N'entendant pas de bruit suspect, Karnac avança vers le hangar d'un pas vif. A l'intérieur, il découvrit de longues rangées de viande dépecé de toute peau. Vers le fond de la salle, le jeune loup aperçut une autre pièce. La-bas, il entendit des voix. Sûrement les sentinelles en train de garder le hangar. Ils parlaient fort ; ils étaient très bruyant. Tant mieux. Au moins, il ne l'entendrait pas le vol de Karnac. Dans ce hangar, il faisait très froid. Près du plafond de cette étrange grotte, une grosse caisse semblait diffuser cet air glacé. Gonflant son pelage, il traversa la pièce d'un bout à l'autre sans faire de bruit. Il se cacha derrière de grosses boîtes blanches. Le prince chercha du regard son butin. Il remarqua non loin une suite de carcasses de vaches. Il leur manquait seulement les pattes, le reste était présent. Une odeur divine flottait dans l'air, odeur de sang, de chair à vif et de viande. Elle mît en appétit le loup sombre. Il fallait faire vite. En quelques foulées, il rejoint une des carcasses. Elle était retenue par une grosse barre, accrochée à une grosse ficelle. Silencieusement, Karnac sauta et attrapa la corde avec ses crocs. Il serra très fort et finit par lâcher au bout d'un moment, la mâchoire en feu. Il examina son travail, ce n'était pas très concluant. Le loup recommença l'opération une dizaine de fois, et la corde sembla enfin se déchirer. Il tendit l'oreille ; on entendait toujours les hommes qui ne semblaient pas alarmés.
Un mélange de peur et d'excitation bouillait dans les veines du prince. Que d'aventure !
Soudain, Karnac entendit des bruits de pas. Il courut se cacher dans un recoin sombre. Là, il attendit. La tête allongée sur le sol, il vit deux pieds marcher vers le centre de la pièce. Puis silence...
- Nan, j'vois rien José. Dis à Francis qu'il est parano. Ça d'vait juste être le vent.
- Ok Gérard.
Le dénommé Gérard repartit et après quelque minute passe sans bouger, Karnac se leva et recommença à s'attaquer à la corde, avec plus de précautions cette fois-ci. Après un temps qui lui parut durer des heures, la corde finit par céder. La bête s'écrasa lourdement au sol, heureusement, les humains riaient aux éclats. Karnac se retint de ne pas s'attaquer goulûment à la bonne viande, et avec le bout de corde qui restait profondément encré dans la chair du cou de l'animal, il entreprit de la tirer pour rejoindre la sortie. Il devait être aussi silencieux qu'à son arrivée, mais avec un poid de plus de 300 kg à traîner.
Il s'arrêtait regulierement pour écouter, longeant les murs et préférant les recoins sombres et cachés. Après une heure, il rejoint enfin le trou irrégulier dans la tôle, derrière une vieille caisse. Réunissant ses dernières forces, il tira et poussa la carcasse pour qu'elle passe à travers. Cela prit un temps fou, mais il réussit encore une fois. Apres cela, il lui resta à la traîner jusqu'à l'autre trou sous le grillage électrifié. Dès qu'il fut devant, des bruits et des cris se firent entendre. "Au vol, au vol !". Des alarmes retentirent, des chiens aboyèrent.
Pris de panique, Karnac redoubla d'efforts. Il finit par réussir à passer loin butin de l'autre côté, bien qu'elle eut au passage à moitié grillé dans un grand bruit. Alors qu'il rejoignait le couvert des bois, des chiens très effrayants lui hurlèrent dessus.
C'était moins une.