« Vous vous êtes approchés près du village des hommes, bien trop près. Ce n'est pas de votre faute après tout, vous avez été attirés par cette délicieuse odeur ... Mais attendez, c'était un piège ? Quoi qu'il en soit, les foutus bipèdes ont lâché les chiens, et se sont lancés dans une chasse aux loups. Vous tentez de fuir mais vous retrouvez tous les trois encerclés. Alors ? Mettrez-vous vos différents de côté pour laisser place à l'entraide, ou bien tenterez-vous de vous sauver seuls, aux dépends de la vie de vos congénères ? »

Y'a t-il des fois, dans ce foutu monde, où j'aurais de la chance quand j'en ai besoin ? Parce que personnellement, j'en doute. Définitivement. Cette petite virée apprenti-mentor a réellement tournée au drame. Alors que nous nous approchions du village des hommes, Kaïs et moi ont directement senti l'odeur alléchante de leurs entrepôts. Et bien sûr, on a directement foncé. Et on s'est prit Nitwit, forcément. Et maintenant, sous le ciel noir et couvert, on est encerclées par ces chiens sur une large distance.

Mais je sais que si on ne ruse pas, l’étau se resserrera et nous serons piégées.
Par ce rapide coup d'œil des environs, je prends le temps de intéresser à la Sekmet qui nous fait la joie de sa présence... Elle est plus âgée que moi de quelques mois, pourtant, dans sa manière d'agir et de parler - j'imagine, hélas, de penser - on dirait qu'elle n'est même pas apprentie. Je la prends en pitié... Sa manière d'être apeurée me prends en pitié.

Il m'est inutile de me présenter Kaïs. À notre manière de nous concerter du regard, j'ai peur que Nitwit se doute de quelque chose. Mais je me rappelle, évidemment, de sa simplicité d'esprit. Comment allons nous faire ? Je reste pétrifiée, queue et oreilles baissées, aplatie contre le mur d'un nid abandonné dans une large rangée d'autres. À ma droite, la forêt, dissimulée par d'autres maisons.

Des lumières larges et aveuglantes dansent sur le sol poussiéreux. Il ne me voit pas - pour l'instant. Je renifle. L'odeur des entrepôts de nourriture m'emplit la truffe, et l'idée que ce peut être la dernière odeur que je sentirais de ma vie m'apeure. Je me ressaisis. Ce n'est pas l'heure de se dégonfler.

Les aboiements et les cris d'hommes retentissent. Les voilà tous lancés dans une chasse au loup effrénée dans laquelle il n'y aura qu'un gagnant. Pas d'accord possible. Sois nous fuyons, sois nous mourrons. Un aboiement retentit si fort que j'en sens presque le souffle chaud et baveux du molosse dans mon dos.

« Humpf, grogné-je, groggy, lorsque je sens quelque chose me rentrer dans la côte. Quoi ? Que j'ajoute dans un souffle. »
Si c'est un homme, rien à dire. Il ne comprends pas notre langue - trop idiot. Si c'est Nitwit ou Kaïs, alors c'est bon signe. Enfin surtout dans le deuxième cas. Strictement dans le deuxième cas. Cela signifierait qu'elle a réussi à me rejoindre et qu'elle à me parler.

Les lumières ne me visent pas, et, dans le noir, je ne discerne pas réellement qui aurait pu me faire cela.

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