e soir s'était installé, l'air frais était présent et ce qui le prouvait était la buée qui se formait autour de la gueule de la louve rousse. La neige s'était arrêtée de tomber, du moins aujourd'hui ce qui permettait à notre Plume d'entreprendre une chasse, même si elle devrait se contenter de ramener un petit animal ce serait déjà pas mal. Sortant alors du camp elle se dirigeait dans la forêt, humant l'air, cherchant grâce à son flair une future victime. Mais ceci était vain, le fait que la nuit ait prit sa place désavantageait la louve, étant donné que toutes les proies potentielles étaient sûrement cachées. Une idée lui était alors venue en tête, à sa dernière chasse elle avait trouvé une belette sur une plage blanche, peut-être qu'il y en aurait d'autres. Elle venait d'hésiter un certain temps, mais elle allait y aller, de toute façon cela ne semblait pas risqué aux yeux de la louve.

Elle y était, ce lieu respirait le calme, la sérénité. Marchant lentement sur ce sable froid, elle restait attentive cherchant du regard un rongeur ou un petit poisson "échoué". Alors qu'elle se concentrait sur sa tache, une vague faisait son apparition faisant reculer la louve de quelque mètre, surprise. Soufflant du museau, désormais tendue, elle n'avait pas l'habitude de ce genre de lieu et le comportement qu'elle adoptait le prouvait tout simplement. Mais une odeur, oui une odeur dite envoutante était présente et attirait son attention, c'était celle d'un animal qui venait sûrement de perdre la vie en ces lieux. Se dirigeant donc vers l'origine de cette odeur elle l'apercevait désormais, c'était un lapin, que faisait un lapin ici ? Elle redoublait donc de prudence en l'observant, après tout il n'avait pas été dévoré et cela était tentant, mais quelque chose lui disait qu'il ne fallait pas y toucher, que c'était louche et avant même qu'elle n'eu le temps de faire quoique ce soit, un bruit monstrueux semblable au tonnerre faisait son apparition au loin.

Détournant sa tête, la louve apercevait la provenance de ce bruit, c'était une de ces fichues voiture d'homme, cependant, que faisait-elle ici ? Continuant alors de l'observer elle ne bougeait pas, se disant tout simplement qu'ils devaient-être de passage, mais elle avait tort. En voyant le véhicule s'arrêter non loin d'elle, elle commençait à reculer prête à prendre la fuite, ses oreilles plaquées sur son crâne montrait sa peur qui venait désormais lui prendre les tripes. Un homme venait de descendre de l'engin, un second faisait de même, ils observaient la louve au pelage si "original", ce pelage allait encore une fois être une source de soucis pour elle car il avait vraisemblablement attiré l'avidité de ces deux bipèdes. En voyant l'un d'eux sortir une arme elle venait de comprendre que prendre la fuite était une très bonne option. C'est alors sans attendre que la louve s'élançait sur la plage à toute vitesse ne regardant pas derrière elle.

Elle les entendait, ils hurlaient, c'était un cauchemar qui était en train de devenir réel, elle ne savait pas, oui si elle allait s'en sortir ou non, mais peu importe elle n'allait pas abandonner, elle ne voulait pas mourir d'une façon aussi stupide. Elle la voyait enfin, la forêt, sautant au dessus d'un tronc mort elle venait de s'arracher quelques poils sans le vouloir, se ramassant ensuite non loin de celui-ci avant de se redresser et de reprendre sa course folle, les hommes étaient toujours tout proche d'elle, mais le tronc allait sûrement les ralentir étant donné qu'ils portaient des objets assez lourds avec eux. Un coup de feu venait de retentir, elle avait fermé les yeux pendant plusieurs secondes, mais il l'avait manqué, une espèce de fléchette venait de se planter à sa droite, qu'était-ce cette chose ? La langue pendante elle n'y croyait plus, ses pattes étaient douloureuses, tellement qu'elle ne les sentait plus, le silence était de nouveau installé cependant elle ne s'arrêtait pas, elle courait, sautait là ou la neige était plus profonde, et enfin quand elle venait de comprendre qu'ils ne la suivaient plus ralentissait.

C'est alors avec une démarche nonchalante qu'elle se remettait petit-à-petit de ses émotions, son cœur battait la chamade, son souffle était haletant. Que faisaient-ils ici ? Peut-être que tout cela était lié à ce foutu lapin, heureusement qu'elle n'y avait pas touché. Plaquant une nouvelle fois ses oreilles, balançant sa queue de gauche à droite, elle tentait de trouver le chemin du retour. Ses sens quant à eux restaient aux aguets, elle ne voulait pas les voir surgir d'un buisson ou autre, surtout que là elle ne pourrait pas les tenir à distance étant donné qu'elle n'en pouvait plus, elle était effectivement à bout. Mais la chance était avec elle, la nuit était noire et les hommes ne devaient sûrement rien y voir, c'était pour cela qu'ils l'avaient laissé tranquille. Elle se souviendrait d'eux à coup sûr, d'eux et de leur odeur amère qu'ils laissaient comme indication "on est passé ici !". C'est seulement au levé du jour qu'elle apercevait enfin les terres de sa meute, prête à s'effondrer elle s'empressait de rentrer au camp pour pouvoir prévenir les siens et prendre un repos bien mérité.

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