Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
+ gains du chaudron Force : 8 Agilité : 10 Endurance : 10
Vois pour moi
Il fait encore jour, je dirais que la fin de journée est encore à plusieurs heures de là. J'ai largement le temps de m'aventurer sur des terres tranquilles pour tenter une petite expérience que j'aimerais essayer depuis un long moment. Déterminé, je me rends d'un pas décidé vers les tranchées, à l'Est des terres, où je pourrais aisément me cacher si mon entraînement devient dangereux pour ma vie. Là-bas, dans un fossé vieux de nombreuses années, je pourrais disparaître le temps que de potentiels ennemis passent le chemin sans me faire remarquer. Mes pattes musclées foulent le sol aisément, sans jamais rencontrer un obstacle, comme si les habitudes étaient ancrées en elle aussi profondément que dans mon esprit. Je connais les territoires neutres par coeur, après ces trois années à épier tous les mouvements de chaque endroit afin de pouvoir au mieux protéger ma soeur, et je suis capable de me déplacer sans avoir à me soucier des éventuelles gênes que je pourrais croiser sur ma route.
Il me faut quelques minutes pour atteindre mon objectif, mais je suis satisfait de constater que les traces de passages les plus récentes datent de plusieurs jours, et qu'aucune odeur n'obstrue l'endroit ni ne le rend plus dangereux qu'à l'accoutumée. Si j'ai été de mauvaise humeur ces derniers jours à cause de ma rencontre avec une Esobek, il m'a suffit de me souvenirs quelques minutes passées avec une certaine louve blanche pour me remettre d’aplomb et oublier rapidement la mauvaise compagnie que j'ai dû supporter le temps d'une promenade. Je suis désormais reposé, repu après avoir dégusté les gains de ma dernière chasse, et d'une humeur excellente pour relever un nouveau défi. Et puis franchement, si je veux être apte à protéger ma soeur, il faut absolument que je développe davantage mes capacités physiques pour être d'attaque en toutes circonstances. Je lâche un souffle détendu dans l'air qui m'entoure, et j'inspire profondément pour m’imprégner des odeurs de la nature et de la terre que je foule.
Je reste encore un long moment à observer les alentours avant de me décider. Aujourd'hui, mon objectif est de privilégier tous mes sens, en oubliant ma vue qui, depuis cinqans, est défectueuse. Si je suis capable de me débrouiller sans mes yeux, alors je pourrais estimer que j'ai surmonté ce handicap inconnu de mes semblables et qui pourtant en est bien un au quotidien. Si, pendant les premiers mois, j'ai dû me cacher à droite de ma soeur pour ne pas être attaqué par surprise, il a été un temps où j'ai dû forcément m'adapter à la vue basse de mon oeil gauche pour pouvoir de nouveau me déplacer seul, sans son aide. Nous ne pouvions décemment pas vivre ainsi, collés l'un à l'autre comme des frères siamois, jusqu'à la fin de nos vies. Aussi aie-je dû apprendre à me débrouiller, mais je sais qu'il me faudra travailler mes capacités de plus en plus souvent désormais, pour entretenir et empêcher le temps de faire son oeuvre sur mon corps. Lorsque je serais âgé et fatigué, je n'aurais d'autre choix que de me fier aux sens les plus développés que j'ai, et je ne pourrais supporter pour rien au monde de voir ma soeur se battre pour protéger son infirme de frère. Je ferme les yeux, je concentre mon esprit sur mon toucher, mon ouïe et mon odorat, et je me mets lentement en marche entre les tranchées, tentant d'analyser les obstacles avant de les atteindre pour pouvoir les passer sans encombre.
– Réduit la gravité des Blessures reçues
– Augmente la gravité des Blessures de l'adversaire
BONUS CHASSE (Trait de faction)
– 2 proies au lieu d'une seule lors d'un 18 au dé
– 1 Lancer de dé de chasse supplémentaire
– +3 aux résultats du dé de chasse
Compétence d'élite :
Sam 13 Déc - 23:33
Joy ?
Invité
Invité
En savoir plus
Lun 15 Déc - 19:06
▼ Look For Me ▲
Feat Isha
Un flocon, tourbillonnant, tombait doucement du ciel. Le soleil réchauffait la terre, recouverte de neige. En cette journée pâle, le petit flocon tombait, tombait, virevoltait. Il était beau ce petit flocon. Pas plus beau que les autres, car quand on le voit descendre du ciel, ils se ressemblent tous. Mais celui-là, tombait, tombait, et s’écrasa sur la truffe d’un beau loup gris.
Elle me poursuivait encore et toujours, elle se rapprochait dangereusement. Redoublant d’efforts, puissant dans le peu de force qu’il me restait, j’accélérai ma course. Mais elle, elle n’était pas épuisée. Elle était en pleine forme. Elle n’était même pas essoufflée. Mon pelage était trempé de sueur. Je n’en pouvais plus. J’avais peur. Oui, pour la première fois le grand Aeron avait peur. Elle se rapprochait, elle était là. Mes pattes étaient désormais lourdes. Je sentais son souffle contre mes pattes arrière. Sa mâchoire claqua près de ma queue. Prenant appuie sur mes pattes avant, je décochai une ruade qui lui arriva droit dans le nez. Elle couina, prenant ainsi du retard. Mais cela ne suffirait pas. Elle allait m’avoir. J’allais mourir. La voix a toujours raison.
Elle te rattrapera Aeron…
Soudain, un flocon tomba sur la truffe du grand gris, le réveillant ainsi en sursaut. Il leva la tête et regarda autour de lui. Il s’était endormi près d’un buisson épineux. Soupirant, il se leva et s’ébroua, il était recouvert de neige. Il était gelé. Quelle idée de s’endormir ici. Mais il était tellement fatigué. Toutes ses rondes effectuées seules sur le territoire des Esobeks l’avaient épuisé. Il avait faim. Mais il ne voulait pas chassé pour lui. La meute avait besoin de nourriture, s’il chassait s’était pour sa meute pas pour lui. Par chance, non loin de là, un lapin était tombé dans le piège d’un humain. Prudent, il s’approcha de l’animal. Les sens en alerte, il guettait la moindre présence humaine. Rien. Il s’approcha et prit le gibier entre ses crocs, il tira pour le libérer et s’éloigna du piège, méfiant. Il le renifla afin de s’assurer qu’il n’était pas malade ou empoisonné. Aeron ne voulait pas mourir bêtement. Il aura bien d’autre occasion de perdre la vie. Aucune odeur suspecte. Il commença alors à manger. La viande était tiède, il avait perdu la vie quelques heures plus tôt. Après ce maigre repas, le loup décida d’aller se balader. Il ne savait pas où, il voulait juste se changer les idées après, ce cauchemar qui l’avait bien remué. Perdu dans ses pensées, il traversa le territoire et se mit à courir lorsqu’il eut atteint les Terres Neutres. Il avait froid et voulait absolument se réchauffer avant d’inspecter la terre détruite par les hommes. Le vent froid et les flocons lui fouettaient le visage, mais cela ne l’empêchait pas d’avancer rapidement, en évitant les obstacles en tous genres comme un arbre ou un bout de métal. Alors qu’il se réchauffait petit à petit, il aperçut la silhouette d’un loup. Le vent vint lui apporter son odeur. Un loup de la Horde. Aeron s’arrêta, tout en dérapant légèrement. Ce loup au pelage argenté pouvait être dangereux. Surtout que sa meute s’infiltrait sur les terres des Esobeks, provoquant la fureur de Yroen. Que devait faire Aeron ? Devait-il partir à la rencontre de ce loup ? Ce serait peut-être une occasion de récupérer quelques informations sur cette Horde. Alors que le loup gris était en pleines réflexions, il vit que le loup se rapprocha dangereusement d’un piège humain.
« Attention devant toi ! »
Le loup argenté leva la tête et s’arrêta à une demi-queue de loup du piège. Aeron n’avait pas pour habitude de sauver la vie d’un loup. Il était égoïste. Il ne pouvait pas être un héros. Et il aimait voir souffrir les autres. Il aimait jouer avec la vie des autres. Ce loup aurait pu lui offrir un beau spectacle. Pourquoi avait-il donc fait ça ? Il ne savait pas. Il s’approcha alors du loup.
« Heureusement que je suis arrivé au bon moment. Tu aurais perdu l’usage de tes pattes. »
Une simple phrase. Peut-être que Aeron trouverait un autre moyen de s’amuser aujourd’hui.
Les minutes s'écoulent sans que rien n'empiète sur la journée paisible qui s'écoule. Je veille à me consacrer sur mes pattes qui s'enfoncent dans la terre meuble, et je sens chaque flocon qui tombe sur mon pelage, le glaçant à la place de ma peau que ma fourrure protège. Je n'sais pas quand l'hiver est arrivé, je n'ai pas fait attention aux premières chutes de neige. Quoi qu'il en soit, là en marchant d'un pas lent et assuré, je me dis qu'il me faudra rapidement chasser pour remplir les réserves de la Horde, parce que depuis que Kaya et moi en faisons partie, je n'ai chassé que pour nous et je n'ai pas encore pris la peine d'apporter ma contribution à notre nouvelle "meute". Je lâche un soupire, et quand un loup crie dans mon dos, je réalise que je m'étais déconcentré. Je m'arrête brusquement, la patte suspendue dans les airs, et effectivement je me rends compte que là où je suis, la terre est plus meuble qu'ailleurs. Des hommes sont passés là et on travaillé l'endroit, aussi ai-je la certitude qu'un piège est planqué dans les parages. Du moins planqué, pas tant que ça puisque l'inconnu derrière moi l'a vu de loin.
Je dois passer pour un parfait imbécile, de marcher ainsi sans faire attention où je mets les pattes, mais je ne décèle aucune odeur d'adrénaline qui viendrait de la direction de la voix, aussi je ne prends pas la peine d'ouvrir les paupières pour m'enquérir de l'identité de l'inconnu. Je hume l'air discrètement, tout en me concentrant sur chacun de mes pas en m'éloignant du piège, et je vérifie à chaque instant que le loup qui me tient compagnie n'est pas sur le point d'attaquer. Cependant, mes oreilles perçoivent rapidement le mouvement de l'inconnu, qui s'approche de moi d'un pas assuré quoique dénué de la moindre trace de menace. Je m'immobilise un instant, prêt à rouvrir les yeux au moindre courant d'air suspect, mais la seule chose qui ébranle le calme de l'atmosphère est sa voix qui retentit légèrement autour de moi. Il se flatte d'avoir été là pour me sauver la vie, comme si j'avais eu besoin de lui pour vivre. Certes, j'aurais été dans une merde noire s'il n'avait pas gueulé à la vue du piège. Mais je suis bien trop fier pour le reconnaître et l'en remercier platement. Au lieu de ça, je lâche un léger son rauque pour lui faire comprendre que je sais bien qu'il est là et ce qu'il a fait pour moi. Une sorte de remerciement silencieux, en somme.
Je reprends mon périple en silence, concentrant autant mon esprit sur ce que mes pattes touchent, que sur les mouvements de l'air qui entoure le loup. Je reste sur mes gardes de longues minutes, au cas où il lui viendrait subitement à l'idée de m'attaquer en traître alors que je suis clairement occupé à autre chose qu'à le défier. Je reconnais vaguement l'odeur des Esobeks sur son pelage, mais aussi celle de la mort. Il s'est nourri récemment, l'odeur du sang est encore présente dans son poil. La brise fondant dans mon pelage m'indique qu'il a cessé de se mouvoir, probablement m'observe-t-il avec intérêt, puisque je dois vraiment paraître étrange. Mes oreilles, s'orientant dans tous les sens en même temps pour capter un maximum d'informations, captent les martèlements de sabots au coeur de la forêt. Non loin, une bête galope pour retrouver son troupeau, probablement. Je hume l'air en laissant de côté l'odeur du mâle, et je cherche l'odeur de l'animal pour m'informer de sa santé. Cependant il est trop loin, alors je laisse tomber ses effluves pour me concentrer davantage sur mes pas je marche sur une texture meuble et froide, si froide d'ailleurs que sa température brûle quelques peu mes pattes. La neige est là, depuis quelques jours déjà mais lorsque j'ai les yeux ouverts, je me concentre moins sur sa présence et je la sens peu. C'est quand ma vue est absente que je me rends réellement compte de ce qui m'entoure. J'entends les derniers oiseaux de la saison chaude piailler dans les arbres alentours, et le loup qui se trouve près de moi, lui, ne se doute même pas de toute cette vie au coeur de laquelle nous avons l'habitude de nous mouvoir sans y faire plus attention que nécessaire.
Il lui répondit par un grognement. Aeron poussa un léger soupir. Même pas de remerciement. Mais après tout, il n’en attendait pas moins. Ce loup de la Horde n’allait pas se jeter sur lui et le couvrir de remerciement chaleureux. S’il était aussi fier que lui, il était normal que ce loup argenté ne le remercie pas. De plus, Aeron remarqua qu’il avait les yeux fermés. À quoi jouait-il ? Il était dangereux de s’aventurer ici en ayant les yeux ouverts, alors fermés… Mais Aeron était intelligent, il en déduisit que ce loup voulait aiguiser ses autres sens. Remarquait-il plus de chose que le loup Esobek ? Percevait-il les mêmes choses ? Le loup gris entendait au loin un léger tintement comme si on frappait une pierre sur du métal, porté par le vent. Il sentait l’odeur âcre du sang et de la pollution causée par les hommes, il sentait l’odeur froide de la neige, il sentait l’odeur de la Horde. Ce loup entendait-il et sentait-il autres choses ?
Épiant ses moindres faits et gestes, Aeron resta assis et regarda le loup encore inconnu évoluer. Il avait toujours les yeux fermés, il ne les avait pas ouvert, même lorsque le loup gris était arrivé, lui indiquant le danger qui se trouvait devant lui. Il progressait doucement dans la neige, laissant ses empruntes derrière lui. Ses oreilles bougeaient, guettant le moindre bruit. Gauche, droite, devant derrière. Ses moustaches frétillaient tout comme son nez, à la recherche de quelconques odeurs. Mais ses pas devenaient moins souples. Il se méfiait. Et il avait raison. Et si Aeron décidait d’ajouter un peu de piment ? Oserait-il se battre les yeux fermés. Dans cette position ce loup argenté était à la merci du grand loup gris. Mais Aeron était trop intrigué pour lancer une attaque. Ce loup était à la fois étrange et intéressant.
« La prudence surpasse les autres vertus comme la vue surpasse les autres sens. » dit calmement le loup gris.
Lorsqu’un loup rencontrait quelque chose d’inconnue, il est toujours prudent. C’est instinctif. Mise à part les dérangés de la boîte crânienne qui ne voient le danger nulle part. La vue est le sens le plus utilisé. Vouloir fermer les yeux pour développera ses autres sens est une bonne chose. Mais la vue surpassera toujours l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût.
- La prudence surpasse les autres vertus comme la vue surpasse les autres sens.
Voilà que le jeune mâle essaie de me faire la leçon. Je rechigne en silence, et je marche encore quelques pas avant de m'immobiliser, le vent dans le dos, m'apportant les effluves sereins de l'inconnu. Je me redresse de toute ma hauteur, fier et d'une arrogance certaine, je hume avec délectation les odeurs qui nous entourent une dernière fois, et je me décide enfin à ouvrir les yeux. Je me tourne face à lui et je le détaille de mon regard saphir. Si j'ai pu analyser son odeur depuis son arrivée, je me donne à présent le loisir d'apprécier son corps, ses muscles, son pelage d'argent sombre parsemé de poils blancs. Un jeune mâle plein de sagesse, mais empli d'une inexpérience bien vaste comparée à l'existence que j'ai menée. Je m'approche de quelques pas, gardant une distance de sécurité entre nous deux, et je le salut d'un signe de tête. Je ne peux m'empêcher, ces derniers temps, de penser aux projets de la Horde quand je croise un loup de meute. Ils ne s'attendent clairement pas à subir de tels événements, et leur pacifisme général en est la preuve formelle. Des remords ? Certainement pas. Simplement, je me demande où est la justice et comment nous pouvons prétendre valoir mieux que les humains, alors que nous nous comportons tout bonnement comme eux l'ont fait avant nous. A y réfléchir, nous ne sommes rien de plus qu'une espèce qui tente de survivre, et nous sommes prêts à détruire notre propre monde pour nourrir l'espoir de vivre quelques années de plus.
- Tes paroles sont sages, mon jeune ami. Mais toutes vertus ont leur importance, tout comme les sens. Ne penses-tu pas ?
Ses longues pattes taillées pour la courses, ses épaules faites de chair tendre et son regard vif, tout en lui présage un bon combattant plus tard. Ou un chasseur de renom, si tel est son destin. En fait, quelle que soit la voie qu'il se choisira, son apparente bonne santé lui permettra de la suivre. Il ne souffre pas de handicap, comme certains loups malchanceux, et n'est donc pas contraint de s'adapter à un monde de mort avec pour seules armes ses pattes et sa truffe. Je laisse apparaître un léger sourire sur mes babines à la pensée des pauvres malheureux forcés à s'adapter. Je suis parmi ces loups handicapés, sauf que je ne me considère pas comme tel. J'ai su parfaitement jouer avec mon oeil semi-valide et ce n'est pas lui qui m'empêche de tuer ou de pourchasser. Après tout, je ne suis pas un Hordien pour rien, je sais parfaitement me défendre seul et je n'ai besoin de personne pour assurer ma protection. Bien au contraire d'ailleurs. Parce que c'est bien moi, Isha le Protecteur, et personne ne m'enlèvera jamais ça. C'est ma raison de vivre, la seule chose qui me permet de garder la tête hors de l'eau même dans les pires tempêtes. Je continue de détailler l'inconnu, me demandant si, comme tous ses compatriotes pacifistes, il restera là à bavarder jusqu'à ce que nous nous séparions, ou s'il aura tôt fait de s'ennuyer face au silence qui fait partie des traits de ma personnalité.