-Ne me faite pas de mal ! Non ! Je vous en supplie non ! Une râle se faisait entendre dans la tanière, un loup venait d'être réveillé par la rousse qui hurlait comme un putois ! Gênée, elle sortit immédiatement de cette espèce de "grotte", enfin de ce truc. Reprenant petit-à-petit ses esprits, elle prit un animal dans la réserve de gibier, un lapin assez maigre mais c'est ce qu'elle préférait parmi toutes les autres bestioles disponibles. S'éloignant avec cette carcasse qui pendait dans sa gueule elle s'allongeait un peu plus loin prenant le temps de le dévorer. Ce rêve... Était-ce un morceau de son passé oublié ? Elle voyait encore ces trois humains l'attraper par la peau du cou et l'allonger sur cette espèce de table. Là, ils avaient fait de multiples expériences sur elle, jusqu'au moment ou elle avait été entrainée dans une cage, puis elle les vit empoigner un couteau et commençer à lui couper quelque poil. Horrifiée elle s'était heureusement réveillée à ce moment là, la peur lui nouait encore le ventre. Cela pouvait aussi être un simple cauchemar, mais ça n'expliquerait pas comment elle aurait pu inventer autant d'objet qu'elle n'avait jamais perçu auparavant.

Ses pattes prenaient le contrôles, aujourd'hui c'étaient elles qui allaient décider de l'endroit ou elle allait aller. En soit elle se dirigeait sans véritable direction, elle marchait tout simplement. Aujourd'hui il n'y avait pas de vent et elle ne sentait pratiquement plus le froid sur sa fourrure, celle-ci avait sans doute doublée de volume pour la protéger. Observant les environs comme à son habitude, elle commençait à s'y faire de voir des paysage totalement dévastés de toute façon elle n'allait voir que cela pour le restant de ces jours. C'est à ces moments là qu'une haine refoulée prenait place, cette haine qui était et serait toujours présente, celle qui pourrait la pousser à tuer, oui à tuer l'un de ces humains. Ils avaient tout détruit, leur égoïsme les avaient poussé à ne penser qu'à eux comme si ils étaient devenu en quelque sorte le centre du monde. Soufflant du museau elle n'avait pas fait attention au temps qu'elle venait de perdre, la nuit avait prit sa place et elle, elle vagabondait alors que c'était assez risquée d'être seul en pleine journée.

Comme-ci quelqu'un l'avait entendu penser, une odeur étrangère lui parvenait au museau. Grognant sourdement elle se demandait qui cela pouvait-il bien être, encore un solitaire ? En général ils n'étaient pas dangereux car vivant seul ils ne pouvaient pas prendre le risque d'engager un combat et donc d'être blessés, sinon ils ne pourraient chasser et donc dans ce cas ils mourraient. Suivant cette odeur, elle comprenait maintenant qu'elle parvenait des collines, qu'est-ce que quelqu'un pouvait-il bien y faire en pleine soirée ? Ce fut entre l'étonnement, l'agacement ainsi que la crainte qu'elle percevait enfin l'étranger, ou plutôt l'étrangère. C'était une louve au pelage fauve parsemé de rayures grises, ses pattes quant-à elles étaient pratiquement blanches, en soit elle était originale. S'approchant, Plume courbait légèrement la tête tout en grondant, elle était de mauvais poil aujourd'hui surtout à cause de ce maudit rêve. Cependant elle comprit que la louve qui lui faisait face était plus terrorisée qu'autre chose, elle n'avait donc sûrement pas prévue cette rencontre. La rousse était encore trop loin pour comprendre ce qu'elle marmonnait mais une fois face à elle, voyant qu'elle inclinait sa tête en guise de respect, du moins c'est comme ça qu'elle interprétait la chose, elle prit la parole.

-Que fais-tu ici ? Tu t'es perdue ?

Elle avait arrêtée de grogner cela ne servait à rien étant donné qu'elle était déjà totalement affolée. S'asseyant devant elle, elle prenait le temps de la détailler, elle n'était pas bien grande, pas très menaçante, pourquoi restait elle solitaire ? Avec un gabarie et un caractère comme le sien le mieux aurait été une meute. Enfin après, elle avait sans doute une bonne raison pour rester seule, on avait tous et toujours de bonnes raisons. Mais la louve ne devait pas rester ici, Plume allait devoir la faire partir soit en usant de la force soit en attendant qu'elle le face d'elle même. Pour le moment elle allait attendre et voir avant d'envisager quoique ce soit, elle n'aimait pas la violence gratuite c'était contraire à sa façon de penser et de faire. Personne n'était là pour la juger, et donc elle était maitre de ce qui allait se passer. C'est ainsi qu'elle attendait une réponse de la part de cette louve, une réponse qui allait déterminer la suite de cette rencontre.

Alors que son regard se perdait, un frisson vain la parcourir, elle se revoyait dans un bâtiment, ce même bâtiment qu'elle avait vu dans son rêve, celui qui avait été à l'origine de tout ses calvaires, cela lui revenait. C'était un chapitre de son vécu elle était là apeurée, figée dans le froid glacial de l'hiver. Chaque soir des bruit de pas se faisaient entendre alors qu'elle, elle était enfermée dans une cage avec d'autres canidés. Bien-sûr ils n'étaient pas enfermés ensemble, ils avaient chacun leur cage qui était relativement petite. Ils vivaient tous dans le stress constant, la peur que ce soit à leur tour de sortir de cette cage ce qui signifiait qu'ils n'allaient pas revenir ici, qu'ils disparaitrait pour toujours. C'est comme ça qu'elle avait vécu pendant quelque temps, elle ne saurait dire combien de temps exactement mais cela lui était paru comme étant une éternité. Puis de nouveau ce trou noir, elle ne savait pas ce qui lui était arrivée ensuite. C'est un peu froissée qu'elle reprit conscience que la louve qui lui faisait face venait de lui répondre. N'ayant pas compris, ou plutôt entendu ce qu'elle venait de lui dire elle attendait qu'elle se répète, automatiquement elle allait le faire de toute façon.

- Ah désolée ! Les collines désertes, c'est ici j'aurais du préciser. Mais ces collines, tu les appelles pas comme ça, je me trompe ? Mais et toi, comment tu t'appelles. Et tu fait parti d'une des "meutes"?

Elle en posait des questions celle-là, c'était un drôle de nom "les collines désertes" mais vu l'état de cet endroit c'était logique que les loups solitaires les nomment ainsi. Eux il les appelaient les collines escarpées c'était tout aussi "charmant" comme nom. Elle avait seulement entendu le mot "Hybride" dans la première phrase de la louve, cela devait donc être son nom. C'était un beau nom, peut-être que la louve n'avait pas que du sang de loup mais cela aurait été indiscret de lui demander. Quant-à elle, elle se nommait Plume Rousse, l'origine d'un nom aussi différent des autres elle ne la connaissait pas et en vérité elle ne s'était jamais vraiment questionnée la dessus, un nom n'était qu'un nom après tout... C'était juste une façon pour se facilité la tâche quant il fallait désigner quelqu'un de précis. Pour sa meute elle allait tout simplement lui dire qu'elle était une Esobek, elle était fière d'en être une cette meute avait beaucoup d'honneur à ses yeux. Ils acceptaient les solitaires pour qui tout s'était effondrer alors que les autres se contenteraient de les éliminer. Prenant enfin la parole, elle annonçait la chose d'un ton qui se voulait neutre.

-Nous les appelons les Collines Escarpées, ensuite je me nomme Plume Rousse et oui je fais partis d'une meute, celle des Esobek., marquant une pause elle reprit ensuite, Cependant tâche de ne pas revenir ici, cela risquerait de t'attirer des soucis à l'avenir.

Si elle revenait elle devrait l'attaquer et donc lui faire comprendre que ce n'était pas une bonne idée. Cependant elle savait que la louve l'avait sans doute compris et qu'elle ne reviendrait pas, du moins pendant les jours à venir. Restant assise face à elle, Plume enroulait sa queue autour de ses pattes paraissant être assez calme. A quoi bon respirer la haine ? Cela ne changeait rien excepté des blessures en guise de bonus, parler calmement arrangeait tellement mieux les choses, si ils pouvaient communiquer pourquoi en usaient-ils si peu ? Cela restait et resterait toujours incompris de la part de cette louve. Elle n'aimait pas la façon dont les siens, ses frères, et donc par là tout les loups en général, se comportaient envers ceux qui n'étaient pas de leurs meutes. Surtout pendant ces temps durs ou ils devraient favoriser le soutien plutôt que la violence injustifiée et donc gratuite. C'est en soupirant qu'elle tournait légèrement la tête pour fixer la lune qui avait prit sa place, elle était magnifique, et alors qu'elle se concentrait sur celle-ci, elle attendait tout en même temps, que la louve réagisse.

Cette lune était entière, et blanche. Il devait-être tard et la louve ne devait pas trop tarder, le lendemain elle allait devoir aider la meute pour ses tâches quotidiennes. Frottant de nouveau sa truffe avec sa patte avant droite, elle laissait son regard parcourir le ciel? qui pour une fois n'était pas trop nuageux. Elle se demandait si les hommes regrettaient leurs actes, ou si au contraire ils en étaient fier de s'être entre tuer, mais la véritable question était pourquoi ? Plume ne le savait pas, mais elle pensait que c'était à cause d'une histoire de délimitation de territoire, à vrai dire ils étaient très possessifs comme eux, les loups. Certains hommes n'aimaient pas les loups, car car seul ce qu'ils pouvaient contrôler avait une véritable importance à leurs yeux hors un loup reste libre même derrière des barreaux, ou enchainé. C'est en soufflant légèrement du museau, dégageant par là une épaisse buée qui prouvait qu'il ne faisait pas très chaud, qu'elle tournait de nouveau sa tête vers l'autre louve, plongeant son regard bleuté dans le sien tout en écoutant ce qu'elle avait à lui dire.

- Ne t'inquiète pas pour ta meute. Je faisait que passer et je connaissait pas l'existence des Esobek. De toute manière je n'ai pas apperçu l'ombre d'une proie. J'ai pas chasser., elle marquait une légère pause avant de reprendre. - Tu peut me chasser mais sache que je suis désolé d'être entrer sur vos terres. Je ne savait pas qu'une meute vivait ici.

Effectivement elle pouvait la chasser mais elle ne le ferait pas car là louve partirait d'elle même. Ce n'était pas à une heure aussi tardive que Plume Rousse allait courir après un autre loup, qui de plus est était un solitaire pour le faire sortir de leur terre. La logique voulait qu'elle n'ait même pas besoin de faire cela, du moins elle l'espérait. Un léger frisson venait lui parcourir l'échine quand le vent froid se fit sentir, quelques flocons de neige commençaient à tomber au sol. Ce spectacle était des plus magnifique, la louve rousse ne bougeait pas, son pelage commençait à être couvert de quelque flocon qui résistait à sa chaleur corporelle. Visiblement ils ne voulaient pas fondre mais c'est ce qui venait à arriver quelque minute plus tard. Tandis qu'elle se concentrait désormais sur des flocons de neige un croassement au loin vain la surprendre elle aperçut alors le coupable, du moins l'origine de ce bruit. Ce corbeau était comme tout les autres, c'est-à-dire noir. Il faut savoir que les corbeaux et les loups s'entendent bien en général, le corbeau était chargé de les avertir quand une carcasse était non loin, et le loup en échange laissait quelque reste pour lui. C'était un drôle de duo mais il fonctionnait.

-Dit moi, qu'est-ce qui t'as mené ici ? Tu as des problèmes avec d'autres loups ? se risquait elle d'une voix se voulant calme cette fois-ci.

A cette annonce elle prit tout de même le risque de s'allonger, après tout elle serait étonnée si la solitaire venait à l'attaquer. Mais en fin de compte c'était elle qui aurait prit un risque en faisant cela étant donné que Plume était sur son territoire et elle non. Fixant toujours le drôle d'oiseau elle attendait d'une oreille attentive une réponse, elle voulait savoir si les loups pilleurs s'en prenaient aussi aux solitaires même si au fond elle n'en doutait pas du tout. Si c'était le cas, alors tous étaient concernés aussi bien les loups de meute qu'eux. Au fond que voulaient ces loups sortit de nul part ? Le pouvoir, le sang, la mort ? A croire que cela n'était pas assez répandu dans le paysage, du moins la sensation de mort ainsi que de vide. C'était en plus survenu au moment ou une légère paix avait commencé à s'installer qu'il fallait que cela arrive, à croire qu'au fond le destin était véritablement contre eux. Mais elle ne devait pas être la seule, inquiète, à propos de toute cette histoire.

Elle ne voulait pas parler, c'est ce qu'elle voyait en regardant le comportement de la louve, son pelage semblait s'hérisser légèrement, avait-elle touché une corde sensible sans le vouloir ? C'est en plaquant ses oreilles qu'elle venait de mesurer les conséquences de ses actes, elle allait devoir faire partir la louve pour commencer, autrement elle risquait d'avoir des représailles de la part de son alpha. Se redressant elle commençait à s’impatienter, qu'allait-elle lui répondre ? Était-ce possible qu'un solitaire ait une vie passionnante ainsi que mouvementée ? Ou se contentaient-ils d'errer ? A vrai dire c'étaient des questions assez stupides étant donné qu'elle aussi l'avait été pendant un certain temps. Être solitaire ça voulait dire se battre pour vivre tout les jours, tout le temps, toutes les saisons... Éviter les meutes car c'était aussi être seul contre tous. Mais cela n'était pas toujours un choix, parfois on ne l'avait tout simplement pas. Il y avait ceux qui étaient chassés par les leurs, ceux qui avaient vécu en voyant la mort de leur famille et enfin ceux qui avaient un caractère trop atypique pour vivre en meute, et elle pourquoi l'était-elle ?

- Non, je n'ai pas de problème avec d'autre loup, j'en voit rarement. Je suis solitaire. elle marqua une pose, puis risqua cette phrase: -Et puis si je suis venue, c'est pour explorer. J'ai le droit de vouloir connaitre les terrain, non?

Plume ne répondit pas, elle se contentait de rester droite et de grogner dévoilant des crocs luisants sous la lueur de la lune. Pour qui se prenait-elle ? La louve avait été "sympathique" avec elle en ne l'attaquant pas et elle réagissait ainsi, en étant hautaine. Elle voulait la prendre de haut, Plume allait donc rapidement lui rappeler que non, elle n'avait pas le droit de connaitre tout les terrains. Qu'il fallait respecter les lois de chacun, c'est-à-dire ne pas empiéter sur les terres d'une meute, d'une famille. Elle espérait maintenant que la louve allait prendre peur et fuir, autrement elle n'allait cette fois-ci pas hésiter à se jeter sur elle pour la chasser de force. En tant que guerrière, certes recrue, de la meute elle se devait de faire respecter le territoire des siens, surtout en cette période ou le gibier était si rare. Alors que la rousse grognait, le corbeau prit son envole en croassant, annonçant par là les tensions qui étaient en train de naître entre les deux louves.

Alors qu'elle grognait sur la pauvre solitaire, la neige continuait de tomber et en même pas l'espace de quelque minutes le sol était couvert d'un léger manteau blanc. La respiration de notre rousse était assez rapide, elle ressentait une légère excitation à l'idée de chasser un intrus de son territoire, même si au fond elle n'aimait pas se ressentit. Comment pouvait-on être excité à l'idée de faire du mal à quelqu'un ? Elle reniait, grâce à ses idées, sa façon de penser, la seconde nature que trop de loup laissaient prendre le dessus. Gardant ses oreilles plaquées sur son crâne, elle se souvenait du grand loup noir au reflet bleuté qui lui avait arraché sa moitié d'oreille droite. Elle avait eu le malheur de s'en approcher de trop prêt en croyant qu'il était blessé, mais il ne l'était pas il dormait et c'était son pitoyable état qui avait tromper Plume. Au lieu de laisser la louve s'expliquer il s'était jeté sur elle et l'avait mordu sèchement, elle avait réussi à se dégager et à fuir par la suite, regrettant son acte. La voix d'Hybride la tirait désormais de ses pensées.

- D'accord, je part. Mais raccompagne moi, je suis perdu!, La peur se faisait sentir de sa part, - Je reviendrais pas promis! Mais je suis perdu dans les collines et je retrouve pas mon chemin! S'il te plait, raccompagne moi!

Devant son désarroi, elle ne pouvait refuser c'est donc en faisant un léger signe de tête qu'elle lui annonçait que oui, elle allait la raccompagner. Alors qu'elle prenait la décision de s'enfoncer dans les ténèbres de la nuit, elle observait avec attention les alentours, tout semblait si calme, trop calme au goût de la rousse qui était constamment sur ses gardes. Le vent quant-à lui soufflait de plus belle tandis que les petits flocons virevoltaient, comme si ils dansaient en cette nuit dite glaciale. Il n'y avait pas de mots, aucune des deux ne parlaient, Plume n'avait rien à dire si ce n'était qu'elle commençait à avoir pitié de cette louve solitaire qui semblait si sympathique et donc si fragile. Elle n'allait pas faire long feu si elle restait seule, mais cela n'était pas son problème elle devait en priorité se préoccupé des siens et donc arrêter de penser aux autres, si ils voulaient rejoindre une meute ils pouvaient le faire non ? Enfin elles arrivèrent vers la sortie des terres Esobek elle laissait la louve grise passée devant et s'éloigner.

-Fait attention à toi Hybride.

A ses paroles Plume faisait elle aussi demi-tour, elle devait rentrer et cette fois-ci elle était seule. Elle se sentait oppressée, le pourquoi du comment elle ne le savait pas c'était sûrement à cause de cette nuit froide. La lune n'était plus visible, les nuages qui étaient désormais présent la cachait à son plus grand malheur. Les petits être nocturnes étaient de sortie, il y avait des petits mulots ainsi que quelques oiseaux, mais elle était trop épuisée pour tenter d'en attraper un. Mais ce qui était sûr c'est qu'elle reviendrait demain pour chasser, elle avait besoin de s'entrainer pour se permettre d'évoluer, de changer. A force de jouer à la charogne dans son passé elle n'était plus très douée pour la chasse, elle était devenu un espèce de coyote finalement. Marchant lentement dans ces bois ou quelques pousses tentaient de survivre, elle se rapprochait du camp, elle pensait à son coin douillet, au chaud dans cette cave, c'est ce qui lui fit donc accélérer le pas. Elle y était enfin, ils dormaient tous, c'est discrètement qu'elle était entrée dans la cave, s'ébrouant avant de se rouler en boule dans un coin et de se laisser emporter par le sommeil.