Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 FINI - Un étranger ... Ou pas

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Mer 26 Nov - 17:32

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Agilité : 11
Endurance : 10



Un étranger ... Ou pas




Ca y est, le temps s'est refroidit et les terres se recouvrent peu à peu de givre par endroits. Je m'extirpe de sous une roche, cela fait deux jours que je suis en chasse et que je n'ai pu me mettre sous la dent qu'un maigre lièvre et une belette déjà en partie dévorée par les corbeaux et autres charognards. Je grince des dents tant je suis agacé et fatigué par cette tâche qui m'incombe. Mais cette fois, il n'est pas question que je rentre les mâchoires vides, et hors de question également que je ramène pour seule nourriture une brebis lâchement volée aux humains. Cette fois-ci, je vise une proie bien plus imposante, et même si elle me sera très difficile à ramener jusqu'à ma tanière, je prends le risque. Les bêtes ont commencé à migrer vers les territoires les plus chauds, et j'ai repéré un troupeaux de daims filant à travers bois, qui se dirigeait vers les terres Sekmet. Peu importe mon animosité envers toute cette meute, peu importe le danger dans lequel je me mets en traversant leurs terres. Je dois me nourrir, et je dois nourrir ma famille. Si je dois mettre ma vie en jeu pour ramener de la viande, je le ferais. Plutôt mourir au combat, que mourir faible et esseulé. Cela fait deux jours que je traque sans répit l'avancement du troupeau, deux jours que je les observe et que je cherche parmi tous la présence d'un individu blessé ou trop fatigué pour suivre l'allure des autres. J'ai remarqué la lenteur d'un gros animal, et à l'odeur qu'il porte il est certainement parmi les plus âgés. Une bonne proie, mais pour la qualité de la viande que j'en tirerais, je préfère me rabattre sur un tout jeune, probablement issu d'une mise-bas tardive. Sa mère sera difficile à contrer, car les femelles allaitantes ont un instinct de protection particulièrement développé. Mais je sais me battre, et j'ai appris à me méfier autant des sabots que des bois de ces animaux.

Je me mémorise avec force tous les entraînements vécus avec mon père. Lorsqu'il venait à nous avec l'odeur d'un lapin, il nous faisait courir en effectuant de brusques virages dans tous les sens, des dérapages, des demi-tours. Il nous mordait et attrapait notre échine pour nous faire comprendre comment suivre et où mordre. Il nous a appris à veiller toujours à la distance qui séparait nos têtes des pattes postérieures des herbivores. C'est qu'ils ont une force phénoménales dans l'arrière-train, ces fourbes ! Pour les daims, il a procédé de la même manière. Il s'approchait de nous en portant l'odeur de l'animal, et nous faisait courir sur deux à six kilomètres, selon notre âge et notre condition physique du moment. Il nous portait de violents coups de crocs si nous osions nous approcher de son derrière, pour nous montrer que les daims portent des coups de sabots qui peuvent nous être fatals. Il nous mordait si nous nous approchions de sa tête, simulant ainsi les bois dangereux que portent nos proies. Je connais la chasse aux daims. Même si à l'époque il nous apprenait à chasser à plusieurs et à combiner nos forces pour abattre notre proie, j'ai appris par la suite à me débrouiller seul. En partie grâce à ses entraînements durs et sans compassion, j'ai acquis une certaine débrouillardise pour laquelle je ne le remercierais pourtant jamais, trop fier pour oser accepter de devoir quoi que ce soit à ce loup qui a failli tout m'enlever, à savoir ma tendre petite soeur.

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Mer 26 Nov - 17:33


Un étranger ... Ou pas




Quand les humains nous observent chasser, ils pensent que nous attaquons un animal au hasard, le premier qui nous tombe sous les pattes. Mais, malgré cette stupide réflexion que la plupart des bipèdes a, il existe quelques-uns d'entre eux qui ont pris le temps, à une époque, de nous observer. Ils ont fini par comprendre que le premier assaut, celui que je porte à l'heure actuelle en fonçant droit sur le troupeau qui paissait tranquillement il y a encore quelques minutes, ne sert qu'à semer le chaos au sein de la horde. Ainsi, je repère la proie que je vais abattre. Je cherche à visualiser parmi toutes les bêtes, la mère et son petit trop jeune que j'ai déjà remarqué hier. Je contourne le bétail, les fait galoper à en perdre haleine. Je continue de courir autour d'eux, je les rabat, les fait virer de bord brusquement et coupe au travers de leur troupeau pour les affoler. Ainsi, paniquées, les bêtes ne réfléchissent plus aussi bien. Elles sont affolées, ne pensent qu'à fuit pour m'échapper. Dans la débandade, les plus faibles ne sont plus qu'une opportunité de m'éloigner des autres. Ils tentent de suivre mais n'y parviennent pas, et les petits, qui sont trop lents, sont alors séparés du reste du groupe avec pour seule protection, leurs mères. Je cherche encore de longues minutes, sur bien deux kilomètres pendant que toute la troupe s'agite et se percute tant l'affolement en leur sein est grand. Evidemment, ils cherchent encore mes complices. Ma seule présence les perturbe davantage que si j'étais accompagné. Un loup ne chasse jamais seul, aussi ils cherchent le reste du danger pour s'en protéger.

Rapidement, le jeune nouveau-né est écarté de la Horde avec sa mère qu'il suit du plus près qu'il peut. Les oreilles rabattues en arrière, il se laisse guider par l'adrénaline, elle-même transmise par sa propre génitrice. Cette dernière est tout autant maintenue en vie par la peur qui fait vibrer furieusement ses quatre membres sur la terre ferme. Je les suit de près, déterminé à tuer, la langue pendant de ma gueule par la motivation de la chasse qui prend doucement la forme d'un repas bien mérité. Je japperais presque d'excitation, si je n'étais pas aussi concentré sur ma tâche. Ce soir, hors de question que je rentre avec l'estomac vide, et encore moins que je ne ramène rien à ma petite soeur. Un kilomètre file sous mes pattes, puis un deuxième avant que je fasse un écart sur le côté lorsque les deux animaux freinent brutalement, le petit percutant sa mère de plein fouet. La femelle, farouchement déterminée à défendre sa progéniture, me fait face. Je m'arrête et l'observe, puis elle tourne sur elle-même à la recherche de mes complices. Inexistants. Je bondis sur le petit qui lâche un cri de douleur, et la mère abat ses sabots pour tenter de m'atteindre mais je reprends aussitôt mes distances et elle manque de peu son petit. Je lâche un jappement pour l'énerver et l'affoler davantage. Elle renâcle, me charge, et en un brusque écart de côté je fonds sur ma cible principale à laquelle je blesse l'épaule en écoutant ses geignements rauques. Elles sont à moi, et si la mère ne veut pas quitter son petit, elle mourra avec lui. C'est un peu prétentieux, mais j'ai bien l'intention de ramener au moins l'un des deux à ma soeur.

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Mer 26 Nov - 18:03


Un étranger ... Ou pas




Il m'aurait été beaucoup plus facile de tuer le jeune daim si sa mère avait suivit les autres dans la panique. Si un autre petit l'avait suivit elle au lieu de sa mère, elle se serait concentré sur la présence de l'inconnu en pensant être avec sa propre progéniture. Je n'aurais alors eu qu'a fatiguer ma victime pendant encore quelques kilomètres, et il serait tombé de lui-même en trébuchant, à un moment où il aurait tenté de se retourner pour voir si je le suivais toujours. Mais non, ma chasse n'est pas aussi facile. Je me retrouve avec une mère sur les pattes, et aucun loup pour me prêter patte forte. Je suis obligé de me débattre et de réfléchir à toute vitesse pour trouver le moyen d'éloigner la mère afin de pouvoir ensuite m'occuper de son petit sans être constamment harcelé par sa génitrice. La chasse ne fait que commencer, ce n'est pas tout de suite que je rapporterais à la tanière de quoi nourrir deux loups adultes avec des besoins comme ceux de Kaya et moi. Pourtant je suis réellement décidé à rentrer les mâchoires pleines, et ce n'est pas la peur farouche d'une mère protectrice qui vaincra la détermination d'un loup qui, lui aussi, à une famille à protéger et sur laquelle veiller. Six ans d'expérience, ce n'est pas rien. Ce n'est pas la première fois que je chasse des daims, et ce n'est pas la première fois que je fais face à une femelle furieusement convaincue qu'elle sauvera son petit des crocs mortels de l'ennemi.

A force de la harceler, de bondir sur elle et de repartir en trombe pour qu'elle me suive, je parviens à attiser suffisamment sa colère pour qu'elle me pourchasse sur plusieurs mètres. Si je n'avais pas été seul, mes compagnons auraient eu le temps de s'abattre sur le petit et de le mettre en pièces avant que la mère ne revienne à eux pour s'occuper de leur cas. Mais je suis seul, et à chaque fois que je me rapproche de ma cible sa protectrice me devance et se poste entre nous pour que je ne l'atteigne pas. La faim laissant lentement la place à l'agacement, je jette finalement mon dévolu sur la mère en me disant que si je la tue elle, ce ne sera certainement pas son bébé qui lui viendra en aide. Je la travaille au corps, mordant ses cuisses et ses jarrets en veillant à prendre du recul suffisamment vite pour ne pas prendre un violent coup de sabots. Je m'attaque à son arrière-train pour éviter les pattes avant guidées par sa vue, mais toujours de côté afin de fuir à temps les balancements des pattes postérieures. La nature fait bien les choses, et si elle pourvoit les proies d'armes de protection, elle donne également aux prédateurs de quoi parer ses armes pour se nourrir lorsque cela est nécessaire. Quand mes crocs se referment sur la chair de son flanc, je l'entends lâcher un grave son de détresse et je jubile en silence, bien décidé à ne pas lâcher prise. Elle se débat tant qu'elle peut, mais la fatigue lui monte rapidement au cerveau et bientôt elle se laisse tomber sur le sol, épuisée. Je m'en prends alors à sa gorge, que je tente d'atteindre entre deux coups de tête désespérés, jusqu'à ce que parvienne à y planter mes canines suffisamment profondément pour qu'elle ne puisse plus se débattre. Lentement, je sens la vie la quitter et avec une grande patience, j'attends qu'elle s'étouffe et rende son dernier souffle entre mes mâchoires puissantes.

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Jeu 27 Nov - 9:29


Un étranger ... Ou pas




Encore quelques faibles coups de pattes, de longues minutes qui s'écoulent, et ma proie s'immobilise entre mes crocs. Les yeux révulsés, la langue pendant à l'extérieur de sa gueule, la vie la quitte définitivement. J'ai gagné ce combat et je suis fier de constater l'ampleur qu'aura cette chasse sur les jours à venir. Cette fois, je pourrais rester plus longtemps sans chasser, et la viande que nous fournira cette femelle nous permettra de faire quelques réserves pour résister à l'hiver qui arrive à grands pas. Je lâche ma prise sur sa gorge et me relève, je suis essoufflé après avoir couru si longtemps derrière elle et m'être battu si furieusement contre sa détermination de mère. Son petit, esseulé, est condamné. Il n'a aucune chance de survivre sans elle et n'aura pas l'idée de rechercher le reste de son troupeau. Perdu, caché à quelque distance de moi, je ne le vois pas mais je l'entends appeler frénétiquement sa mère. Il ignore ce qui s'est passé, il ne sait pas qu'il ne la reverra jamais. Pendant des jours il l'appellera, s'affaiblira, puis si les coyotes ne le trouvent pas avant, il mourra de faim et d'épuisement. J'ai rompu l'équilibre en tuant sa mère plutôt que lui, mais je n'ai pas eu le choix. Seul, je serais mort de fatigue à force de les harceler, et deux loups seraient morts au lieu d'un seul. Je préfère abattre à mes risques et périls une femelle en pleine forme, plutôt que de condamner à mort ma tendre petite soeur. Les oreilles dressées vers l'avant, j'écoute la voix désespérée du bébé qui recherche la protection de sa mère. peut-être, après m'être rempli l'estomac en vidant celui de ma proie, je prendrais le temps de retrouver ma cible première pour l'achever. Blessé, il doit souffrir et ce serait lâche de ma part de ne pas le pister pour terminer le travail que j'ai commencé. De plus, je ne voudrais surtout pas laisser une proie si facile sur les terres des Sekmet, qui ne mettraient que peu de temps à la retrouver. Hors de question que je nourrisse, même indirectement, ceux que je considère comme mes ennemis principaux.

Après avoir humé l'air autour de moi pour repérer l'odeur de sang propagée par le jeune daim, et m'être assuré qu'il ne se trouvait pas trop loin dans les parages, je me rapproche de ma proie morte et, balançant ma tête vers l'arrière, je lance dans les cieux un long hurlement à mi chemin entre le grave et l'aigu, pour signifier à tous les loups dans les environs que l'odeur de mort appartient déjà à un loup, et que la proie n'est pas en libre service. Cela leur intimera de garder leurs distances et leur évitera de perdre leur temps à rechercher une proie qu'ils ne pourront pas s'approprier. Au cas où, je suis tout de même prêt à me battre pour protéger le fruit de mon travail. Après tout, ma vie n'est pas la seule à dépendre de mes capacités physiques. J'ai entre mes pattes l'existence de ma soeur, et il est hors de question que je prenne le risque de mettre ses jours en danger. J'aime ma soeur, et je vendrais mon âme au Diable pour qu'elle demeure en vie, s'il le fallait. Certain que personne ne viendra troubler mon repas, je commence méticuleusement à gratter les flancs de l'animal, là où la peau est la plus fine. Je plante mes dents dans la chair et tire de toutes mes forces pour créer une entaille dans le corps de l'animal, jusqu'à ce que le goût de la chair et du sang jaillisse dans ma gueule. Après quoi, excité par la faim et l'odeur de la mort, je me délecte des muscles et de la chair, dégustant chaque partie la plus protéinique de l'animal que j'ai tué. Je prends le temps de me nourrir mais pas trop, parce que j'ai encore une proie à traquer et un cadavre à rapporter chez moi pour nourrir ma petite soeur. De plus, rester si longtemps sur les terres Sekmet est risqué et le danger est plus présent à chaque minute que je laisse s'écouler.

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Jeu 27 Nov - 9:29

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Jeu 27 Nov - 9:59


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Repus, je n'ai qu'une envie, c'est de m'allonger dans l'herbe froide, sous une grosse roche pour me protéger des éventuelles intempéries à venir, et fermer les yeux pour me reposer quelques heures. Il me faudra une sacrée dose d'énergie pour trainer la carcasse de la daine jusqu'à ma tanière, à l'Est d'ici. Après deux jours de chasse intensive, il est certain que j'ai parcourru un bon nombres de kilomètres et il me faudra probablement le double de temps pour faire demi-tour en traînant derrière moi le poids de cet animal. Cette bête devait faire une bonne trentaine de kilos, et même si j'ai mangé une partie de ses organes, les muscles sont toujours quasiment intacts, hormis ceux de l'arrière-train, et tout aussi lourds à tirer. C'est pourquoi, après réflexion, il me faut trouver le petit et l'abattre également. Si emporter les deux cadavres jusqu'à ma tanière sera beaucoup plus difficile, j'aurais cependant la certitude de rentrer avec de quoi manger pour ma soeur. Puisqu'en effet, si je ramène la caracasse de la mère seule, il me faudra me nourrir dessus pendant toute la durée de mon trajet jusqu'à la tanière, et d'ici mon arrivée je risque fort d'avoir avalé la plus grande partie de l'animal, ce qui aurait alors rendu ma chasse totalement vaine puirsque ma soeur n'aurait alors rien à se mettre sous la dent. Je maudis silencieusement les troupeaux de rechercher la chaleur en hiver, et je me maudis moi-même d'avoir établis ma anière au Nord-Est il y a trois ans. Je pense de plus en plus que nous devrions trouver un autre endroit où nous établir, plus au Sud, ce qui nous donnerait un avantage certain sur les meutes lorsque les troupeaux de bêtes redescendent en hiver, pour fuir le froid et la rudesse de la saison. résigné, je tire le fruit de mon travail sous une roche assez large pour la camoufler, et je file à travers bois en trotinant lentement, la truffe au sol, à la recherche de ma nouvelle proie.

Il me faut peu de temps pour dénicher la forte odeur de sang, et seulement quelques minutes et une grosse centaine de mètres pour repérer le faon. Ce dernier, tétanisé, s'est recroquevillé sur lui-même derrière un bosquet et continue d'appeler sa mère par intermitence. Je pourrais presque avoir pitié de lui, si je n'étais pas habité seulement par un furieux instinct d'autopréservation et de survie. L'existence et la santé de ma soeur dépendent de moi, et ce ne sera pas quand je serais malade que je pourrais m'inquiéter de la nourrir ou de faire des réserves pour nous deux. Il a beau être tout jeune, je n'éprouve aucune pitié pour lui et ses gémissements pitoyables n'ont aucun effet sur ma culpabilité. Je contourne l'arbuste et lui fait face. Visiblement épuisé, il ne se relève que lentement et maladroitement, retombant lourdement sur le sol. Son épaule blessée saigne toujours, preuve que je n'avais pas manqué ma cible en l'attaquant la première fois. Même si je l'avais laissé avec sa mère et que tous deux avaient fui, ce nouveau-né n'aurait pas tenu plus de quelques heures, voire un jour ou deux. Il n'aurait probablement pas guéri suffisamment vite pour rattraper le troupeau, et la mère seule n'aurait pas fait long feu sur les terres d'une meute telle que les Sekmet. Elle aurait rapidement été repérée, traquée et mise à mort pour nourrir la meute entière. Finalement, il semblerait que l'équilibre des choses se fasse de lui-même, et que la justice ait décidé aujourd'hui de jouer en ma faveur. J'entrouvre les mâchoires pour me lécher furtivement les babines, et je m'approche doucement de ma proie, aux aguets. Le petit me fixe, les oreilles rabattues sur son crâne, mais il n'esquisse pas le moindre mouvement de fuite. Il n'en a probablement déjà plus la force, et il est certainement résigné à mourir. Peut-être pressé de rejoindre sa mère, si ça se trouve ? J'attrape sa gorge sans le moindre mal, et je l'étouffe comme sa mère avant lui, sans éprouver la moindre compassion.

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Jeu 27 Nov - 9:59

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Jeu 27 Nov - 10:56


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Il faut moins de temps au faon pour mourrir, qu'il n'en a fallu à sa mère. En revanche il me faut beaucoup plus de temps pour traîner son corps jusqu'à la roche où j'ai laissé l'adulte, qu'il m'en a fallu pour repérer l'odeur du petit et le trouver. Quand j'arrive près du cadavre de la mère, une bande de corbeaux opportunistes est déjà en train de la dévorer, et je lâche brutalement le plus jeune pour me ruer sur la cohue et faire écarter les voleurs. Grondant férocement, je menace leurs vies à tous même si je sais pertinnemment que je ne pourrais pas tous les tuer même si j'en ai une furieuse envie. Je refuse de perdre ne serait-ce qu'un infime morceau de viande, parce que je sais que la moindre carrence peut nuire gravement à la santé d'un loup. Et si moi je me suis déjà rempli l'estomac, ma soeur attend encore sa part et à grand besoin de manger. J'espère qu'en attendant mon retour de la chasse, elle est parvenue à attraper et tuer quelques lapins pour subvenir à un minimum de ses besoins. Je renâcle d'agacement. Désormais, il me faut reprendre la route juste qu'à chez nous. Je ne peux pas rester une minute de plus en territoire ennemi, et la présence des cadavres risque d'attirer pas mal de monde dans le coin. M'armant de patience et de détermination, je plante mes crocs dans la gorge de la femelle et la sort de sa cache pour la rapprocher de son défun petit. Je me tient droit, face aux deux corps, et je les regarde avec intensité. Il est certain que je ne mettrais pas deux jours à rentrer, ce serait bien trop facile. A utant qu'une chasse fastidieuse, je réalise que cela m'aura fait un sacré entraînement.

Je lance vers le ciel un long hurlement, dans les ton les plus graves, pour signaler ma position à ma soeur. Je ne veux pas qu'elle me rejoigne, mais je souhaite simplement qu'elle ne s'inquiète pas. Je suis sur le retour. Je reviendrais toujours. Bon, maintenant en avant. Il est grand temps de rentrer. Enserrant la gorge de la plus légère proie, je la traîne par-dessus le cadavre de sa mère et je la laisse tomber dans la cage thoracique vide de ma première victime. Mise en scène morbide, mais nécessaire si je veux rentrer plus vite et ne pas perdre la moitié du temps à faire des allers et retour pour traîner les proies au même niveau, l'une après l'autre. Le reste de la journée passe, et déjà la nuit tombe lorsque j'atteinds les frontières des territoires Sekmet. Je lance un nouvel appel à ma soeur pour lui signaler ma position, et je me remet en route. Sur le trajet, il me faut m'arrêter régulièrement pour repousser le faon dans le poitrail de sa mère, son corps glissant lentement vers le sol à chacun de mes pas. C'aura certainement été l'une des chasses les plus difficiles de ma vie, mais le résultat me rend fier et pour quelques jours, ma soeur et moi ne souffrirons pas de la faim. Il nous suffira pendant quelques temps, de ne chasser que des lapins et autres volailles pour rester en pleine forme. Et puis, ces deux corps devraient également durer un petit moment, surtout si nous parvenons à économiser nos victuailles. Bientôt, lorsque nous aurons une famille plus nombreuse, nous faudra-t-il sûrement une cache pour stocker la nourriture de notre petit clan. D'ici-là, tout ce que je souhaite est de maintenir en vie ma petite soeur. C'est tout ce qui m'importe.

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Jeu 27 Nov - 11:04


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Sur le chemin du retour, même si la nuit noire est aussi propice à la vie que la chasse, je ne rencontre aucun nouveau troupeau. Probablement aie-je déniché la dernière troupe de migration, et désormais il nous faudra nous contenter de petites proies jusqu'au printemps prochain. Je sens la présence de loups tout autour de moi, et j'entends les hurlements de nombre d'entre eux. Ils savent que je suis là, ils cherchent à m'identifier. A plusieurs reprises, je hurle pour leur indiquer que je suis seul, que je ne cherche aucun ennui et que, cependant, les proies qui laissent leurs odeurs sur mon chemin m'appartiennent, et qu'ils n'ont pas l'autorisation de s'approcher d'elles et moi. Jusqu'à l'aube, je n'ai aucun ennui. Quelques coyotes me suivent, mais dès que je m'arrête pour gronder, les fixer dans les yeux et gronder mes menaces, ils filent entre les arbres et disparaissent pendant un moment. La route est dure, jonchée de dangers et d'obstacles, mais au crépuscule du deuxième jour, j'ai déjà longé une bonne partie des terres Esobeks comme lorsque je suis parti en chasse, quelques jours plus tôt. Il me faut me nourrir une seconde fois pour ne pas m'écrouler de fatigue, et le poids de la carcasse s'allège quelque peu. Mais je tâche de ne prélever que le minimum de viande nécessaire à mon corps pour traîner les cadavres jusqu'à la tanière, évitant au maximum le risque de ne rien laisser à ma soeur. Le retour d'une chasse n'aura jamais été aussi éreintant, mais la fierté qui découle de cet épuisement est certaine et sans équivalence. Pour la première fois depuis des semaines, je ramène de quoi nous nourrir pendant plusieurs jours.

Il me faut encore deux nuit entières et une journée pour arriver enfin en vue de ma tanière. Le poids de la carcasse maternelle à largement diminué, j'ai dû me repaître d'une bonne partie de sa chair pour rester assez fort et être capable de continuer ma route, mais le petit est resté entier. L'odeur de la mort empli l'air autour de moi, à tel point que j'ai l'impression d'avoir le poil imprégné de ces effluves nauséabonds. Je ne rêve que d'une chose : un long sommeil et une bonne toilette pour me débarrasser de l'odeur putride de la décomposition des corps. Je lance plusieurs jappements frénétiques pour prévenir ma soeur de mon arrivée, et je dévale la petite pente jusqu'à notre tanière en quelques pas précipités, traînant derrière moi les deux cadavres et portant sur le visage une fierté considérable après tout ce que j'ai traversé pour rentrer avec toutes ces réserves. Je montre fièrement mes proies à Kaya, bombant le poitrail tant je suis heureux de ce que j'ai accompli cette nuit. En revanche, je dois bien avouer que j'ai les mâchoires douloureuses, tant et si bien qu'elles pourraient tomber de ma face que je n'en serais pas étonné. Je suis épuisé, mais je n'ai pas faim. Je dépose une lèche affectueuse sur la joue de ma soeur et, laissant là nos victuailles, je file dans notre tanière pour m'y étaler de tout mon long. Rapidement, le sommeil prend possession de mon corps et mon cerveau s'embrume pour laisser libre court à une imagination ravie. Je file dans mes rêves, disparais dans un univers totalement imaginaire, mais plus reposant que tout.

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