Edit Yan'Ka :
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« Un nouveau gardien. »





Le soleil était à peine levé quand le canidé ouvrit les paupières, la douce couleur de l’aurore venant le réveiller en douceur. Couché sur le flanc dans la cave en ruine, Avalön sentit presque aussitôt la morsure du froid sur ses membres qu’il s’empressa de gigoter par simple habitude. Non pas qu’il avait peur de se retrouver paralyser d’une patte mais surtout pour que le sang afflue à nouveau correctement, permettant aux extrémités de se réchauffer au même titre que le reste. Sa fourrure épaisse lui fournissait un excellent rempart contre le froid et ce n’était pas du luxe à mesure que l’hiver approchait. Toujours allongé, il bailla à s’en décrocher la mâchoire puis se laissa rouler sous le ventre pour ensuite rassembler ses pattes sous lui et de s’asseoir. Secouant la tête doucement, il se releva finalement et bondit hors de la cave, s’ébrouant correctement une fois à l’extérieur de celle-ci.

Déposant son regard sur l’horizon, il ne fit pas tout de suite attention au canidé qui s’approchait de lui. Quelque peu songeur quant au rêve qu’il venait de quitter. Il se voyait encore dans cette plaine verdoyante où les oiseaux chantaient si fort qu’il en avait mal à la tête. Et puis, il y avait des proies partout. Découvrirait-il un jour un lieu similaire à cette idylle ? Il ne savait pas vraiment s’il pouvait y croire ou non. Et même si l’espoir pouvait faire vivre n’importe quel rêveur, il n’était pas prêt de voir ce monde là. Pour le moment, il devait se battre pour manger à sa faim alors que son ventre n’était jamais complètement plein. Quel mauvais temps pour la planète.

- Bonjour, jeune loup, ou plutôt nouvelle sentinelle, comment t'appelles-tu?

Avalön eut un sursaut quand cette voix au ton si doux sortit de nul part. Il se retourna aussitôt et se retrouva nez à nez avec une femelle. Cette dernière avait l’odeur de sa meute, nul besoin d’être méfiant donc. Ses muscles se détendirent alors qu’il baissait la tête brièvement en signe de salutation. Il ne connaissait pas tous les loups de la meute Esobek puisqu’il avait eu tendance à s’éloigner un peu ces derniers temps. Celle-ci ne lui rappelait rien. Quoique sa fourrure brune lui rappelait des souvenirs. Peut-être l’avait-il déjà aperçu. En tout cas, elle, ne semblait pas se souvenir du jeune loup. C’est vrai qu’il avait bien grandit le petit louveteau désagréable et têtu.

« - Bonjour. » Commenca-t-il calmement avant de continuer. « Je suis Avalön, Gardien d’Eden. » Ponctua-t-il d’un sourire avant d’ajouter. « Et vous êtes ? » Demanda-t-il poliment.

« Tout doux. »



- Moi c'est Hybride, Zéphyr de feu. Je suis une chasseuse de la meute. Et toi, qu'elle est ton rôle dans la meute?

Avalön trouva cette jeune femelle plutôt jolie. Elle ne semblait pas être patiente du tout vu le ton sur lequel elle lui adressait la parole. S’ennuyait-elle de sa présence ? Pivotant la tête légèrement sur le côté, le mâle s’assit et laissa échapper un léger rire amusé qui aurait peut-être tendance à l’énerver davantage. Mais soit, il était ainsi et ce n’était pas cette louve au caractère flamboyant qu’il le ferait dévier de ses habitudes initiales. Aussi mignonne pouvait-elle être.

« - Vous venez de le dire : Sentinelle. » Dit-il avant d’ajouter avec un clin d’œil. « Je protège les victuailles que vous chassez. »

- Bon c'est un ennuie de causer. Je vais chasser si tu réponds pas à cause d'un bâillement.

Elle n’était vraiment pas patiente pour un sou. D’une certaine manière, elle lui rappelait sa jeunesse, quand lui aussi était aussi éméché qu’un jeune serpent, toujours prêt à mordre avant d’en savoir plus sur son interlocuteur. Pour le moment, la situation ne lui déplaisait guère, il fallait qu’il reste calme, tant pis si elle s’énervait. Il n’ajouta rien quand elle se détourna pour aller chasser. Avalön se releva et décida de lui entamer le pas, la rattrapant en quelques foulées pour se positionner à ses côtés. Un fin sourire restait figé sur ses lèvres sans pour autant qu’il soit véritable.

« - Allons faire un petit tour alors, ça me permettra de jeter un œil en même temps. » Déclara-t-il.

Le canidé leva le museau au ciel, humant l’air en quête d’une proie.

« Rien par ici. »



- Alors allons y, sentinelle.

En dépit de ses recherches, Avalön ne sentit pas d’odeur de gibier. Ils ne devaient rien y avoir dans le coin. Prenant le trot, il invita la femelle à le suivre un peu plus loin, cherchant toujours une trace ainsi qu’une odeur que le couple pourrait pister en toute tranquillité. Il ne voulait surtout pas rentrer bredouille, surtout qu’à deux, ils pourraient très bien s’entraider s’ils apercevaient une grosse proie. Mais encore fallait-il en trouver une et cela ne semblait pas être chose aisée. Alors qu’ils continuaient à trotter, le mâle resta un peu en retrait, plutôt concentré. Et à mesure qu’ils parcouraient les terres, il ne pouvait s’empêcher d’être distrait par des coup-d’œil fréquents et répétés sur les frontières. Après quelques minutes, il sentit la louve à ses côtés accélérer le pas. Elle devait surement avoir flairer quelque chose pendant qu’il était concentré sur autre chose. Il lui lança un regard pour en avoir le cœur net, la suivant docilement.

« Sale bête. »



-Reste caché. Des proie comme ce cerf, on en voit pas tout les jours.

Avalön comptait lui laisser mener la dance mais la femelle le laissa passer devant. Peu sur de ses capacités de chasse, surtout devant un cerf, gibier qu’il n’avait pas chassé depuis bien longtemps. Il tenta de se faire le plus discret possible pour s’approcher de la bête et ainsi lui sauter à la gorge rapidement. Suivre l’animal pour l’épuiser ne serait pas une bonne stratégie, il semblait être en bonne santé alors que les loups ne pouvait absolument pas se permettre de gaspiller de l’énergie sans être absolument certains de recevoir leur récompense à la fin. Oui, c’était risqué. Quand le mâle estima être assez près, il se retourna un instant vers Hybride mais, par malchance, la bête le remarqua et détala brusquement. La sentinelle se jeta à sa poursuite, tenta de lui mordre les jarrets mais l’animal lui décocha une puissante ruade qu’il évita de justesse.

Comprenant qu’il n’avait aucune chance d’attraper celui-ci, il ralentit l'allure avant de s'arrêter. À deux, attraper un cerf en pleine santé relevait de l’exploit. Même pour une chasseuse aguerrie telle qu’Hybride et un loup puissant comme Avalön. Il fallait savoir jeter l’éponge pour ne pas gaspiller inutilement son énergie. En espérant qu’une autre occasion se présente, le canidé se sentait un peu coupable de ce raté. Baissant les oreilles, il se redressa et regarda le gibier tant espéré s’enfuir en faisant de grands bonds comme pour le narguer.

« Blessures. »



Le mâle vit Hybride se jeter sur le cerf à son tour dans une tentative désespérée pour le mettre à terre. Rien n’y fait, l’animal rua et projeta la femelle sur le sol avant de lui marcher dessus en s’enfuyant. Avalön s’approcha d’elle, visiblement inquiet quant à ses blessures. Une chasseresse blessée, c’était du gibier en moins. Et ce n’était pas la sentinelle qui irait remplacer ses longues parties de chasse. Le canidé approcha sa truffe de la femelle et renifla ses blessures avant de relever la tête, les sourcils froncés.

- Ne t'inquiète pas... pour ça. J'ai connut... J'ai connut pire.

« - Pire ou pas, on devrait arrêter là. » Dit-il en roulant des yeux avant d’ajouter. « Une chasseresse estropiée ne sert pas à grand-chose. »

Il lui lança un sourire sincère et la laissa se remettre de ses émotions. Peut-être qu’elle était simplement sous le choc et qu’elle devait s’en remettre doucement.

« Au revoir. »



Aux paroles de la femelle, il acquiesça avec un léger sourire. Elle était forte pour une chasseresse, plus forte qu’il ne l’aurait imaginé. Il savait bien que les femelles étaient souvent plus fortes qu’on pouvait la penser, animer par une volonté sans faille. Celle-ci n’avait pas à rougir des autres. Les deux canidés reprirent le chemin ensemble, marchant côte à côte calmement. Avalön lançait de temps à autre des coups d’œil sur Hybride pour s’assurer qu’elle ne boitait pas ou qu’elle ne souffrait pas. Il semblait qu’elle n’avait pas grand-chose et qu’elle s’en remettait vite. Il en fut soulagé. Finalement, ils se séparèrent. Après avoir salué gentiment la demoiselle, le loup s’éloigna au petit trot, en profitant pour retourner à son inspection des frontières. La faim lui creusait le ventre et il aurait bien aimé rencontrer la trace d’un lapin sur son chemin.

[ F I N ]