F: 17/ A: 8 / E: 10

Finalement tu ne t’es pas si mal habitué à ces nouvelles terres ainsi que les loups l’occupant. Certes mis à part un ou deux conflits - comme par exemple cet inconscient loup au nom d’Atlas - tu n’as pas rencontré grand monde et surtout, tu n’as tué personne. Ce qui à mes yeux relève du miracle. Comme quoi plus le temps passe plus les gens changent, j’en ai la preuve avec toi. Bientôt trois années que tu t’es remis de ta vie captive, enfin « remis » est un bien grand mot. Tu gardes toujours des séquelles du traitement que je t’ai imposé. Rien de plus jouissif.

Tu erres sans but précis depuis le petit matin, profondément plongé dans tes pensées. Comment puis-je le savoir ? C’est bien simple, tu ne prêtas aucune attention aux deux lièvres qui te filèrent sous le nez ou au grognement de plaisir d’un sanglier se vautrant de la boue non loin de toi. Tu ne penses à rien de précis, rien de logique et de particulier, des choses sans queue ni tête. De toute façon comment peut-on être réaliste quand on est rongé par la folie ?
Tu t’arrêtas tout d’un coup. Ah il était tant que tu le remarques quand même ! L’odeur qu’il dégage doit se sentir jusqu’en Alaska ! Tu fixes intensément le cadavre de ce qui était jadis un corbeau.
Un triste spectacle qui s’offre aux yeux. La « pauvre bête » a dû faire face à un prédateur peu scrupuleux, un tortionnaire complètement sadique même ! Sa tête a été proprement détachée du reste de son corps, un sang poisseux couvrait ses plumes, son ventre a été sauvagement lacéré. Les yeux du piaf fixaient le sol d’un regard vide, son bec était grand ouvert. Il avait connu une mort violente. Le plus abject dans cette histoire est que son prédateur ne l’a pas tué pour se nourrir, mais pour s’amuser. Voilà qui me semble palpitant ! Un être doté du même cœur que le tien vit sur ses terres ! A la différence que lui au moins ne néglige pas sa vraie nature ! Tes oreilles bougent en alerte, tu te détaches de la vision du corbeau et fixe loin devant toi. A part le bruissement du vent il n’y avait personne aux alent… ah si. C’est d’ailleurs grâce au vent que tu as pu le remarqué. Bien caché parmi buissons touffus, il s’était mis derrière ton dos de façon à ce que tu ne flaires pas son odeur mais maintenant que le vent a tourné, celle-ci se répond aussi distinctement que l’odeur de putréfaction du corbeau. Tu ne réagis pas, tu ne bouges pas. Puis tu décides de t’asseoir au même endroit, toujours en tournant le dos du loup qui de toute évidence a dû comprendre que tu l’as senti. Je te connais que trop bien. Ton geste a pour but de montrer à quel point tu ne craints pas l’auteur de la décapitation du corbeau – car c’est bien ce loup qui l’a fait – le cadavre étant fraîchement tué, son assassin n’a pas pu aller bien loin après avoir senti l’odeur d’un intrus approchant au loin.

« Je me ferai un honneur de connaître le chien galeux, auteur de ce crime impitoyable. » dis-tu avec tout le sarcasme et l’ironie du monde dans ta voix.

Un bruissement de feuilles te parvient, tu te retournas. Enfin tu l’avais devant toi. C’était bien un loup … enfin une louve.

Traquer. Tuer. Tels étaient les passe-temps favoris de Skull. Avant même l'aurore la Hordienne arpentait les terres neutres, en quête d'une nouvelle proie à torturer sous ses yeux remplis d'une joie folle. D'où lui venait cet habitude ? Nul ne le savait. Pas même elle.

Alors que l'astre brulant était déjà haut dans le ciel, Skull avait arpenté pour la seconde fois les terres inhospitalière du Marais des Griffes Vertes. Bien que l'endroit fut dépourvu de quelconque charme, la louve le trouvait à son goût. De nombreuses créatures se cachaient par ici, derrière un arbre mort ou un buisson jaunis, se cachant des prédateurs du marais. Ce qu'ils ignoraient, c'est qu'une créature bien plus terrible se trouvait non loin.
Skull s'était jetée sur un corbeau qui avait eu le malheur de s'être trouvé sur sa route et, sans ménagement, elle lui avait ouvert le ventre de sa griffe experte. Après lui avoir soutiré ses derniers cris d'agonie, exultante, elle avait mit fin à ses souffrances et lui avait tranché la tête d'un coup de croc. Les bonnes choses ont toujours une fin, malheureusement. Même si attirer l'attention ne la dérangeait pas le moins du monde, elle finissait par vite se lasser des tortures. Il fallait à la Hordienne une autre proie pour qu'à nouveau ce sentiment de toute puissance réapparaisse.

Son estomac ne réclamait rien, c'est pourquoi la louve avait laissé l'oiseau tel qu'il l'était, mutilé et sans vie.
Elle était absorbée par la contemplation de sa proie quand une odeur musquée lui parvint. Son odorat expert ne l'identifia ni comme un Esobek, ni comme un Sekmet ce qui, d'une certaine manière, n'avait aucune importance puisque Skull était dans ses droits par ici.

C'est le poil recouvert de sang qu'elle s'enfonça dans les buissons. Se mettant face au vent, elle patienta sans bruit que son visiteur se montre.
C'était un mâle de forte carrure, à qui le spectacle de l'oiseau mort semblait faire effet, à la façon dont il observait le cadavre gisant. Skull patientait, les yeux plissés. Elle sentit bien que le vent tournait, mais ne chercha pas à fuir. Une voix grave lui parvint:

_ Je me ferai un honneur de connaître le chien galeux, auteur de ce crime impitoyable., dit le loup dont la voix était empreinte de sarcasme.

Décidant que cet individu méritait son attention, Skull sortit des broussailles et vint se poster derrière lui. Il se retourna et affronta le regard de la Hordienne.

_ Fais donc attention à ton langage, car le chien galeux que tu as devant toi se ferait un plaisir de te faire subir le même sort que ce corbeau, rétorqua Skull en affichant son sempiternel sourire carnassier.

La louve se mit à tourner autour de son interlocuteur, les oreilles dressées et le sourire mauvais. Ses yeux, d'où brillaient une lueur d'intérêt, examinaient le solitaire.

_ Tu dois sûrement te dire que l'auteur d'un tel crime est un monstre assoiffé de sang, aussi sadique que les pires entités maléfiques que ce misérable monde ait jamais porté (elle partit d'un rire). Voila qui me définit parfaitement. Mais toi, qui es-tu ?

Sur ces paroles, elle s'arrêta et darda son regard inquisiteur sur l'inconnu.

« Fais donc attention à ton langage, car le chien galeux que tu as devant toi se ferait un plaisir de te faire subir le même sort que ce corbeau »

Bien évidemment Damoiselle ! Exactement ce que je m’attendais à voir : une louve irascible qui ne jure que par la mort.

Tu n’exprimes pas le fond de ta pensée de vive voix. Trop occupé à observer le manège de la louve qui s’est mise à tourner en rond autour de toi, comme un charognard autour d’une proie.

« Tu dois sûrement te dire que l'auteur d'un tel crime est un monstre assoiffé de sang, aussi sadique que les pires entités maléfiques que ce misérable monde ait jamais porté. »

Je pourrai dire qu’elle est beaucoup trop modeste si elle n’avait pas autant d’assurance dans sa voix. Son léger ricanement est une preuve que ce qu’elle avance n’est en rien un mensonge. Oui elle doit être certainement être terrifiante et a dû tuer de nombreuses fois sans jamais un seul état d’âme. Cependant, elle est loin d’atteindre le niveau de ton existence, par exemple je ne crois pas que celle-ci s’est un jour mise au cannibalisme tellement la faim la tenaillait…

« Voilà qui me définit parfaitement. Mais toi, qui es-tu ? »

Haha voilà qui commence à être intéressant et je suis aux premières loges pour assister au spectacle ! Déjà, tu t’avances pour bien faire face à la louve et la jauger de toute ta hauteur de mâle imposant. Tu t’exclames, laissant couler ta voix de velours liquide.

« En voilà de bien belles paroles ! Je ne doute pas une seconde que tu es la dite meurtrière dont tu te qualifies, il faut faire preuve d’un cœur de pierre et d’aucune conscience pour exécuter de cette façon ce misérable volatile. Je pense que l’on peut dire que cela nous fait un point commun ! »

Un sourire carnassier se dessina au coin de tes lèvres. On pourra croire à du respect dans tes paroles, si ta voix n’avait pas un ton aussi sarcastique. Ce qui m’étonne, c’est qu’il y a quelques mois cela révélait du miracle si on arrivait à te faire cracher dix mots, alors qu’aujourd’hui tu t’exprimes volontiers. Encore un fruit de la liberté qui t’a changée.

« Cependant au contraire de toi, moi je ne m’amuse pas à torturer plus faible que moi. Je qualifie ce geste comme de la (tu fis mine de réfléchir) … lâcheté. Tu vois ce que je veux dire ? »

Oh oui elle a bien vu ce que tu voulais et tes paroles ne lui plurent guère. Mais avant de lui laisser l’occasion de répliquer quoi que ce soit tu t’assis sur ton arrière-train et lui répondit de la façon la plus naturelle au monde.

« Qui je suis ? Le Père de la mort. Enchanté. »

L'inconnu la fixait, nullement impressioné. Il s'approcha et, gonflant son poil, il toisa Skull comme si elle n'était rien d'autre qu'un pauvre louveteau égaré. Leurs truffes étaient à quelques centimètres l'une de l'autre. La Hordienne relève les babines mais reste immobile. En vérité, elle rirait volontiers de la situation. Elle n'avait jamais eu peur des mâles - la preuve étant qu'elle ait tué ses trois aînés, de sang froid. Skull avait toujours était plus forte, plus résistante que ses frères. Seule Empress pouvait rivaliser, autrefois.
En cet instant, la louve n'a qu'une seule envie: planter ses crocs dans la chair noueuse de cet inconnu hautain.

_ En voilà de bien belles paroles ! Je ne doute pas une seconde que tu es la dite meurtrière dont tu te qualifies, il faut faire preuve d’un cœur de pierre et d’aucune conscience pour exécuter de cette façon ce misérable volatile. Je pense que l’on peut dire que cela nous fait un point commun !

Un point commun ? "Voyons cela…" pense Skull en toisant le mâle. Quelqu'un était-il capable de d'égaler la Hordienne en matière de cruauté ? Un sarcasme tout à fait agaçant perçait dans la voix du solitaire. Skull gronda.

_ Cependant au contraire de toi, moi je ne m’amuse pas à torturer plus faible que moi. Je qualifie ce geste comme de la (il fit mine de réfléchir) … lâcheté. Tu vois ce que je veux dire ?

La louve s'apprête à répliquer, acerbe, mais le solitaire continua son petit manège.

_ Qui je suis ? Le Père de la mort. Enchanté.


Skull rejète la tête en arrière et part d'un rire qui n'a rien de rassurant. Elle scrute le "Père de la mort" dans les yeux et réplique:

_ Qu'est-ce qu'un loup de ta sorte sait de la lâcheté ou de la dignité ? Ne joue pas à celui qui crois tout connaître de moi, solitaire. Tu le regretterais amèrement, cracha-t-elle, le fusillant du regard.

Elle s'approche un peu plus, les oreilles abaissées. Elle esquisse un sourire malsain et se remet à tourner autour du mâle au poil sombre. Bien qu'elle lui tapât sur les nerfs, l'audace de ce loup lui plaît. Elle s'assied en face de son interlocuteur.

_ Le Père de la mort ? Rien que cela ! Tu n'as pas trouvé mieux comme surnom ? , rétorqua la Hordienne.

Skull rit intérieurement. Ce pauvre mâle se tournait en ridicule.

_ Dans ce cas, laisse-moi me présenter à mon tour: Skull, Bourreau d'Agonie, meneuse de la Horde et conquérante de ces terres. Et ceci est mon vrai nom. Tu ferais mieux de t'en souvenir car bientôt, on ne prononcera plus que lui. D'ailleurs, je suppose que le hasard n'a rien à voir avec notre rencontre.

Elle se relève et s'approche, les yeux scintillants de défi.

_ Peut-être bien que tu pourrais m'être utile, Père de la mort. Mais aurais-tu seulement le cran de te joindre à moi ? Ou ta si grande dignité serait-elle blessée en t'alliant à l'horrible lâche que je suis ?

Skull esquisse un sourire. Elle aimait mettre au défi ceux qu'elle rencontrait. Une façon, peut-être, de tester ceux qui seraient apte à joindre ses rangs. Ceux qui auraient assez de cran pour dire "oui". Car après tout, il ne fallait que cela, du cran. Et un coeur de pierre, tout comme le sien.