes côtés.
Son ton de voix n'avait pas été agressif, ce qui montrait en soit que la louve n'était pas un "monstre" comme la majorité dans cette forêt. Puis au pire si il refusait elle rentrerait seul, ce n'était pas elle qui risquait le plus gros étant donné qu'elle n'était pas blessée. Ils s'enfonçaient donc dans les profondeurs de la forêt qui s'annonçaient être relativement blanches grâce à cet épais manteau qu'était la neige, cela mettait un peu de beauté dans ce décors qui avait pratiquement tout perdu, la louve rousse quant-à elle attendait patiemment une réponse de la part du brun.
La jeune femelle me rappelle vaguement la louve qui occupe mes pensées depuis quelques semaines. A la différence près que l'une est Esobek et pas l'autre. Et puis il faut dire qu'hormis le pelage immaculé, elles n'ont pas grand chose en commun. A y réfléchir, je me demande même pourquoi j'ai fais le rapprochement, puisqu'elles sont vraiment très différentes. Oui, mais le pelage, c'est une chose que l'on remarque forcément. Alors, probablement, tous les loups blancs se ressemblent. Quoi que celle-ci, cette jeune louve, n'est pas si blanche que ça, finalement. Hm... Une réflexion inutile, dans une vie ennuyante. Voilà ce qui rythme mon quotidien, ces derniers temps. Lorsqu'enfin, l'inconnue daigne me faire part de ce qui la travaille, elle m'annonce qu'elle espérait faire un bout de chemin avec moi. Je ne l'avouerais jamais, mais sa demande m'arrange bien, je n'avais aucune envie de faire la route seul, même s'il me faudra rapidement me débarrasser de sa présence pour pouvoir appeler Rake Maâr pour me filer un coup de patte.
- Je voulais savoir si ça te dérangeais que je fasse un bout de chemin à tes côtés.
- Pas le moins du monde.
Et machinalement, je répertorie dans ma tête les différentes informations que je pourrais partager avec elle si la discussion venait à tourner autour de certains sujets. Certainement pas l'existence de ma soeur, déjà, et encore moins mon appartenance à la Horde. Il semblerait que si les meutes nous craignent, c'est justement parce que personne ne sait vraiment qui fait partie de ces assassins sans foi ni lois qui se baladent sur les terres en toute impunité. Je ne peux pas non plus révéler l'emplacement de ma tanière, parce que ce serait mettre Kaya en danger. A y réfléchir, moins je lui parlerais et mieux ce sera. Je m'arrange pour qu'elle se porte à ma droite, afin que je puisse garder mon oeil valide posé sur elle et que je sois en mesure de répondre en cas d'attaque de sa part. On est jamais trop prudent, surtout face à un loup inconnu. Je suis bien placé pour savoir qu'une simple discussion peut rapidement tourner mal, et parfois même finir en carnage sanglant.
n vérité elle n'aimait pas ce coin là de la forêt, du moins de ce qu'on pouvait encore appelé une forêt. Cela lui rappelait les mauvais souvenirs qu'elle avait eu en croisant deux Hommes. Tout d'abord, elle était allée sur la plage, elle aimait bien cette plage... Avant. Puis ils l'avaient poursuivit pour s'en prendre à elle, à ce moment là elle ne pensait pas pouvoir s'en sortir vivante, et pourtant elle avait réussit. Marchant au côté du loup brun, elle observait les alentours s'attendant de voir surgir à tout moment un homme portant un horrible masque et n'avait pas fait attention au fait que son compagnon de route faisait en sorte qu'elle se trouve à sa droite.
-Pas le moins du monde.
Bon l'avantage c'est qu'elle ne le dérangeait pas, peut-être que quelque part cela l'arrangeait qu'elle lui propose cela, sûrement même. Il faisait partit des loups qui se montraient "forts" devant les autres, ils cachaient leurs failles, du moins c'est comme ça qu'elle le voyait, lui. Si c'était véritablement son cas il avait du vivre quelque chose d'assez dur pour agir de la sorte par la suite, ou il était tout simplement très méfiant et prudent, ce qui était ici une qualité. Car les insouciants ne vivaient généralement pas longtemps.
-Et... Si ce n'est pas trop indiscret, que faisais-tu dans le coin ? Enfin, chez les Hommes ?
Elle voulait savoir par là pourquoi les Hommes lui avaient tirés dessus, pourquoi il était dans les environs, pourquoi il l'avait suivit. Mais elle devait y aller petit à petit si elle ne voulait pas le froisser, et le bombarder de question alors qu'ils allaient bientôt approché de la limite, l'endroit ou elle comptait le quitter, n'était pas judicieux. Au pire des cas elle le recroiserait peut-être non ? Comme cette louve au visage "masqué", une solitaire, qu'elle avait rencontré sur les terres des siens.
- Et... Si ce n'est pas trop indiscret, que faisais-tu dans le coin ? Enfin, chez les Hommes ?
C'est là une très bonne question. Après tout, je ne me suis pas levé ce matin en me disant que j'avais bien envie d'aller mourir des mains d'un bipède psychopathe. Non, en fait je me suis réveillé avec une faim de loup, et même si Kaya refuse de me dire que notre qualité de vie est basse, je sais bien que les gargouillements dans notre tanière n'appartiennent pas qu'à mon seul estomac. Elle aussi, elle a faim, et l'hiver qui naît lentement sur les terres raréfie la nourriture et complique davantage notre survie à tous les deux. Pour cette saison, je crois bien que nous devrons bientôt nous résigner à prendre quelques proies dans les réserves de la Horde. Ca m'ennuie fortement, mais si je ne veux pas perdre ma soeur avant le printemps, je n'ai pas d'autre choix que de ravaler ma fierté et accepter le peut d'entraide venant de la meute sauvage dans laquelle j'ai poussé ma petite soeur il y a de cela plusieurs semaines.
- J'étais venu en quête d'un peu de nourriture, j'ai cru sentir l'odeur d'un passage de chevreuil, mais j'ai perdu la trace du troupeau en arrivant près de cet endroit infâme. Et les odeurs répugnantes qui sortaient de là m'ont fait perdre ma propre piste.
Reste plus qu'à espérer qu'elle ne fasse pas le rapprochement de trop. J'observe les environs, je hume les effluves qui tournoient autour de nous et je cherche le présence éventuelle d'un danger ou d'un membre de la Horde. Si l'un des miens me croise ici avec une Esobek, je n'aurais pas d'autre choix que de la mettre à mort s'il en éprouve l'envie. Après tout, notre première cible est sa meute, alors si nous pouvons éliminer quelques membres séparément avant le carnage officiel, nous ne devons pas nous en priver. Ce sera toujours ça de gagner sur la meute, lorsque nous l'attaquerons. Quoi qu'à l'heure actuelle, je n'ai pas l'intention de me joindre au combat. Pour moi, tenter d'abattre une meute soudée comme les Esobeks avec seulement quinze loups, aussi sadiques soient-ils, est loin d'être une bonne idée. Si Skull voulait avoir une chance, il lui faudrait bien des alliés parmi les ennemis, et je doute qu'en si peu de temps elle ait put rallier à sa cause suffisamment d'Esobeks.
- Et toi alors, qu'est-ce que tu faisais là ? Tu ne m'avais pas l'air en chasse, quand je t'ai vue.
ela faisait un beau quart de journée qu'ils marchaient, le loup qui était donc à sa gauche était salement blessé, par qui comptait-il se faire soigner ? Il devait soit avoir de bonnes relations avec l'une des deux meutes, soit il connaissait un guérisseur ce qui n'était pas impossible et préférable pour lui. Dressant alors ses oreilles elle avait cru entendre quelqu'un d'autre, mais ce n'était qu'un pauvre moineau qui devait sans doute chercher des graines, ou même des petites tiges pour l'hiver. Les oiseaux avaient une vie facile, enfin si elle la comparait à la sienne.
- J'étais venu en quête d'un peu de nourriture, j'ai cru sentir l'odeur d'un passage de chevreuil, mais j'ai perdu la trace du troupeau en arrivant près de cet endroit infâme. Et les odeurs répugnantes qui sortaient de là m'ont fait perdre ma propre piste.
Donc c'était la faim qui le tenaillait qui l'avait mené ici, c'était un risque qu'ils prenaient tous lorsque la chasse était chose difficile. Mais pour attraper un chevreuil en étant seul il fallait-être doué, et ce loup devait donc l'être ou alors il n'aurait eu aucune chance. Cependant le mot "troupeau" l'interpelait, que faisait un troupeau de chevreuil aussi proche des terres des Hommes ? Bonne question, peut-être se mettaient-ils a les enfermer comme les autres bestioles qu'ils pouvaient avoir.
- Et toi alors, qu'est-ce que tu faisais là ? Tu ne m'avais pas l'air en chasse, quand je t'ai vue.
Effectivement, elle n'était pas en chasse, elle était ici pour raviver sa mémoire. Elle avait besoin de comprendre certaines choses, elle voulait savoir pourquoi elle avait perdu si soudainement toute cette partie de ce passé qui était le sien, qui devait lui être si cher, qui lui permettait de savoir qui elle était réellement... Son instinct l'avait guidé ici, et en arrivant dans les lieux elle avait eu une espèce d'illumination, lui prouvant qu'elle y était bien allée auparavant. Mais elle ne pouvait pas se risquer de dire toute la vérité à cet inconnu.
- J'étais venue ici pour explorer, je suis curieuse et ces êtres que sont les Hommes m'intrigue., elle faisait une pause avant de reprendre, j'aimerais les comprendre même si cela relève de l'impossible, mais au moins ça m'évite d'avoir une vie maussade, ne pensez-vous pas ?
Elle s'était arrêtée quelques instants avant de reprendre sa marche, il allait sûrement la juger, comme ils le faisaient tous de toute façon, après le jugement variait seulement. Soit il était négatif soit positif ou alors entre les deux, c'est à dire neutre. Mais se faire une idée aussi rapide sur un être n'était pas conseillé, car il fallait apprendre à le connaitre avant de se permettre de le juger. Seulement, tous ne pensait pas ainsi, tel était le fonctionnement de ce monde.
- J'étais venue ici pour explorer, je suis curieuse et ces êtres que sont les Hommes m'intriguent.
Les hommes ... Ces êtres vils et cruels qui n'ont pas la moindre utilité, hormis celle de détruire leur propre monde et le nôtre avec, puisque nous sommes depuis la nuit des temps, obligés de le partager avec eux. Si j'en avais l'occasion je jetterais tout bonnement chacun d'eux dans un volcan en éruption pour nous débarrasser définitivement de cette espèce nuisible. Après tout, vu tout ce qu'ils ont fait de notre Terre Mère, ils ne mériteraient rien de plus que cette mort atroce, immolés dans leurs propres cendres. Malheureusement pour moi, je n'ai pas le pouvoir de subvenir à mes rêves les plus fous, et il me faudra probablement assister aux carnages humains jusqu'à la fin de ma vie. A y réfléchir, quand on voit ce que font les humains de notre monde, il y a de quoi couper toute envie de procréer à un loup fait de bon sens. Mais après tout, l'instinct de préservation est plus fort que la réflexion et même si nous sommes voués à faire naître nos descendants dans la mort, nous le ferons.
- J'aimerais les comprendre même si cela relève de l'impossible, mais au moins ça m'évite d'avoir une vie maussade, ne pensez-vous pas ?
Que cela relève de l'impossible ? Et pas qu'un peu. Ces créatures ne sont pas compréhensibles, à commencer par la simple et bonne raison qu'ils ne se comprennent même pas eux-même. Nous, au moins, nous savons des codes de communication propre à notre espèce, et quelque soit notre meute d'appartenance nos sommes capables de nous comprendre les uns les autres. Eux, s'ils ne se connaissent pas depuis longtemps déjà, ne sont même pas aptes à s'entendre. J'ai déjà pu observer des humains que rien n'opposait et dont les attitudes n'étaient clairement pas portées sur le conflis, se jeter les une sur les autres d'un seul coup, sans avoir montré le moindre signe de mise en garde. Je lâche un léger grognement, méprisant quant à son envie d'en apprendre plus sur eux.
- Tu sais, je pense que perdre son temps n'est pas à proprement dit "rendre sa vie moins monotone". Tu te convaincs seulement du contraire, mais rien ne porte à croire qu'elle ne l'est pas autant qu'une autre.
lle continuait de trotter aux côtés du loup, à vrai dire il l'intriguait mais lui inspirait aussi quelque par la crainte. Il était assez mystérieux, trop au goût de notre louve rousse. Effectivement il ne parlait pas beaucoup et lui laissait mener la conversation, avait-il quelque chose à cacher ? Sûrement en même temps ils cachaient tous quelque chose, la seule exception c'était que certains étaient plus doués que d'autres. Dans son cas à elle, elle n'avait pas réellement besoin de cacher ces choses étant donné qu'elle ne s'en souvenait tout simplement plus, cela avait été rayé avec son passé.
- Tu sais, je pense que perdre son temps n'est pas à proprement dit "rendre sa vie moins monotone". Tu te convaincs seulement du contraire, mais rien ne porte à croire qu'elle ne l'est pas autant qu'une autre.
Il avait peut-être raison, peut-être qu'elle essayait tout simplement de se convaincre que cette vie n'avait pas un goût amer... Non, elle elle avait besoin d'apprendre à connaitre les Hommes car son histoire était véritablement liée à eux, et si elle voulait retrouver sa mémoire elle devait le faire, même si les risques encourus étaient assez graves, peu lui importait réellement. Et puis l'autre loup ne la connaissait pas, il lui disait tout simplement sa façon de pensée... Hors, elle, elle ne pensait pas de la même façon, pour elle tout être méritait qu'on lui porte un minimum d'intention, même si il s'agissait d'un Homme.
-Oui... Je vois, enfin nous sommes à la limite, je vais vous laisser faites attention à vous.
Ils étaient bel et bien à cette limite, celle des terres Sekmets, Plume allait malheureusement devoir passer par chez-eux pour rentrer chez-elle, mais elle savait se faire discrète et cela n'allait donc pas être un soucis. Car étant seulement de passage elle laisserait une odeur assez légère et donc discrète derrière elle. La seule chose à faire était donc de ne pas trainée, après avoir salué le loup brun elle filait alors, rentrant par la suite chez les Esobeks.
Nous marchons de longues minutes, côtes à côtes, tandis que j'écoute ses paroles sans jamais en prononcer une seule. Je donne mon avis de temps en temps, mais je veille systématiquement à garder le silence sur toute pensée qui pourrait devenir une information néfaste contre la Horde ou contre moi-même. Sur le chemin, ma truffe est toujours en suspens, cherchant la moindre trace d'un danger potentiel. Blessé à la cuisse, je n'ai d'autre choix que de me montrer extrêmement prudent, si je ne veux pas bêtement tomber dans une embuscade menée par de stupides Sekmets ou pire, par des hommes. La jeune femelle, dont finalement je réalise que je n'ai pas appris le nom au cours du chemin que nous avons déjà parcouru ensemble, m'a l'air de ne pas partager mon avis méprisant sur les humains. Dans son regard, je vois bien qu'elle est intriguée par leur existence. J'ignore ce qui peut la motiver à leur porter un tel intérêt, mais nul doute que pour elle, apprendre à les connaître relève d'une science importante et nécessaire.
Au fil de nos pas, je reconnais des odeurs plus ou moins familières. Il semblerait que des troupeaux de toutes créatures soient passées par là, et mêmes quelques bipèdes bruyants et puants. Aucun de nous ne fait la moindre remarque sur ces différents effluves, mais personnellement je suis gêné par la puanteur du chemin que nous empruntons. Pourtant, je ne fais pas le moindre commentaire. Pour arriver jusqu'à Rake Maâr, j'ai plutôt intérêt à emprunter le chemin le plus court, et ce n'est pas en faisant le difficile quand aux odeurs que je côtoierais jusqu'à elle, que je resterais en vie une nuit de plus. Je me contente d'ignorer toutes ces particules odorantes nauséabondes qui flottent dans l'air, et tâche de me concentrer sur l'odeur Esobek que porte ma jeune compagne de route. Je préfère de loin l'odeur d'une Esobek à celle d'un Sekmet ou d'un bipède. Bientôt cependant, les traces de ma meute natale se font plus fortes et les odeurs, plus nombreuses bien que semblables entre elles. Nous arrivons à la frontière qui sépare les terres libres des territoires de mon ancienne famille.
- Nous sommes à la limite, je vais vous laisser. Faites attention à vous.
Je pense qu'il est dangereux pour une Esobek, de traverser le territoire de leur meute rivale à cet endroit. Mais elle semble sûre d'elle, et je n'ai ni la force, ni le temps de me préoccuper du sort d'une parfaite inconnue. Alors j'acquiesce poliment, et je la salut d'un signe de tête avant de la regarder s'éloigner en trottant, se fondant dans le paysage sauvage. Après que son pelage crème ait disparu de ma faible vue, je fais demi tout sur moi-même et je prends d'assaut la route qui me mènera à Rake Maâr. Plus vite je trouverais un endroit d'où je pourrais la localiser, et mieux ce sera. C'est en réfléchissant à cette étrange rencontre que je disparaît à mon tour, ombre clopinant parmi les ombres immortelles, et je passe les heures qui suivent à rechercher l'aide d'un membre de ma meute, afin de ne pas succomber si bêtement à la vile blessure portée par un humain lâche qui n'a pas eu le cran de m'affronter au corps à corps.