Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.
Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.
La culpabilité... Ce sentiment qui vous ronge de l'intérieur... Qui vous pourrit et vous empoisonne... Ce sentiment est à la fois profond et éphémère. Il n'y aura jamais de répit pour les coupables.
Une ombre avance, silencieusement, avec fluidité, chacun de ses pas semble mesuré et étudié dans les moindres détails. Elle semble suivre quelque chose elle ne semble pas perdue et pourtant, cela fait peu de temps en ce monde, toujours seule, du moins en apparence...
Quand j'ai ouvert les yeux, le lendemain de sa mort et que je l'ai vu, je me suis demandé si je ne rêvais pas, elle était si belle dans son habit d'albâtre, comme toujours. Elle me fixait de ses yeux bleus intenses qui me rappelaient un ciel sans nuage, aussi limpide que son esprit avant qu'ils ne la corrompent de leurs esprits tordus et leurs cœurs, que je soupçonne d'être mort depuis des années, vu ce qu'ils ont osé nous faire. Elle me sourit et me regarda avec tendresse mais elle ne bougeait pas, elle n'avançait pas vers moi, elle ne m'a pas léché le museau ni n'a fourré son museau dans la fourrure de mon cou... Elle ne le pouvait pas et je l'ai compris à ce moment là, celui où elle disparut quand je refermais les yeux pour m'assurer qu'elle était bien là. Le lendemain, je la revis et le jour d'après aussi, chaque jour, elle restait un peu plus longtemps, j'avais appris à être patient, elle le méritait bien après tout. D'une certaine manière, j'espérait que je la retrouverais, un jour, en chair et en os, comme je la voyais avant, heureuse, elle faisait partie de moi, maintenant... Je ne vis plus, je ne fais que survivre, depuis qu'elle m'a quitté, je ne me reconnais plus, j'avais l'habitude de tuer, je m'y étais fait à la longue, c'était un devoir comme un autre... Je n'avais pas non plus le choix... J'ai du... Je ne dois pas y repenser, tu me l'as fait promettre, plus jamais, au grand jamais, je ne tuerais sans raison. Tu n'y étais pour rien et je t'ai perdu... Ce jour là, je me suis également perdu moi-même...
Perdu dans mes pensées, je n'avais pas entendu les bruits derrière moi, mais... Elle, oui. Elle ne me quittait quasiment plus, elle était avec moi, jour et nuit, elle me gardait. Elle m'avait prévenu avant son arrivé. Je me retournais et je vis...
Les ténèbres commencent peu à peu à engloutir les terres, les meutes rappelant leurs plus jeunes pour les mettre à l'abri des éventuels prédateurs, les oiseaux nocturnes montrant le bout de leur bec pour partir chasser les rongeurs imprudents. Alors que la vie continuait son cycle, une masse de poil grise et blanche filait, pelage au vent, courant à perte d'haleine, sans jamais s'arrêter, toujours tout droit … Que faisait-elle ? Ou allait-elle ? Partout et nul part à la fois. Elle voulait courir, courir dans les ténèbres de ces terres dévastes, qu'importe où, tant qu'elle pouvait filer là où elle le souhaitait, sans que personne ne l'arrête. Aujourd'hui, la jeune louve avait dû s'occuper de jeunes louveteaux du groupe. Cela n'avait pas été de tout repos, c'étaient de vrai petites terreurs et, désormais, elle avait besoin de respirer, de liberté et d'être seule. Elle s'était éloigné de sa petite meute, filant toujours tout droit, ignorant les limites des territoires. Qu'est-ce qu'elle en avait à faire après tout ? Ces meutes, elle ne s'y intéressait pas, sa famille, c'était les solitaires, ceux avec qui elle a grandit, avec qui elle a chassait, avec qui elle partageait sa nourriture. Les autres ? Elle n'en avait que faire, elle s'en méfiait …
Alors qu'elle commençait à sentir ses poumons s'enflammer sous l'effort, elle ralentit le mouvement, s'arrêtant, là, dans ce bosquet aux arbres morts, cet endroit qui sentait à plein nez le territoire des Esobek mais, elle s'en fichait. Trottinant, elle se mit à chercher un point d'eau, de quoi l'hydrater après cette course folle. La pluie était tombé il y a quelques jours de cela alors, elle devrait pouvoir en trouver … Humant l'air, elle marcha d'un pas tranquille dans cette forêt morte. Au bout d'un moment, elle finit par trouver ce qu'elle cherchait, une flaque d'eau. S'en approchant, elle renifla sa surface, ce n'était guère le moment de tomber sur de l'eau empoisonnée. Elle finit par s'y risquer, lapant la surface une fois, une seconde fois, puis jusqu'à être complètement hydraté. Une fois terminé, elle ouvrit grand sa gueule, baillant avant de se lécher les babines jusqu'à ce que quelque chose attire son attention.
Ses oreilles se dressèrent sur le haut de son crâne, pivotant. Un bruit, des bruits de pas … Humant l'air, elle finit par repérer une odeur, celle d'un autre loup. Prudemment, elle s'avança vers cette odeur, curieuse. Se faufilant entre les arbres, elle finit par trouver l'auteur de cette odeur. Un mâle avec une sacré carrure. Il ne semblait pas l'avoir repéré, que faisait-il ici ? Il ne semblait pas à sa place … Le suivant de loin. Au bout d'un moment, le loup errant finit par s'arrêter et, se retourna. La louve s'était aussi arrêté, ses oreilles se rabattant légèrement en arrière alors qu'un grondement comment à naître au fond de sa gorge. Son regard ambré plongé dans celui doré du loup roux.
« Que fais-tu ici ? Tu ne sembles pas être à ta place, et tu n'as pas l'odeur des Esobeks ... »
La question était stupide, oui car, elle aussi n'était pas à sa place ici mais, ses paroles avaient dépassés sa pensée ...
Je ne te regarde pas, je ne fais que te voir... Je ne pense pas, je ne fais que songer... Je ne mens pas, je ne fais que modifier la réalité pour ne pas me faire mal... Je ne suis pas perdu, je ne fais que errer sans but précis... Toutes ces phrases sont réelles, elles font parti de ma vie... Ma vie... ? En avais je seulement une avant toi ? Non, je ne le pense pas...
Ainsi était la triste vérité, je ne la toucherais plus jamais, je ne la verrais plus jamais comme avant, je ne sentirais plus son odeur boisée, je ne pourrais plus jamais la toucher... Je l'ai compris plus tard, elle ne serait plus jamais mienne, j'avais oublié le sens du mot "bonheur" le jour où elle était partie.
Cessant de réfléchir, je vis ce qui m'avait suivi. Elle me fixait, de ses yeux d'ambres, je ne pouvais pas les lâcher du regard, je ne l'osais pas, j'avais trop perdu de choses qui m'étaient cher pour briser ce bref moment d'échange que nous avions en ce moment même. Je ne la regardais pas avec méchanceté, ni avec agressivité, ni avec joie, rien de tout cela, il y avait trop longtemps que je ne montrais plus mes sentiments, une seule chose pouvait les trahir: Mes yeux. Elle commença à plaquer ses oreilles en arrière, et à émettre un grognement, je la comprenais et en même temps n'arrivais pas à comprendre, elle ne sentait pas l'odeur des Esobeks et pourtant, elle me demandait ce que je faisais sur leur territoire, je mis un moment à répondre, le temps qu'elle puisse voir que je ne comptais pas l'attaquer. Je descendis un peu en bas d'un rocher légèrement plus haut que l'endroit où elle se trouvait et la regardait, de mon regard doré, brillant et fort. Ce que je vis dans son regard me replongea dans la noirceur de mon passé, de la force, du courage mais de la gentillesse, tout comme toi, Tomoe. Je finis par lui adresser ces quelques mots, pour lui répondre tout de même, histoire de ne pas manquer de politesse à son encontre:
"Je ne suis qu'une ombre en quête de lumière, mon nom est Kenshin et vous, qui êtes-vous, noble louve ?"
Kenshin avait pour habitude de vouvoyer les autres, c'était une marque de respect qu'il avait toujours eu, il ne tutoyait que rarement et il savait que cela n'était pas courant, mais il s'en fichait, il en avait toujours été ainsi. Il attendit la réponse de la louve en regardant un rocher un peu plus loin.
Méfiante, face à ce mâle à l'âge avancé. Elle avait pu le sentir, elle pouvait déterminé l'âge d'un autre loup, l'odeur, les phéromones … Tout cela lui permettait de définir cela, de savoir à qui elle avait à faire et, même si il était hors de question qu'elle approche davantage pour le renifler et, en connaître plus sur son identité, la louve restait méfiante. Probablement avait-elle peur qu'il s'en prenne à elle, frêle louve inexpérimenté qu'elle était, probablement craignait-elle d'avoir déranger un prédateur qu'elle aurait mieux fait de ne pas approcher mais, non … Non, il n'avait pourtant rien de cela … Son attitude … Son odeur … Son regard … Il ne comptait pas s'en prendre à elle alors, le grognement commença à s'estomper jusqu'à ne laisser qu'une plainte s'évanouissant dans les ténèbres de ce début de soirée. Pourquoi était-il là ? Seul ? Figé ? Il ne semblait rien vouloir, rien chercher. Que faisait-il ? La curiosité piqué, la louve l'avait alors questionné, même si elle-même n'était guère à sa place. Le loup solitaire lui répondit, d'une politesse qu'elle ne connaissait pas et ne pensait ne jamais connaître. Qui était donc ce loup roux ? Quel genre de lumière cherchait-il ?
La truffe de la louve frémissait, enregistrant chaque odeurs qui passaient par là. Celle de la maigre faune environnante et invisible, celle de la flore disparu et celle de se solitaire marqué par les années. Il s'était présenté à elle, lui offrant son nom alors qu'elle ne lui avait rien demandé, elle ne voulait pourtant savoir que la raison de sa présence ici et, désormais, elle se retrouvait avec la même question. Noble louve … Elle n'avait rien de noble, pourtant, elle n'était qu'une louve sans meute, sans rang, sans droit, hormis celui de pouvoir vivre sa vie comme bon lui semble. Elle ne le quitta pas du regard, ses yeux dorés, son pelage, la cicatrice qui ornait sa joue. Une bien bielle cicatrice, c'est ce que penserait probablement des guerriers mais, elle, elle n'en était pas une, elle ne voyait pas une cicatrice comme étant un trophée, mais un fardeau, un fardeau gravé sur notre corps et, cela, jusqu'à notre mort.
Abandonnant toutes craintes, vis à vis de ce loup, du moins, pour le moment, elle lui répondit.
« Nymeria … Je doute que tu trouves la moindre lumière sur ces terres … Il n'y a que mort et famine après tout ... »
Pessimiste ? Réaliste ? A vous de décider … Elle ne se plaignait pas de sa vie, au contraire, elle n'avait jamais manqué de rien, ou presque mais, elle l'avait vu, la mort, elle l'avait frôlé, lorsqu'elle a perdu son ami, des mains de ces hommes, ces traqueurs. Elle s'en souvient encore, comme si c'était hier, le hurlement déchirant de son ami brisant le silence de la forêt, les regards qu'elle dû subir et qu'elle subissait encore de certains. Parfois, les cicatrices du cœur était bien pire que celle physique mais, malgré cela, elle vivait et, vivrait jusqu'au bout et, un jour, elle vengerait la mort de son ami. A quoi bon se battre ? Elle préférait garder ses forces pour pouvoir, un jour, planter ses crocs dans la gorge d'un de ces hommes.
Le loup roux se perdit dans ses pensées quelques instants mais revint vite à lui, n'oubliant que brièvement qu'il était en bonne compagnie. Il reposa ses yeux dans ceux de la louve aux multiples couleurs, cela l'intriguait, pourquoi semblait-elle un peu en recule par rapport à lui ? Avait-elle peur qu'il ne s'en prenne à elle ? Jamais il ne me viendrait à l'idée de faire du mal à une autre louve... Jamais... Il parla de sa voix grave mais à la fois douce, une voix calme et sereine:
"Le fait n'est pas de la trouver, mais de savoir l'accepter, souvenez-vous de cela, s'il vous plait."
Kenshin pensa un instant, puis se concentra sur ce qu'il sentait, sur ce qu'il pouvait ressentir en ce début de soirée, il faisait frais, juste assez frais pour faire frissonner des loups un peu frileux avec un pelage peu fournis, mais lui, il ne ressentait rien, pas même la brise fraîche qui passait à travers ses poils. Il ferma les yeux une seconde et les rouvrit, il ne voulait pas qu'elle croit qu'elle l'ennuyait, c'était tout le contraire...
Je me demande ce que je comptais faire ensuite, alors je pris le temps de la connaître, je la vis autrement, sous un autre angle, qui était-elle avant ? Qui était-elle maintenant ? Qui serait-elle à l'avenir ? Toutes ses questions se bousculaient dans ma tête, je ne voulais pas l'agacer.
"Oui, en effet, je n'étais pas d'ici avant et vous, qui êtes-vous ? Vous ne semblez pas encore corrompue par la noirceur de cet endroit."
Le grand loup roux s'assit en face d'elle et regarda la lune qui commençait à pointer dans le ciel, parmi les étoiles, c'était une belle nuit et la passer en sa compagnie me laisserait sûrement un bon souvenir.
Ce loup ... Il parlait si étrangement … Jamais elle n'avait rencontré de pareil loup avant aujourd'hui, cela la troublait, elle ne savait comment réagir face à lui. Se méfier, lui faire confiance, rester neutre ? Difficile de savoir … Malgré que son grognement s'était éteint, ses oreilles, elles, étaient toujours en arrière. Le roux la perturbé dans ses paroles. Pourquoi lui demandait-il de se souvenir de cela ? Avait-il vécut quelque chose qui le faisait parler ainsi ? Cela était fort possible, même sûr car, comment un individu peut-il avoir des paroles aussi sage si, lui-même, ne l'a pas vécu ? La louve pencha la tête sur le côté, perplexe. Elle voulait savoir, comprendre pourquoi il se trouvait ici, elle ne l'avait jamais vu, elle était curieuse …
A chacune de ses questionnes, il lui répondait et, lui retournait celle-ci. Était-il tout autant curieux qu'elle ? Ou n'était-ce que politesse ? Il s'était assit, face à elle alors, elle se calma, ses oreilles se redressant sur le haut de son crâne grisâtre. Elle n'avait aucune raison d'être méfiante, il ne montrait pas le moindre signe d'agressivité. Malgré que sa méfiance envers Kenshin s'était estompé, elle restait tout de même méfiante, sur ce qui l'entourait. Elle était en terre Esobek, à tout moment, un loup de cette meute pouvait arriver, les surprendre, leur tendre un piège. Les solitaires n'étaient pas forcément la bienvenue sur ce territoire, tout comme les autres, après tout, pour survivre, il fallait chasser la moindre bestiole mais, si d'autres commencent à s'aventure sur leur territoire alors, cela voudrait dire que la nourriture se ferait plus rare. Un intrus était un ennemi, une bouche qui s'invitait dans votre gamelle, un indésirable …
Ses sens à l’affût, il était hors de question d'être surpris maintenant … Toutefois, elle ne quittait pas du regard celui qui se trouvait assit devant elle.
« Je suis né dans les terres Sekmets, même si ceux-là l'ignore. Je ne suis pas l'une des leurs, ils ne me connaissent pas, tout comme les Esobeks. »
Lui qui ne venait pas d'ici, savait-il seulement qui était les Sekmets ? Les Esobeks ? Pas la moindre idée mais, probablement comprendrait-il rapidement, qu'il s'agit là de meute après tout, il semblait sage, intelligent.
« Je ne peux me laisser corrompre par quoique ce soit ou qui que ce soit, pas tant que les miens auront besoin de moi. »
Aucune meute ne saura la pervertir, la rallier à leur cause, aucun poison ne réussira à la terrasser, tant qu'elle vivra, elle donnera sa vie pour les siens, pour sa famille. Elle se méfiait de tout et de tous, elle ne pouvait faire confiance à ceux qu'elle ne connaissait pas alors, pourquoi baissait-elle sa garde face à ce loup ?
« Toi qui dis ne pas être d'ici avant, d'où viens-tu ? Pourquoi être venu ici ? »
Ainsi donc, cette louve était une solitaire, tout comme moi, qu'avait-elle fait pour se retrouver seule, du moins, jusqu'à ce qu'elle se trouve ce "groupe" dont elle avait parlé un peu plus tôt. Elle n'avait pas l'air d'avoir sombré dans la noirceur de la nuit, ni n'avait voulu rejoindre une meute par défaut, elle avait fait ses propres choix et je lui en étais admiratif, elle ne le saurait certainement jamais mais peu importait, ce qui comptait, c'était qu'elle était avec moi à cet instant, bien réelle et sans arrières pensées. Je la regardais, cela était devenu un réflexe sans le vouloir, je n'y faisais pas spécialement attention mais quelque chose en moi me retenait d'être moi-même en cet instant, il me refusait de la voir comme je pourrais la voir, tout sentiment refoulé comme à chaque fois, tenu au silence, à jamais. Je me remis alors debout et lui parlais:
"Pourrions-nous, dame louve, nous diriger un peu plus à l'abris, loin du sentier, il serait fâcheux que l'on interrompe notre discussion, je répondrais ensuite à toutes vos questions si vous le souhaitez toujours."
Il se retourna et se mit à avancer, il espérait qu'elle le suivrait, il l'espérait vraiment, au fond de lui, il en avait marre de errer seul, un peu de compagnie lui ferait du bien, pour une fois et il ne la tuerait pas, du moins il ne le voulait pas. Quand vous avez été un assassin durant une bonne partie de votre vie, vous vous demandez comment vous aviez pu tuer sans avoir le moindre sentiment, sans rien ressentir, ne pas ressentir de culpabilité, ne pas ressentir du dégoût devant tout ce sang, ne pas avoir de remord... Jamais. Je n'avais peur de rien à l'époque, aujourd'hui, la seule chose dont j'ai peur, c'est de replonger, ne plus pouvoir me contrôler, être à la merci de cet autre moi qui ne peut plus se contrôler à la vu du sang, à la sensation de la "chasse" qui s'engage quand votre victime est repérée, à la panique que vous pouvez sentir dans ses veines... Tout cela... Tout cela me fait peur... C'est pour cela que je refuse d'être encore une fois dans une meute, je resterais un solitaire, qu'importe ce qui se passera, je ne pourrais jamais me le pardonner si je refais du mal à une autre louve... Je me retournais alors, la regardant du haut du petit surplomb d'où j'étais descendu quelques minutes plus tôt et lui l'attendait, les yeux rivés dans les siens.
Cette fois-ci, il ne répondit pas, pas de suite … Il lui proposa de l'accompagner, aller ailleurs, là où ils pourront parler en paix, loin des oreilles indiscrètes, là où ils ne se feront pas surprendre. Il s'était relevé, avait commencé à s'éloigner. La louve réfléchit, devait-elle le suivre ? Pourquoi ne le ferait-elle pas ? Maintenant qu'elle avait commencée à le questionner, pourquoi ne pas en savoir davantage ? Après tout, il n'avait pas répondu, pas encore. Elle n'avait aucune raison de le craindre, elle lui faisait confiance, confiance … Depuis quand offrait-elle sa confiance au premier venu ? Depuis quand laissait-elle sa méfiance de côté au premier regard ? Étrange … Qu'importe, cela était ainsi …
Elle finit par le suivre, l'accompagnant. Où allaient-ils ? Qu'importe, ils pouvaient bien marcher, errer, sans savoir où aller, faire connaissance, se souciant de rien ou, tout simplement, s'asseoir dans un endroit en sécurité ou loin de ce territoire. Elle le suivait, ses sens surveillant autour d'eux, elle ne souhaitait pas être prise par surprise, elle ne souhaitait pas être dérangé, qu'on les dérange. Le rattrapant après avoir trottiné, elle se mit à marcher, au même rythme que ses pas. A côté de lui, elle était bien petite, chétive. Son poil n'était pas épais, il ne l'a jamais été. L'hiver, c'était une des saisons qu'elle méprisait le plus. Lorsqu'on ne possède pas un poil d'hiver très épais, il est bien difficile de se réchauffer alors, c'est dans ces moments là, qu'elle apprécie la présence de sa famille, des siens. Pouvoir dormir contre eux, profitant de la chaleur de leu corps pour se réchauffer …
La louve continuait d'avancer, aux côtés du roux, parfois, elle lui lançait un coup d’œil, l'observant, lui, et cette cicatrice à sa joue. Posté sur sa gauche, il n'était pas difficile de la voir. A cet endroit, son pelage feu n'avait pas repousser. Une blessure profonde ? Oui, elle l'était. Elle finit par lever le museau vers le ciel, observant le croissant de lune présent, les quelques étoiles visibles. Les étoiles … Elle cherchait parfois encore, la signification de son nom, son nom de lune … Comment avait-elle hérité de ce nom ? Pourquoi ? Que voulait-il dire ? Elle l'ignorait et probablement, l'ignorait à jamais …
Elle ne s'en était pas rendu compte mais, un léger couinement avait fait surface, au fond de sa gorge, un couinement plaintif, triste … Quand elle s'en rendit compte, elle décide de cesser d'observer le ciel et, reprit la conversation, là où ils l'avaient laissé, lorsqu'ils ont commencés à se déplacer.
« Alors, d'où viens-tu ? Qu'est-ce qui t'amène sur ces terres ? »
Le loup roux resta silencieux tout le temps où ils marchèrent jusqu'à un léger renfoncement dans la roche, une grotte qui serait parfaite pour une femelle qui serait sur le point de mettre bas, à l'écart, à l'abris du vent, cachée. Il l'entendit pousser un léger couinement au moment où il la vit regarder le ciel étoilé, il voulu la réconforter, lui dire qu'il la comprenait, mais il ne pouvait pas... Il se rapprocha un peu d'elle et lui mit un léger coup de museau contre le sien, pour lui faire comprendre qu'elle ne devait pas en avoir honte. Kenshin se perdit encore quelques instants à rêver, à se souvenir, que serait-il arrivé si elle avait pu... ? Non, cela n'avait pas pu être et ne serait donc jamais, il ne fallait pas y penser, avancer, sans se retourner, c'était ce qu'elle désirait. Il sortit de ses pensées et revint auprès de Nymeria, elle le suivait toujours, il s'arrêta donc dans cette petite grotte et s'assit en premier, comme pour lui intimer de faire de même. Il la regarda s'approcher de lui, elle lui avait posé une question, alors il allait lui répondre, la vérité.
"Je viens de terres assez lointaine, où la seule chose qui vous fait survivre est la fourberie et le carnage, les complots et l'honneur qui y est bannis. Vous ne vous y plairiez pas Dame Nymeria, tout n'est que corruption. Quant à ce que je fais ici, je ne sais pas encore, mais je suis mon instinct et il m'a conduit jusqu'à cet endroit, un endroit encore plus noir que ce que j'aurais pu imaginer, malgré tout, l'espoir ne m'a pas quitté et ne me quittera jamais."
Il s'interrompit et plongea ses yeux dorés dans ceux ambrés de la louve, il poursuivit, comme si il savait qu'il pouvait ouvrir son cœur à cette louve rencontré depuis encore peu de temps.
"Je peux comprendre votre désarroi envers ce ciel que j'ai appris à haïr avec le temps, cependant, ne le détestez pas, il saura vous guider au moment venu, belle louve. Aurais-je l'honneur de connaître votre nom de lune ? Si vous ne le voulez pas, je pourrais le comprendre, il ne reflète pas forcement ce que nous sommes, même si le miens me sied à merveille."
Il la regarda, car oui, il aimait la regarder, avec les années, il avait appris à lire dans les yeux de ses victimes, mais elle, il ne la regarderait jamais de la sorte, il avait fait trop de mal par le passé, il voulait l'oublier chaque seconde, mais le supplice des coupables est éternel. Il tourna la tête et observa la lune à l'extérieur de la grotte et se tut.
Lorsqu'elle avait couiné, fixant le ciel, repensant au passée, il était venu, se rapprochant d'elle, donnant un léger coup de museau dans le sien, cela l'avait fait sursauter, elle ne s'y attendait pas, elle était trop absorbé par ses songes et, comment aurait-elle pu savoir que ce loup, qu'elle venait tout juste de rencontrer, réagirait ainsi ? Pourquoi ? Malgré cela, elle avait continué d'avancé, à ses côtés, jusqu'à ce que leurs pas les mènent vers cette grotte. Était-elle habité ? Non, aucune odeur récente ne s'y dégagé. Cet endroit était donc parfait pour eux, parfait pour se poser à l'abri, parfait pour pouvoir parler, reprendre là où ils s'étaient arrêtés.
Il s'assit, sur la roche lisse de la grotte et, elle l'imita. En face de lui, non loin de lui. Il répondit à la question, que la louve lui avait posé, puis répété en arrivant ici. Elle l'écouta, lui, son récit, son histoire … Il venait de loin, de terre corrompu ou l'honneur n'y était pas, bannis. Un endroit où tous agissait comme bon leur semble ? Probablement mais, comment faisaient-ils ? Survivre sur ces terres n'étaient déjà pas chose aisé alors, là-bas ? De la façon où il décrivait cet endroit, la louve ne l'aimait pas, cet endroit … Le roux avait raison, il l'avait compris, elle ne s'y plairait pas dans un endroit comme ça … Comment survivre dans un tel endroit ? Si, on pouvait survivre mais … Elle, elle n'aurait pas pu … Elle est bien trop frêle, trop chétive pour pouvoir faire face aux loups plus gros qu'elle. Pour elle, elle n'avait que l'agilité et encore, elle était une louve inexpérimenté, en apprentissage. Mais quel apprentissage ? Elle était seule, à s'entraîner. Celui qui s'entraînait avec elle, autrefois, aujourd'hui n'est plus … Depuis lors, elle avait cessé de s'entraîner avec qui que ce soit … Parfois, sa mère l'amenait chasser et, bien souvent, elle finissait par se faire réprimander pour son manque de réflexe. Des réflexes, elle en avait, elle avait juste peur, quand elle s'entraînait auprès de sa mère, de la décevoir et, à chaque fois, elle la décevait …
Depuis quatre saisons déjà, elle avait abandonnée toutes entraînements, elle passait le plus clair de son temps à veiller sur les louveteaux puis, de toute manière, peu était ceux qui voulait l'accompagner quelque part, depuis cet incident … Enfin, pourquoi repenser à tout cela ? Simplement car, elle avait eu de la chance, elle le savait, d'avoir vu les jours sur cette terre et pas sur celle que Kenshin lui avait décrit …
Il lui avait dit, la raison de sa venue ici, enfin, il n'avait pas de réel raison mais, elle le comprenait. Lorsqu'elle partait, seule, elle laissait bien souvent son instinct lui dicter ses pas, son chemin. Ces terres étaient pour lui bien plus sombre que celle où il se trouvait ? Pour quelle raison ? Les hommes peut-être ? Comment pouvait-il voir de l'espoir, encore, malgré ce qu'il semblait avoir vécu ? Certes, elle ne savait rien, ce loup était un mystère pour elle encore.
Leurs regards croisés, or dans l'ambre, elle ne détourna pas son regard, le fixant, tout comme lui le faisait et, il reprit. La suite, elle ne s'y attendait pas, comment aurait-elle pu ? Le ciel … Haïssait-il le ciel pour les même raisons qu'elle ? Pourquoi le haïr si après, il lui dit de le pas le détester ? Elle était perplexe, elle tentait de comprendre … Du moins, jusqu'à ce qu'il l'a nomme comme tel. Elle avait détourné le regard pile à ce moment-là, sans s'en être rendu compte. Devait-il ainsi, la mettre mal à l'aise, avec ces appellations pareil ? Non, il ne savait probablement pas, que cela la mettait ainsi. Elle n'y était pas habitué et, probablement ne s'y habituerait-elle jamais … Toutefois, il continua, il voulait connaître son nom de lune. Les oreilles de la louve se baissèrent tandis qu'elle posait ses yeux ambrés sur le ciel étoilés. Devait-elle réellement lui dire ? Ses paroles sont-elles vrai ? Ce nom ne reflète pas forcément ce qu'on est ? Est-ce seulement vrai ? Elle n'arrive pas à y croire …
« Étoile Damnée ... »
Elle finit par le regarder, de nouveau. Ses yeux brillants, sous le reflet de la lune.
« C'est le nom dont on m'a affublé à ma naissance. Probablement parce que je suis la seule de la portée à avoir survécut. Pourquoi avoir un tel nom, pendant les Larmes de Ciel ? Peut-être est-ce ma faute, si il est mort, et cela finit par se répéter. Peut-être que les noms de lunes, reflètent réellement ce qu'on est, enfin de compte. Toi qui dit avoir un nom de lune qui te sied, quel est le tien ? »
Kenshin l'avait observé, cette louve qui semblait tourmenté, il ne lui aurait souhaité qu'une chose, une seule, la voir sourire à nouveau à la vie, cette vie que certains autres n'avaient pas eu la chance d'avoir et n'ont jamais eu la chance de vivre. Il ne pouvait pas se résigner à la voir comme quelqu'un qui amène le malheur sur lui, elle n'avait rien de tout cela, ni la rage, ni la haine, juste du désarroi et de l'incompréhension. Et en soit, il la comprenait. Il ne voulait pas la comprendre, cela lui rappelait ce qu'il avait vécu et lui faisait comprendre qu'elle avait eu un passé douloureux, tout comme lui et cela, il ne pouvait pas l'accepter. Le grand loup roux se leva, fit face à la louve et lui répondit, déterminé:
"Nymeria... Il y a des choses dont vous n'êtes pas maître et d'autres qui vous arriveront, il ne faut pas rester figée sur les erreurs que vous avez pu commettre, cela ne vous apportera rien de bon, je parle en connaissance de cause... Moi... Kenshin, la Rage du Pénitent."
Il ferma les yeux, quelques instants, comme pour chasser ses pensées indésirables qui envahissaient parfois son esprit le replongeant dans un état second. Les rouvrant il ne put s'empêcher de la regarder à nouveau, elle lui rappelait Tomoe, quand elle lui avait raconté sa vie, ses souffrances et ses peines. Il regretterait sûrement ce qu'il allait lui dire, mais il le devait.
"Il ne faut pas avoir peur du passé, il faut l'accepter, vivre avec, moi-même, je n'ai pas encore pu le faire complètement et je ne pense pas en être capable un jour, ne jamais ressentir le bonheur, celui qui a disparut avec..."
Il ne finit pas sa phrase, il ne le pouvait pas, s'en était trop, pas maintenant, il ne le pouvait absolument pas, pas comme ça. La seule chose qu'il fit est d'enfoncer ses griffes dans le sol, pour évacuer sa rage à cette pensée. Se détournant un peu de la louve grise, il regarda de nouveau le ciel.
"Votre nom de lune... Je le trouve... Magnifique, si vous me le permettez."
Il finit sa phrase avec un petit sourire en coin, toujours le regard vers le ciel, il se rassit.
Elle lui avait parlé, elle s'était dévoilé, un peu, même beaucoup. Elle avait résumé sa vie en un nom dont elle avait été affublé. Les noms de lune … A quoi servaient-ils réellement ? Comment étaient-ils attribués ? Il y a tant de chose qu'elle ignorait encore, tant de chose qu'elle aimerait comprendre, apprendre … Il s'était redressé, Kenshin, lui avait fait face alors que, elle, elle restait assise, là, à l'observer. Elle l'écoute, d'une oreille attentive, lui qui semblait avoir vécu tant de choses, lui qui semblait en connaître davantage alors que, elle, elle était probablement aussi inoffensive qu'un louveteau comparait à lui … Kenshin … Avait-il vécu les mêmes choses qu'elle ? Probablement pire même, qui sait ? Lui seul et, sûrement les concernés mais, elle, elle l'ignorait, après tout, il n'était qu'un inconnu, un loup connu que depuis peu … La Rage du Pénitent … Ainsi était son nom de lune ? Pourquoi ? Qu'avait-il fait pour hériter d'un pareil nom maudit ? Ses yeux s'étaient fermé et, elle, elle continuait toujours de l'observer, de ses yeux ambrés. Elle resta silencieuse, elle attendit, sans trop savoir quoi attendre, si … Elle savait qu'il ajouterait quelque chose mais, il avait besoin d'une pause, sûrement avait-il besoin de se remettre les idées en place.
Comme elle l'avait pensé, il rouvrit les yeux, son regard d'or posé sur elle. Ses paroles se firent plus douloureuse, pour lui-même. Pourquoi lui disait-il cela ? Pourquoi s'ouvrait-il ainsi à elle ? Même si il n'alla pas jusqu'au bout de ses paroles, la louve grise savait qu'il s'était déjà dévoilé en partie. Les oreilles de la solitaire s'étaient abaissés. Elle ne savait plus quoi dire, elle ne savait quoi lui dire, elle se contente de regarder le sol, désormais, pensive. Était-ce le destin qui avait décidé qu'elle rencontre ce loup ? Pour lui faire comprendre qu'elle ne devait baisser les pattes aussi facilement ? Qu'il y avait bien pire encore dans la vie ? Elle commence à le croire, cette rencontre n'a pas été faite par le pur hasard, elle en était désormais persuadé.
Elle releva la tête, sous le compliment soudain de Kenshin. Si elle avait été humaine, elle aurait probablement rougit, à la place, elle détourna son regard et, finit par fixer, à son tour, le ciel étoilé. Le froid s’engouffrait dans la grotte et, la louve commençait à se dire que, peut-être, elle devrait penser à rentrer … Oui mais, au fond, elle n'en avait pas envie … Son poitrail se gonfla pour s’affaisser d'un seul coup en un soupire.
« Tu es bien mystérieux, Kenshin et, j'aimerais pouvoir te connaître davantage. Mais pas ce soir … Il me faut retourner auprès des miens … Si tu restes dans ces terres, probablement nous croiserons-nous de nouveau et, à ce moment-là, j'espère pouvoir te comprendre davantage. »
Elle se redressa, doucement et, s'approchant de lui, frotta son museau au sien dans un signe amical. Elle souhaitait le revoir et elle espérait réellement pouvoir le croiser de nouveau. Elle profita de ce contact pour pouvoir enregistrer son odeur puis, recula tout en gardant son regard posé sur lui.
« Ne sois pas trop dur avec toi même. Tu es fort, j'en suis sûr, tu finiras par l'être de nouveau, j'en suis persuadé. »
Du bonheur, elle parlait. Elle ne souhaitait pas voir Kenshin plonger davantage dans la mélancolie, elle espérait, qu'un jour, la vie lui soit de nouveau douce ...
Rappelle toi, qui tu es.. Je ne veux pas que tu partes..
La nuit, il faisait froid, le décor changeait du tout au tout, un simple branchage pouvait devenir notre pire cauchemar. Le moindre bruit était une symphonie de réaction intérieure qui vous prenait les entrailles, ne vous lâchant plus d'une semelle. Tout cela, je le ressens dix fois plus d'avant, toutes ces sensations, la peur exclus car quand vous n'avez plus rien à perdre, la peur disparaît. Elle voulait partir, il ne le voulait pas, il allait de nouveau se retrouver seul, mais il s'en doutait, il n'y a pas de repenti pour les coupables, on lui avait sans cesse répété. Elle lui avait paru si fragile, si douce pendant quelques minutes que ses paroles coulèrent sur lui comme l'eau d'une pluie d'hiver, à lui en glacer le sang. Mais, à quoi bon la laisser ici, maintenant ?
"Cela me soulage de savoir que vous n'êtes pas seule, que quelqu'un vous attend. La pire chose dans un monde comme le notre, est de se retrouver seul. Il n'était pas nécessaire de me dire que vous alliez partir, je le savais déjà, j'en ai l'habitude depuis tout ce temps."
Le grand loup roux se leva, s'étira quelques instants et observa un peu la louve grise, il ne la laisserait pas toute seule, pas avec ce froid, il ne l'abandonnerait pas, comment le pourrait-il ? Il n'ajouta que cela:
"Nymeria, permettez moi de vous raccompagner, ainsi, nous pourrons rester un peu plus longtemps ensemble, car je me demande si... Si nous nous reverrons, du moins, je ne vous souhaite pas de me rencontrer en pleine nuit, elle réserve parfois des surprises."
Il fut surpris quand elle frotta son museau contre le sien mais ne bougea pas, il la laissa faire et lui répondit par le même mouvement. Ils avaient laissé leur marque, comme une promesse de retrouvaille, ils le devaient.
Que quelqu'un l'attend ? Est-ce qu'on l'attendait réellement ? Oui, ses parents probablement, ils devaient s'inquiéter, comme bien souvent depuis cet accident et même bien avant encore. Il faut dire que la jeune louve n'a pas été un louveteau des plus facile autrefois, à courir partout, heureusement qu'elle avait gagnée un peu en sagesse, quoique, pas tout à fait … Après tout, elle continuait de partir seule, d'un seul coup, sans prévenir qui que ce soit. Elle savait que c'était mal que cela inquiétait constamment ses géniteurs mais, en même temps, elle avait besoin de paix, de solitude, loin de ce groupe de loup avec qui elle vit constamment et, qui se réduit, jour après jour …
Elle comptait partir, elle ne pouvait rester davantage, sa « meute » était loin des terres Esobek et, il lui faudrait un moment avant de pouvoir les rejoindre, de plus, les Esobeks risquaient bien de se réveiller, partant probablement à la chasse, ce n'était vraiment pas le moment pour eux de se faire encercler par ces loups, qui sait ce qui leur arrivera ?
Les paroles du loup solitaire eurent un drôle d'effet sur la louve. Il avait l'habitude qu'on parte, qu'on le laisse seul ? Cela était bien triste … Pourquoi vouloir le fuir ? Il ne semblait pourtant pas être un mauvais loup, non, il ne l'était pas, elle en était sûr au fond d'elle. Malgré tout, elle ne pouvait rester auprès de lui ce soir, mais, elle espérait pouvoir le revoir de nouveau.
Comme si il avait deviné le fait qu'elle ne souhaitait pas se séparer de lui encore, Kenshin lui proposa de la raccompagner. Pourquoi pas ? Au moins, si jamais ils tombent sur un autre loup, ils s'en sortiraient mieux à deux que seul puis, même, il n'y avait pas que cela … Comme elle le lui avait dit, elle souhaitait en savoir davantage sur lui. Étrange non ? Pour cette louve pourtant si méfiante, si solitaire … Le calme de ce loup l'apaisait, son savoir l'intéressait, son histoire la rendait curieuse … Après leur bref contact qui, pourtant, leur permettait désormais de se reconnaître facilement, elle s'était détaché de lui et, avait fait quelques pas vers la sortie de la grotte avant de tourner la tête vers lui, l'attendant.
« Ta compagnie sera un plaisir pour moi. Nous ferions mieux d'éviter les points de chasse des Esobeks, au cas où certains seraient en train de chasser de nuit. »
Fort heureusement, cela n'était pas la première fois que la solitaire venait sur ces terres, elle en connaissait les lieux de chasse les plus fréquentés car le gibier y est plus danse. Elle prit alors les devant, jetant un autre coup d’œil vers Kenshin pour s'assurer que le loup roux la suive. Elle évita les sentiers les plus utilisé également mais, malgré tout, elle gardait un rythme de marche paisible, ses sens toutefois en alerte en cas d'approche.
« Depuis combien de temps es-tu sur ces terres ? Où vis-tu ? »
Il y a des choses que l'on ne peut contrôler et d'autres que l'on peut atténuer, je n'en avais jamais eu l'occasion, ni de faire l'un, ni de faire l'autre. J'avais préféré m'éloigner de tout, de tous, de ce qui m'avait donné un sens à ma vie, car il en était ainsi, j'avais déjà brisé celle de tant d'autres. Pourquoi cette louve disait qu'il n'était pas méchant, du moins, devait-elle le penser comme tous les autres loups qu'il avait rencontré depuis qu'il essayait de se repentir, cependant... Kenshin se leva et regarda au loin, il attendait qu'elle passe devant. Puis il reprit:
"Vous savez... Dans chaque ange sommeil une part d'ombre, dans chaque touche de blanc se cache du noir et pourtant, nous nous refusons à y croire car ainsi est notre vision du monde et des autres. Chaque être tente à devenir parfait mais il se complet dans ce rêve inaténiable. Cependant, une petite partie de nous reste cependant parfaite, celle qui nous caractérise, celle qui dit qui nous sommes, notre façon d'être nous est unique. Tout comme vous l'êtes Nymeria."
Il la sentait spéciale, à l'écoute, curieuse et pourtant, elle mettait des freins à ses envies, pourquoi donc ? Il voulait lui poser la question mais ne la posa pas et ne la poserait pas, il avait trop de respect à son encontre pour la lui poser. Il la suivit quand elle commença à avancer, il connaissait déjà chaque recoins de cette terre sur laquelle il vivait depuis peu, sa mémoire était intarissable sur les différents lieux qui la composait. Il la regarda un instant et lui répondit:
"Je ne suis ici que depuis peu de temps mais je ne saurais vous dire exactement combien de temps, je ère sans but et ne recherche rien, pourtant, chaque arbre, chaque colline, chaque buisson m'est familier, je garde tout en mémoire."
Il fit une petite pause et répondit par ceci:
"Tout comme j'espère vous garder aussi, le plus longtemps possible. Je n'ai pas non plus d'endroit spécial où je "vis" et vous, en avez-vous un qui vous plait en particulier ?"
Kenshin la suivait et savait que ses paroles étaient bu avec avidité par la louve grise à ses côtés et il l'espérait secrètement.
Parfois, il était difficile de comprendre les paroles du loup solitaire … Toutefois, la louve l'écoutait avec attention, même si parfois elle ne comprenait pas tout. Malgré qu'elle n'ait pas tout saisie ce qu'il venait de lui dire ou, plutôt a-t-elle retenu l'essentiel, elle dressa d'un seul coup les oreilles sur ses dernières paroles en posant ses yeux ambrés sur lui. Ainsi, il la voyait comme étant unique ? Cela eu un drôle d'effet sur elle. Était-ce parce que c'était la première fois qu'on lui disait ? Parce que c'était lui en particulier ? Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Elle ne savait pas elle même et ne comprenait pas.
Elle avait commencée à avancer, ne sachant comment réagir et, était passé sur autre chose. Elle voulait savoir depuis quand il était ici, où il vivait et, elle aurait voulu lui demander combien de temps comptait-il rester encore mais, elle craignait sa réponse. Il lui répond, elle l'écoute, comme elle le fait depuis le début … Parfois, elle lui lançait de petits regards tout en continuant de marcher, prenant leur temps, sous ce ciel étoilé. Et voilà … Cela recommence … Ses oreilles se dressèrent de nouveau sous ses paroles avant de se baisser en arrière. Elle ne comprenait vraiment pas ce qu'elle ressentait, pourquoi elle réagissait ainsi à certaines de ses paroles. Lui qu'elle ne connaissait que depuis peu. Est-ce à cause de sa gentillesse ? Sa bienveillance ? Le fait qu'il lui ait offert un peu d'attention ?
Elle profita du fait qu'il lui posa une question, afin de s'extirper de ses pensées.
« Pas spécialement … Je n'ai jamais eu d'attache. Depuis que nous avons rejoins un groupe de solitaire, nous vivons ci et là, selon les saisons, l'abondance des gibiers et, selon les meutes et autres groupes de solitaire. »
Pas d'attache, pas de réel foyer. En avait-elle déjà eu un ? Oui, lorsqu'elle n'était qu'un louveteau imprudente. A ce moment-là, ils vivaient toujours au même endroit, un endroit bien dangereux malgré tout, étant donné qu'il se trouvait sur le territoire d'une meute. Qui sait ce qui aurait pu leur arriver à cette époque ? En tout cas, cela ne la dérangeait pas plus que cela, de bouger constamment, changeant toujours de tanière, de ruine, de grotte … L'essentiel, c'était qu'elle ait un endroit où dormir, où s’abriter, non ?
« Sinon, il y a bien cette prairie aux fleurs de pierres rouge qui se trouve dans les terres du sud mais … Les Hommes s'y trouvent, il n'est donc pas bon de s'y rendre souvent, encore moins d'y vivre mais j'aime cet endroit. »
Elle commençait à se perdre, se perdre sans ses pensées. Elle secoua la tête et, posa son regard sur Kenshin.
« Où comptes-tu aller, après m'avoir raccompagné ? »
Un jour Seijûro lui avait dit que rechercher la rédemption était comme nourrir une folie sourde et meurtrière, il avait aussi mentionné le fait qu'elle n'était jamais accordé et qu'il n'y croyait plus... Que le malheur vous ronge sans cesse encore et encore et que le temps est le pire de vos ennemis. Je sais qu'il ne voulait pas que je devienne comme lui et qu'il parlait de son passé à ce moment, mais je ne voulais pas y penser, je n'avais rien fait, du moins... Pas encore.
Le loup roux la suivait, observait la moindre de ses réactions, en essayant néanmoins de ne pas la blesser. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait un peu plus... Vivant, auprès de cette louve qui lui semblait désormais familière. Cette sensation de "bien être", il se demandait d'où elle provenait et comment cela pouvait arriver. Elle prit enfin la parole et lui dit qu'elle vivait avec un groupe de loup solitaire, ainsi donc, elle n'était pas seule, cela le rassurait quelque peu mais pas totalement. Ils étaient des nomades, bougeant sans cesse et il sentit une pointe d'amertume dans sa voix, comme... Un regret ? Elle n'avait pas du s'en rendre compte sûrement était-elle en train de repenser à son passé, il ne se sentait presque pas à sa place à ce moment là, ou peut-être que si après tout, il voulait en savoir plus, apprendre à la connaître, tout savoir d'elle et ne rien oublier. Il mit quelques secondes entre eux qui lui parurent une éternité, comme le temps s'écoulait lentement quant on laisse quelque chose en suspend. Puis ajouta de sa voix grave mais cependant assez douce comparée à la dureté des années qui étaient passées par là.
"Il est préférable que vous ne soyez pas seule, j'en suis heureux, la solitude est un poids qui certes vous forge un caractère solide, mais il y a en contrepartie un côté bien plus sombre dont on ne parle jamais, celui des longues minutes passé à se ressasser les souvenirs douloureux en ce demandant si nous pourrons y faire quelque chose un jour."
Il regarda un moment devant lui et fut surpris quand elle lui révéla quel était son endroit favori, car il était un endroit magnifique, certes, occupé par les Hommes, mais il était magnifique et cela ne fit qu'amplifier son admiration pour elle, elle voyait donc bien les bons côtés de la vie en ces lieux.
Il fut encore plus surpris quand elle lui demanda ce qu'il comptait faire et où il comptait aller après l'avoir raccompagné, cependant, elle ne vit rien de sa surprise, il avait l'habitude de ne rien montrer. Il ne voulait pas encore y songer, n'avait pas préféré le faire et tentait de tout faire pour repousser ce moment, celui où il serait de nouveau seul, seul avec lui-même, seul avec ses idées noires. Ce fut ces paroles qui suivirent:
"Et bien... Je suis un peu comme vous, je n'ai pas réellement d'endroit précis où aller, je vagabonde depuis longtemps, des années pour dire vrai. Je m'y suis fait à la longue mais parfois, le temps me parait long. J'espère que le temps ne me durera pas autant durant les mois à venir. Bien sur, le temps loin de vous me paraitra toujours plus long."
Le loup lui sourit, oui, il lui souriait, non pas pour se moquer, mais parce que c'était la vérité, il allait se languir de la belle juste à ses côtés.
Il arrivait parfois que l'on tombe sur de bon loup, ceux qui n'essayent pas de vous tuer dès qu'ils vous voient, ceux qui vous chassent de leur territoire alors que vous n'étiez pas là pour chercher des ennuies et, il y avait ces rencontres, que vous espérez ne pas avoir à quitter. C'était un peu le cas présent. La louve souhaitait que cela dure, cela était probablement pour cela que les deux loups prenaient tout leur temps pour avancer jusqu'à l'endroit de vie de la solitaire. Elle ne craignait pas de lui montrer, l'endroit où son clan s'était réfugié ces derniers jours, elle ne craignait pas qu'il l'a trahisse, à moins que ça ne soit ce qu'elle souhaite, avoir confiance en lui.
Si parfois le passé est douloureux, il peut l'être lorsqu'on le mentionne, le conte mais, il vous permet également de vous libérer, un peu comme maintenant. Même si elle ne disait pas grand chose, quant à son passé, quoiqu'il en savait déjà beaucoup comparaît à d'autre et, c'était assez perturbant il faut le dire. Elle n'a pas pour habitude de parler, ainsi, se libérer des poids qui pèsent sur son cœur. Elle lui avait parlé de ces lieux de vis car, elle n'en possédait pas réellement. Il ne souhaitait pas quelle soit seule ? Pourquoi se préoccupait-il autant d'elle ? Et pourquoi se préoccupait-elle autant de lui ? Il y a parfois des questions qui restent sans réponse, comme celle-ci, ou, du moins, qui prennent du temps à comprendre. En tout cas, elle ne pouvait pas réellement comprendre ce qu'il ressentait, lorsqu'il parlait de la solitude. Elle ne l'avait jamais vécu, elle cherchait plus elle même à trouver cette solitude à certains moment. Son passé devait faire qu'il préférait être seul, pourquoi ? Elle aimerait le savoir mais, ne lui demandera pas, un jour peut-être lui dira-t-il ?
Dans ses paroles, il y avait quelque chose de faux, du moins pour elle. Il n'y avait pas besoin de solitude pour ressasser ses souvenirs douloureux, tout dépendait d'un individu à un autre mais, peut-être que lui avait besoin de présence pour ne pas penser à tout cela ? Ils mirent un terme à ce sujet, pour le moment. Un jour peut-être, y reviendront-ils, si bien sûr, ils se revoient par la suite, chose qu'elle espérait.
Ils étaient passés sur un tout autre sujet, celui d'un endroit qu'elle pourrait aimer plus qu'un autre et, malgré les ténèbres qui dévorent cet endroit, elle possédait bel et bien un endroit qu'elle aimait et, lui en parla, sans hésitation. Elle lui conta, rapidement, comment était cet endroit. Ces fleurs aux pierres rouge étranges mais, cette proximité avec la vie humaine. Un sacré contraste, dans cet endroit qui pourrait être un endroit magnifique et paisible, se trouve toutefois un danger, un danger à ne pas négliger. Kenshin ne dit rien quant à cela, probablement se contentait-il de l'écouter attentivement, comme elle elle l'avait fait. Ils marchèrent et, elle finit par lui demander où il irait ensuite, lorsque leur chemin devra se séparer.
Ses paroles lui firent un nouveau pincement au cœur et sa dernière phrase davantage. Elle n'en montra rien, elle se contente d'avancer, regardant droit devant elle. Malgré qu'elle soit bouleversé par l'incompréhension de ses sentiments, elle réussissait à garder ses sens en alerte. Elle lui répondit alors, sans s'en rendre compte elle même, sans avoir réfléchit à ce qu'elle venait de dire.
« Pourquoi ne pas venir vivre avec nous ? »
Elle ne se rendit compte de ses paroles que quelques secondes après les avoir dites et en sursauta presque. Depuis quant proposait-elle à d'autres loups de les rejoindre ? Ce n'était pas son rôle, ce n'était pas à elle de décider puis, pourquoi lui proposait-elle cela ? Cette fois-ci elle se tût, n'osant rien ajouter à son « erreur », peut-être n'y prêtera t-il pas attention lui aussi ?
Il y a toujours un temps pour les pleures, un temps pour repenser au passé, un temps pour les faire disparaître, un temps pour oublier sa douleur... Encore faut-il avoir le temps, chose si précieuse et si rare.
Je ne pense pas avoir eu assez de temps pour vivre, ni assez de temps pour réfléchir par moi-même, moi, Kenshin, un loup émissaire, un loup assassin, la main exécutrice des bourreaux, je ne puis accepté le temps qui a fait de moi ce que je suis à présent: une âme perdue et sans but. Qu'ai-je gagné au final si ce n'est de terminé ma vie seul, avoir perdu mon premier amour, ma famille, ma raison...
Je ne crois pas avoir décidé un jour de devenir ce que je suis, ce n'était pas mon choix, mais ma vie.
Le loup roux s'était arrêté un instant, il avait entendu quelque chose, un lapin peut-être, Kenshin regarda juste quelques instants et se perdit dans ses pensées le temps de regarder au loin. Il se retourna vers Nymeria et réfléchit à ce qu'il allait lui dire, il ne savait pas quoi faire pour la retenir ni comment la quitter, il le savait, se serait une déchirure.
Il ne réagit presque pas quand elle lui proposa de venir vivre avec elle, il était trop préoccupé par son choix, qu'en serait il de sa promesse envers Tomoe si il partait avec elle ? Il se demandait si cela serait comme une trahison envers sa louve, malgré qu'elle ne soit plus à ses côtés.
Il stoppa sa marche, une légère brise de vent faisant danser les poils de sa queue touffue, le loup baissant sa tête vers le sol, puis regardant au loin dans la direction opposée, il lui dit, la tête fièrement dressée:
"Je ne crois pas que vous le désiriez vraiment Nymeria, vous ne désirez pas réellement de cette vie, vous ne voudriez pas d'un assassin auprès de vous ni des autres..."
Cela lui avait à peine échappé, il n'avait pas voulu lui dire, pas comme ça, pas si soudainement... Il baissa la tête encore une fois et n'osa pas la regarder, son regard se perdit dans le reflet de son visage et s'était arrêté sur sa cicatrice, souvenir macabre de son ancienne vie. Oui, il se sentait coupable d'avoir ne serait-ce que l'idée de pouvoir aimer quelqu'un d'autre qu'elle.
"Je ne puis venir avec vous, ma rédemption ne m'est pas encore acquise, elle m'en veut encore... Nous nous retrouverons, là où votre cœur vous portera et là où vous avez choisis d'être chez vous, je vous y attendrais."
Kenshin recula, il ne voulait pas partir, mais ses pattes le faisaient à sa place, de plus il sentait l'odeur d'autres loups, l'endroit où se trouvait les autres solitaires ne devaient pas être loin. Il devait la laisser, ici et maintenant.
Il s'arrêta, soudainement, avait-elle fait une erreur ? Aurait-elle dû se taire ? Était-ce bien trop tôt pour lui demander cela ? Elle avait espérée qu'il ne l'écoute pas, qu'il ne lui répond pas face à cette idiote proposition qu'elle venait de lui faire mais, le loup roux l'avait entendu et, maintenant, il s'était arrêté, lui répondant. Une réponse dont elle ne s'attendait pas soi dit en passant, qui l'aurait pu ? Elle s'était arrêté, un son tour, un peu en avant et, tournait désormais sa tête vers lui, ses yeux ambrés braqués sur lui. Un assassin ? De quoi parlait-il ? Pourquoi disait-il cela d'un seul coup ? Tentait-il de la dissuader d'aller dans une telle direction avec lui ? Tentait-il de garder ses distances avec elle ? Alors pourquoi jusqu'à maintenant, semblait-il autant se préoccuper d'elle si c'est pour désormais faire en sorte de la fuir ? Qu'avait-il fait pour qu'il ne puisse soudainement plus venir avec elle ? Qu'il souhaite désormais mettre de la distance entre eux ? Quels démons l'accablaient tant ? Elle ne cessait de le fixer …
Ils avaient quittés les terres Esobek depuis un moment déjà et, s'étaient peu à peu rapproché des terres solitaires. Les diverses odeurs de d'autres loups lui venaient au museau, certains semblaient même les avoir repérer et se dirigeaient vers eux, tapis dans l'ombre de cette nuit étoilés, observant les deux individus qui étaient désormais planté là, sans bouger.
Le roux recula, elle ne comprit point pourquoi, enfin si, elle savait pourquoi. Elle le voyait, le sentait, il souhaitait partir, du moins il le voulait, comme si quelque chose le forçait à le faire. Elle ne pouvait se dire qu'il faisait cela de bon cœur et qu'il avait dit également cela avec plaisir. Une part de lui s'était-il seulement rendu compte de ce qu'il venait de lui dire ? Elle émit un léger couinement tandis que ses oreilles se baissèrent. Son cœur était comme serré face à cette révélation qu'elle ne savait comment prendre. Était-il réellement un assassin comme il prétendait l'être ? En même temps, lui il avait lui-même donné son nom de lune, parlait brièvement sans rien mentionner de son passé douloureux. Tout ceci avait-il un lien avec ce qu'il était maintenant ? Avant ? Elle ne voulait pas croire en cela, au fait qu'il puisse être l'assassin qu'il disait être.
« Attends ... »
Elle l'avait arrêtée, avant qu'il ne lui tourne le dos et ne décide de partir sous son silence qu'elle avait trop laissé en suspend. Elle ne pouvait le laisser partir ainsi, elle voulait s'assurer de pouvoir le revoir, de pouvoir découvrir si réellement ce qu'il disait été vrai. Certains se donnaient une image après tout, pour pouvoir mieux fuir. Est-ce son cas ? Une part d'elle pensait que oui alors que l'autre, non. Si il se révélait être réellement cet assassin dont il venait de mentionner, comment réagirait-elle ? Fuirait-elle ? Elle même n'en savait rien, elle ne voulait pas y penser et se le refusait.
« Promets moi de rester non loin de ces terres pour que l'on puisse se revoir ... »
Elle espérait qu'il accepterait, encore, comme il l'avait fait tout à l'heure, alors qu'ils marchaient tous deux sous ces ténèbres lumineux. Qu'importe ce qu'il pouvait lui avouer maintenant, elle ne ferait pas attention tant qu'elle ne le verrait pas de ses propres yeux ...