Les derniers rayons du soleil disparaissent derrière l'épaisseur sombre de la forêt. Plus que quelques minutes avant que la nuit ne tombe, étalant son manteau noir sur le monde. Pas un nuage ne se profile à l'horizon, une nuit parfaite pour chasser. La douceur de l'air enivre mes sens, j'entends déjà grouiller le monde autour de moi. Je hume les effluves des êtres humains terrés dans leurs tanières pour la nuit, attendant le matin pour arpenter les rues abandonnées par leurs semblables depuis bien des années. Nous sommes en concurrence constante pour trouver des proies, et il nous arrive de nous entre-tuer, les hommes et nous, afin d'avoir un accès supplémentaire à la nourriture. Certains des miens, probablement les plus âgés ou les plus illuminés, penseront que nous aurions plus de chances de survivre en alliant nos forces. Mais qui serait capable de faire comprendre aux humains que nous ne souhaitons que survivre, tout comme eux ? Ces êtres sont abominables, vils et cruels. Et par-dessus tout, ils sont arrogants et stupides. Ils se pensent supérieurs parce qu'ils sont dôté de ce qu'ils appellent la parole, mais en fait ce n'est qu'un moyen de communication indistinct, désordonnés et pratiquement inutile. Ils ont voulu se démarquer des autres être vivants en créant leur propre language, et au lieu de se développer ils ont regressé. Au point d'oublier l'importance de la vie et même, de finir par ressentir des émotions qui leur sont propres, et qui les détruisent à petit feu. L'envie, la jalousie, l'ambition. Tout un tas de mots pour désigner la stupidité humaine. S'ils avaient su garder leurs instincts primaires, si leurs seuls désirs n'avaient toujours été que la subsistance de leurs différentes meutes, alors le monde aujourd'hui ne serait pas dans cet état lamentable.

J'arpente les allées de bêton démolies, là où après les guerres civiles, la Nature à repris ses droits. Je lance des regards vaguement intéressés autour de moi, faisant mine d'observer et d'analyser, mais cela fait bien longtemps que ma vue a été surpassée par mes autres sens, et que mes yeux ne sont plus que deux orbes azures ne me servant qu'à faire mine d'aller bien devant mes semblables. La vérité, c'est que je guette la présence d'un autre être vivant grâce à mon odorat et plus particulièrement grâce à mon ouïe bien plus développée que la moyenne de mes congénères. Il faut que je chasse, que je ramène quelque chose pour Kaya. Elle et moi avons besoin de nous nourrir et cela fait quelques jours que nous n'avons rien trouvé à nous mettre sous la dent. Si nous avons pris l'habitude de piller les habitations humaines et les tanières abandonnées pour trouver de quoi subvenir à nos besoins pour économiser nos forces, il arrive parfois que la chance ne soit pas de notre côté et qu'il devienne nécessaire de tuer par nous-même. Cependant, la chasse n'est pas l'activité qui me répugne le plus, au contraire. J'aime la traque, j'aime les pièges, la ruse, et j'apprécie particulièrement mettre à mort mes proies. Les voir souffrir, pouvoir me délecter de la terreur dans leur regard affolé, sentir les effluves de la peur dans leur pelage, et enfin goutter leur sang sur ma langue, couler entre mes dents. Me repaître de leur chair chaude et tendre, vider leurs cadavres de tout ce qu'il contient. Hm ... La Mort ... Je perçois une odeur, sur ma droite, et je tourne instinctivement la tête dans cette direction, les oreilles dressées haut sur mon crâne. Quelque chose approche. J'analyse les particules odorantes qui flottent dans l'air, et je reconnais l'odeur caractéristique d'un loup. Je m'immobilise et j'observe la pénombre, cherchant la silhouette qui s'approche irrémédiablement de moi. Je n'ai pas peur, pas le moins du monde. Mais je montre les dents et je gronde, hérissant mon pelage, quand je réalise qu'un Sekmet arrive dans ma direction. Je les haie, tous autant qu'ils sont. Sous mes grondements menaçants, une seule pensée demeure. Je murmure pour moi-même, un sourire carnassier se dessinant sur mes babines retroussées.

- Approches, douce créature, montres-moi ton visage ...