Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
L'aube d'un crépuscule, ou le crépuscule d'une aube ? [Sora]
Fjorgur
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Sam 15 Nov - 21:59
F 15 | A 16 | E 16
Quand on est en train de chasser le lapin sur des terres familières et qu’on sait pertinemment que le danger rôde derrière chaque arbre, chaque rocher, la raison devrait nous dicter qu’on doit s’arrêter après un certain moment pour rester dans la sécurité relative des territoires connus afin de ne pas risquer de se faire tuer inutilement. Mais la raison de Fjorgur semble défaillante sur ce point et il ne s’en rend compte que maintenant, en plein milieu du Cimetière, après avoir perdu ce magnifique lapin qui est allé se réfugier dans une anfractuosité du sol et a disparu dans les méandres de la terre.
L’adrénaline de la chasse retombe, vite remplacée par l’anxiété alors que Fjorgur se rend compte d’où il se trouve : dans un champ de tombes et d’arbres morts, au crépuscule, loin de la maison, seul. En temps normal, cela ne l’aurait pas tant effrayé : il serait juste rentré fissa dans son territoire et on n’en parle plus. Mais ce ne sont pas des temps normaux. Les temps actuels regorgent d’histoires de loups sanguinaires et sadiques qui rôdent la nuit dans les endroits les plus reculés et les plus glauques, qui se font un plaisir de dépouiller de leur vie qui tombe dans leur filet et, parfois, de les manger.
Et Fjorgur ne veut pas être mangé. Il ne doit pas être bien bon, pas assez de gras, mais il doute que cela va rebuter les cannibales du coin.
Un craquement se fait soudain entendre tout près de lui. Le Chasseur sursaute et laisse s’échapper un couinement. Quand il retombe sur ses pattes, il regarde frénétiquement autour de lui : un de ces cannibales, ça ne peut être que ça ! Ou peut-être qu’ils sont plusieurs ? Un groupe de cannibales affamés ! Oh non, non, il est trop jeune pour mourir ... Attendez ...
Le lapin.
Pas un loup cannibale aux yeux de sang et au pelage décimé, mais un joli petit lapin herbivore au long pelage brun en fouillis, en train de se débattre, coincé sous une racine. Fjorgur en oublie tous ses soucis et se précipite sur le pauvre rongeur, prêt à enfin tuer cet impertinent qui l’avait fait courir sur plusieurs kilomètres. Mais à peine s’apprête-t-il à bondir sur le lapin que celui-ci parvient à se démêler et déguerpit entre les tombes. Fjorgur donne voix à son mécontentement :
«PARDON ?!»
Il s’élance à sa poursuite, s’enfonce encore un peu plus dans le cimetière, jusqu’à-ce que la bestiole disparaisse à nouveau dans un petit trou creusé au pied d’un arbre.
Le juron plein de vigueur que Fjorgur laisse alors s’échapper est malheureusement trop ignoble que pour être consigné.
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Sam 15 Nov - 23:50
«L'aube d'un crépuscule, ou le crépuscule d'une aube ?»
Fjorgur
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Stupide lapin. A cause de lui, il va rentrer au camp bredouille ce soir : pas le temps de traquer une nouvelle proie avant que la nuit ne tombe, à moins d’un coup de chance en chemin.
C’est étrange comme il se sent tout à coup seul et sans défense sans la présence visible du lapin. Étrange et idiot, ce n’est pas un lapin qui allait le protéger contre les dangers du monde extérieur. Sûrement est-ce juste parce que son esprit n’est plus occupé et que tout est trop immobile et silencieux. L’angoisse l’enveloppe à nouveau, qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière toutes ces tombes et parmi toute cette végétation ? Il faut qu’il quitte cet endroit le plus vite possible, qu’il rentre en territoire Sekmet, là, où il sera en sécurité. Là aussi où on lui criera encore dessus parce qu’il est rentré sans proie à ajouter au garde manger, et d’où on le jettera peut-être dehors, dans la pénombre, jusqu’à-ce qu’il ramène quelque chose, si les Sentinelles ne sont pas de bonne humeur. Mais bon, c’est le lot de tout le monde, n’est-ce pas ? C’est normal qu’on lui demande d’aller aux bouts de ses capacités, pour faire de lui un loup meilleur, plus fort. Tout ceci est pour son bien et le bien de la Meute en général.
N’est-ce pas ?
Fjorgur est sur le point de partir quand une odeur inconnue lui parvient aux narines. Elle vient bien d’un loup, mais il ne peut pas en distinguer la Meute. Un Solitaire ? Ou ... Un cannibale ? Un bruit de raclement de gorge suit. Fjorgur se retourne rapidement, prêt à se battre si besoin il y a, tous les sens aux aguets. La peur disparaît, remplacée par l’instinct de survie. Qui peut bien venir sciemment dans un lieu tel que celui-ci au crépuscule ? Un loup d’apparence assez large, au pelage sombre difficile à distinguer du sol noir, et aux yeux vairons dont Fjorgur devine que l’un est aveugle, au vu de sa coloration ; voilà qui. L’étranger affiche un sourire qu’il est difficile pour Fjorgur d’interpréter. Celui-ci hume rapidement l’air à la recherche d’une autre présence, mais rien. Ils sont seuls.
Si c’est un cannibale, il ne ressemble pas du tout à ce que qu’on avait raconté à Fjorgur. Où sont donc les yeux rouges, les griffes incrustées de sang, l’odeur de la mort, et le pelage crasseux qui tombe par touffes ? Où est la férocité et la soif de sang dans son attitude ? Il ne peut donc pas être un cannibale, sinon cela voudrait dire qu’on lui aurait menti. Et pourquoi lui aurait-on donc menti ? Jamais la Meute ne lui aurait menti.
N’est-ce pas ?
Fjorgur reste tout de même méfiant à l’égard de l’étranger, qui sait quels motifs il peut bien cacher, mais il se détend un peu.
« Bien le bonsoir, Mémoire des Mondes. Tu es visiblement devenu bien plus instinctif pour exprimer ton dépit. Mais ne t'inquiète pas. je pourrais t'aider à ramener une proie à ton camp, si la chance nous le permet. Tu ne décevras pas ta meute. »
Il l’a appelé par son nom. Il le connaît mais lui ne le connaît pas. Comment peut-il être au courant de son nom ? Fjorgur a un mouvement de recul. Pourquoi l’étranger lui propose-t-il de chasser avec lui ? Il fronce les sourcils. Qui est cet individu ? Un Solitaire bienveillant ? Un espion Esobek ou un mercenaire à leur service qui cherche à lui soutirer des informations ? S’il voulait attaquer le jeune loup, il l’aurait déjà fait, mais pourquoi vouloir l’aider ?
«Qui êtes vous ? Et comment est-ce que vous connaissez mon nom ?»
Sa voix tremble légèrement. Il a peur, mais un Sekmet ne devrait pas avoir peur et encore moins montrer un quelconque signe de faiblesse. Il déglutit difficilement, tente de se redresser pour paraître plus assuré, mais ses yeux fuyants trahissent toujours son état psychologique.
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Dim 16 Nov - 17:55
«L'aube d'un crépuscule, ou le crépuscule d'une aube ?»
– Réduit la gravité des Blessures reçues
– Augmente la gravité des Blessures de l'adversaire
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– 2 proies au lieu d'une seule lors d'un 18 au dé
– 1 Lancer de dé de chasse supplémentaire
– +3 aux résultats du dé de chasse
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Sam 29 Nov - 12:53
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Jeu 11 Déc - 14:40
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Fjorgur
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Le temps se rafraîchit. De la buée sort du museau des deux loups à chaque expiration. Le silence recouvre la discussion de son voile étouffant mais impossible à percer. Fjorgur s’agite, sa queue bat l’air rapidement, sous l’influence de sa nervosité. Il essaie de continuer à fixer l’étrange individu qui se trouve devant lui, mais ses yeux fuient. Ils fouillent les alentours à la recherche d’une échappatoire. Il pourrait faire demi-tour rapidement et s’échapper, après tout, il en avait tout à fait les capacités ; mais quelque chose le clouait au sol. Quelque chose d’inadmissible : ce sentiment mêlé de curiosité et de peur, qui allait à l’encontre de tout instinct de survie. Comme lorsqu’on se tient au bord d’une falaise et que l’étrange envie nous prend de sauter.
Une éternité d’angoisse passe avant que le loup noir ne reprenne la parole.
« Je te surveille depuis bien longtemps. Toi, le loup qui ne voit pas même l'injustice dans laquelle il baigne depuis sa naissance. »
Les tremblements de Fjorgur stoppent et laissent place à la complète immobilité ; la surprise prend le pas sur la peur. Il a même un léger mouvement de recul, comme un déni de ce que l’autre vient de lui dire. Comment se fait-il qu’il l’ait surveillé sans que Fjorgur ne le sache ? Qu’est-ce donc que cette histoire d’injustice dont il parle ? Pourquoi être aussi mystérieux ? Bon sang, mais qui est ce loup et que lui veut-il ?
Le noir se lève alors et la Lune éclaire son visage, faisant ressortir encore plus la discordance entre ses deux iris. Que lui était-il donc arrivé pour que son oeil droit perde sa pupille et prenne cette étrange coloration ? Le même sourire étrange est toujours affiché sur son visage. Il se détend et Fjorgur fait de même, mais reste encore aux aguets.
«J'ai à te parler. Sur ta meute. Et sur les doutes qui rongent ton cœur depuis que tu laissas cette jeune louve Esobek s'en aller, lors de la Pluie de Sang. »
Le Chasseur recule à nouveau, confus. Comment peut-il savoir ? Comment peut-il l’avoir suivi, ce jour où la pluie avait pris feu et brûlait quiconque elle touchait ? Sa patte arrière bute contre une dalle qui ressort du sol, il s’arrête, fixant toujours le loup noir. Comment peut-il être au courant de ce que Fjorgur porte dans son coeur ?
«P-Pourquoi est-ce que vous me suivez depuis tout ce temps ? Qui êtes vous ? Pourquoi moi ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire de ... d’injustice ? Mais qu’est-ce que vous me voulez ?»
Pourquoi est-ce que tout lui tombe toujours dessus ?
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Mar 16 Déc - 16:56
«L'aube d'un crépuscule, ou le crépuscule d'une aube ?»
Fjorgur
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Le noir s’approche alors que Fjorgur reste immobile, coincé dans la tétanie de son esprit. Qu’est-ce qu’il aurait donné pour avoir la force de prendre la décision de fuir, et de la suivre jusqu’au bout ! Mais non, il reste là, incapable d’esquisser un mouvement.
«Je suis ceux qui attirent mon oeil.»
Le jeune Chasseur fronce les sourcils. Il est ceux qui attirent son oeil ? Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Il est plusieurs personnes à la fois ? Est-il schizophrène ? Mais alors, si on suit ce raisonnement, il est Fjorgur ? Ca n’a aucun ... Oh mais non, bien sûr ! Il suit ceux qui attirent son oeil, du verbe suivre pas être. Tout d’un coup, ça a beaucoup plus de sens. Ah, oui, c’est beaucoup mieux comme ça.
Mais trêve de tergiversions Fjorgur, revenons-en au coeur de la situation.
L’étranger ferme son oeil bleu, et le violet de l’autre ressort encore plus, seule tache de couleur encore présente sur ce pelage de nuit. Il est aveugle de cet oeil, sans aucun doute. Fjorgur n’est pas des plus doués en biologie, mais il sait très bien qu’il est impossible de voir sans pupille, et l’oeil en était dépossédé. Il se demande une fois de plus ce qui a bien pu lui arriver, car il est bien impossible de naître avec un tel iris, ça aussi il le sait.
Mais le plus important est la rassurante et terrible conclusion qui découle de ces paroles accompagnées de cette action : Fjorgur a attiré l’oeil de Sora. Rassurante, car cela veut bien dire que Fjorgur ne va pas mourir tout de suite, s’il attire effectivement l’autre ; terrible, car en quoi l’attire-t-il ? Ce dernier aspect prend vite le pas sur le premier, car Fjorgur se met à redouter quelque chose de pire que la mort, une humiliation telle que plus jamais il ne pourra retourner chez les Sekmets. Mais quelque chose lui dit que cela ne va pas arriver. Non, à bien y réfléchir, cela ne concorde pas avec ce qui s’est passé jusqu’ici. Pourquoi lui confier qu’il a des choses à lui dire si c’est pour ensuite faire ça ? Enfin, l’hypothèse reste tout de même bien présente, bien que peu probable.
Le noir est tellement proche de lui maintenant que Fjorgur peut sentir sa respiration chaude, avec laquelle il se met inconsciemment en cadence. le Chasseur se rend alors compte de la tension inconfortable qui règne dans son corps et se relaxe un peu.
«Mon nom n'a guère d'importance. Je te laisse donc, le soin d'en décider.»
C’est bien la première fois qu’on la lui fait, celle-là.
«Voyons, mon petit. Tu dois bien avoir ton idée là-dessus. »
Non, Fjorgur a bien plus d’une idée et d’un scénario dans sa tête et ne sait pas trop ce qui est le plus probable.
«Je souhaite t'apporter mon aide. Mais pour cela, il faudra que tu me fasses confiance. »
«Votre aide pour quoi ? Et pourquoi est-ce que je devrais vous faire confiance, d’abord ? Vous connaissez tout de moi, alors que vous ne voulez même pas me dire votre nom !»
Fjorgur se surprend lui-même avec ses paroles. Mais il en marre de cette situation dans laquelle il est bloqué depuis un moment. Que l’autre soit un peu direct avec lui, ça leur épargnerait du temps à tous les deux ! En plus, il ressent cette étrange sensation comme quoi il peut être complètement franc avec l’autre, et peut-être même lui faire confiance. Il doute plus de lui-même que du noir, en fin de compte.
«Franchement, j’en ai marre de vos devinettes, monsieur mystère, alors allez droit au but ! De toute façon, vous ne m’im...pressionnez ... pas ...»
Y a-t-il pire bluffeur et menteur dans le monde que Fjorgur reste un autre mystère qui ne sera sûrement pas résolu aujourd’hui.
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Mar 16 Déc - 19:15
«L'aube d'un crépuscule, ou le crépuscule d'une aube ?»
Fjorgur
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Mer 17 Déc - 12:09
Pathétique. Risible. Fjorgur aurait mieux fait de se taire et de ne pas prononcer cette dernière phrase. De a colère envers lui-même, voilà ce qu’il ressent. Quel bel incapable il fait. Et l’autre part dans un bref rire hystérique. Moqueur ? Non, pourtant. C’est le rire d’un parent quand son jeune enfant lui dit une adorable bêtise. Un enfant, c’est vraiment là ce que l’étranger croit qu’il est ? Non, Fjorgur est bien loin d’être un louveteau et il refuse qu’on l’infantilise ainsi. Il lui sauterait bien dessus, sur le borgne, et celui-là verrait bien ce qu’il traite d’enfant quand les griffes du Chasseur seront plantées dans sa chair.
Mais l’autre s’arrête de rire et sourit largement. L’écho de sa voix disparaît peu à peu et le calme revient. Fjorgur déglutit, et tout souhait d’entrer en combat avec l’autre disparaît. Aurait-il peur de lui ? Non, un Sekmet n’a jamais peur des autres. La colère du Chasseur n’est pas retombée cependant, elle bout toujours à l’intérieur et attend de ressortir.
Il éternue quand les poils noirs lui caressent le museau. La marmite d’eau bouillante qui l’habite tremble de plus belle, ses griffes se plantent dans le sol.
«N'aie peur de me craindre, car si je le voulais, tu pourrais bien être mort. Si je le voulais.»
Et pourtant il n’agit pas. Il sait tout cela, et il reste planté là, avec ses yeux fuyants et son attitude de lâche. Il pourrait exploser à tout moment, et qui sait si à ce moment-là il va s’en prendre à l’étranger ou à lui-même.
«Si un simple nom a tant de valeur pour toi, je vais donc t'offrir celui que mes géniteurs m'ont donné. Sora. »
Mais déjà l’étranger n’en n’est plus vraiment un. Sora qu’il s’appelle. Fjorgur trouve que c’est un nom ridicule pour un loup et qu’on aurait plutôt donné à un chat (belle remarque de la part de quelqu’un avec une faute dans son nom) mais ce n’est là que la colère qui parle. Il devine que l’autre a quelques problème avec ses parents, ben voyons. C’est comme ça qu’il justifie de prendre en proie des jeunes loups en pleine nuit, avec la frustration ?
«Tu veux que j'ailles droit au but ? Dans ce cas, assis toi, et écoute attentivement, sans m'interrompre. Si tu as d'autres questions, poses les avant. Car, à l'instant où j'aurais finis, je m'en irais. »
Fjorgur ne réfléchit même pas. Il veut juste sortir de cette situation le plus vite possible et pouvoir laisser sa colère exploser sur quelque chose d’autre. Toutes les questions qu’il aurait pu avoir se sont envolées. Le Chasseur laisse tomber ses fesses par terre, ce qui fut un peu douloureux au vu du fait qu’il s’est brutalement assit sur une pierre qu’il n’avait pas vu, mais il cache son inconfort. Il ne s’agirait pas de paraître faible à nouveau.
«Si c’est ce qu’il faut pour que vous me laissiez partir, alors allez-y, parlez. Et après vous me laisserez tranquille et je ne vous reverrai plus jamais, Sora.»
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Ven 19 Déc - 19:42
«L'aube d'un crépuscule, ou le crépuscule d'une aube ?»
Fjorgur
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Lun 22 Déc - 14:35
Quelque chose change dans l’attitude du loup noir. Le sourire qui refuse de quitter son visage s’est mué en quelque chose d’étrange et terrifiant. Un frisson parcourt le dos de Fjorgur, qui se décale très légèrement pour soulager son pauvre postérieur meurtri.
Sora prend son temps pour s’installer, de la même manière qu’un Alpha l’aurait fait avant de prononcer un discours important. L’anxiété revient : que s’apprête-t-il à lui dire ? Fjorgur a la très désagréable sensation que ce qui va suivre va bouleverser sa vie et que rester là avait été une erreur. Il aurait dû partir à la première occasion, pourquoi ne l’avait-il pas fait ? Parce qu’il voulait se montrer brave à la face du danger ? Mais seuls les lâches ont besoin de prouver leur bravoure.
Le Chasseur se voit contraint de soutenir le regard décontenançant du monstre, quoique décontenançant est un bien faible mot pour le décrire. Il est bien plus que ça. Il le pénètre, fouille à l’intérieur de son âme, comme s’il voulait s’en repaître. Mais Fjorgur ne peut pas le lâcher des yeux, il est comme agrippé. Il a mordu à l’hameçon et maintenant il ne peut plus s’en défaire.
Sora commence à parler ; la ligne se tend. Il s’arrête pour prendre une grande inspiration ; pour affirmer sa prise sur la cane. Et enfin, il reprend ; et il commence à doucement tourner le moulinet. Au début, Fjorgur se débat sans trop de mal. Il contre cet assaut par des doutes et des questions : comment est-ce qu’un étranger pourrait savoir ça ? Pourquoi lui raconter des inepties pareilles ? Pourquoi est-ce qu’il devrait faire confiance à un étranger plutôt qu’à sa propre Meute ? Nouvelle pause. La ligne reste tendue, mais Fjorgur flotte toujours à une profondeur d’obscurité confortable. Il a tout le loisir de réfléchir à ses questions pendant ce laps de temps. A la première, Sora avait répondu. A la deuxième et à la troisième s’opposent deux autres questions, respectivement : qu’est-ce qui prouve que ce sont même des inepties ? et : la Meute elle-même n’avait-elle aucune raison de lui mentir ? Bien sûr qu’elle en avait : Sora vient de lui en donner une partie. Et la deuxième partie va suivre ...
Il est brusquement tiré à nouveau vers la surface, se débattre devient plus difficile, plus douloureux. Il ne se rend pas compte que pour que ses souffrances s’arrêtent, il suffit de lâcher prise et d’arrêter le mouvement fébrile de ses nageoires du doute. Tout ce que le loup noir lui dit est remplit de sens, mais il se refuse de l’admettre. Il refuse de se laisser être extirpé hors de cette eau dans laquelle il se sentait si bien, dans laquelle il avait un but, une fonction. L’ascension s’arrête pendant quelques secondes. Il peut voir la surface et les reflets aveuglants du soleil sur l’eau qui ondule. Ses yeux sont trop habitués à l’obscurité que pour recevoir une aussi grande quantité de lumière d’un coup. Il veut redescendre, retourner dans les confortables ténèbres des fonds de la mer de l’ignorance.
Mais cela lui est refusé alors que Sora tire un dernier coup sur la ligne.
«Encore aujourd’hui, personne ne t’aime. Personne ne veut de toi. »
Fjorgur est brusquement projeté hors de l’eau. Le soleil, la vérité, le brûle. Il atterrit sur le sable, suffoquant du manque d’oxygène. Il est projeté dans un monde dans lequel il n’a pas sa place.
Sora se lève et s’éloigne. Le lien entre eux est rompu. L’hameçon est retiré du poisson, qui se précipite pour retourner à l’eau et y respirer enfin librement ...
Fjorgur inspire à fond. Il ne s’était même pas rendu compte qu’il avait retenu sa respiration pendant tout ce temps. La tête lui tourne, sans qu’il sache si cela provient du manque d’oxygène ou de ce que Sora vient de lui dire ; ou d’un mélange des deux. Il lui semble que le monde autour de lui a changé. La Lune ne brille plus de la même lumière, l’odeur du cimetière a changé, le chant des criquets ne sonne plus de la même manière. Tout a changé, tout a pris un sens nouveau. Le monde n’est pas ce que Fjorgur avait imaginé.
Le poisson, qui s’était précipité pour retourner aussi profond que possible dans la mer, s’arrête à mi-chemin et se retourne pour regarder la surface. Le monde là-haut est tout autre que celui d’en bas. Il est cru. Tout y est illuminé par la lumière du soleil, tout apparaît sous son vrai jour. C’est un monde dangereux, et il faut développer des poumons pour y survivre, mais tout y semble tellement plus vrai qu’en bas, telle nouveau ...
Il ne sait si tout ce que l’autre a dit est vrai, mais ça a tellement de sens ... Quelque chose, quelque chose au plus profond de lui-même, lui dit qu’il a raison sur un point : Fjorgur n’est aimé de personne. Il s’en rend compte maintenant, oh ça oui. Quel idiot il a pu faire pendant tout ce temps, quel idiot est-il encore aujourd’hui, à faire tout pour ceux qui le méprisent. Il le savait, au fond, il savait tout cela. Mais il ne voulait pas que ça change. Il voulait rester celui qu’il était, rester dans la simplicité, la monotonie, la sécurité. Plus maintenant.
Il est temps de nager vers la surface. Il est temps d’évoluer.
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L'aube d'un crépuscule, ou le crépuscule d'une aube ? [Sora]