 En savoir plus | | Mer 27 Aoû - 16:13 | |
| À tire d'ailes
DEFI : Le monde à l'envers < Take me down to the river bend, take me down to the fighting end,
Wash the poison from off my skin, show me how to be whole again. > Le ciel se noircissait beaucoup trop ces temps-ci. La faute à la pluie de cendre qui tombait sans cesse. Insupportable, sérieusement. Voler au milieu de la cendre, on a fait plus agréable... Enfin, c'était toujours mieux que la pluie de flamme. N'empêche... C'était assez énervant. Sans parler des problèmes de respirations derrière... Oublions oublions...
Mes grandes ailes blanches s'étendaient dans le ciel et je me sentait libre, malgré la cendre noire qui les couvraient un peu. Un ange déchu... Ouais. Bien sûr. Pour les hommes peut-être. Hors j'étais un pigeon. Et là, je ressemblait juste à un oiseau en pleine galère pour voler sans problèmes.
Bientôt, alors que je commençais à fatiguer à force de respirer les pluies sombres, j'aperçu un grand lac. Autour de celui-ci, quelques rares arbres à moitiés morts tentaient encore de tenir. Je me dirigeai vers le plus proche tranquillement. Je me laissai planer jusqu'à une branche et m'y posai. Puis, je fermai tranquillement les yeux.
Lorsque je les rouvrit, je me rendit compte que j'avais dormis. Et que ma gorge était sèche. Avisant l'étendue d'eau, je m'envolai pour m'en approcher et me poser au bord. Un peu méfiant, j'hésitai un peu, puis commença à boire, juste un peu. L'eau me fit un étrange effet, et je me décidai de ne pas continuer à me désaltérer. Je m'en éloignait en sautillant et m'engageait dans une chasse aux graines perdues.
Je ne sais absolument pas comment j'avais pu passer à côté de son odeur, du bruit qu'il avait pu faire, enfin, de sa simple présence. Je ne m'en rendit à vrai dire compte que lorsque qu'il me bondit dessus. Un loup. Pris par surprise, dans un réflexe désespéré, je tentais de m'envoler. Étirant mes ailes, j'entrepris de les battre, mais les crocs imposants du canidés se refermèrent sur l'une d'entre elle.
Aveuglé par la douleur et le désir profond de vivre, je me débattit comme un fou. Coup de pattes, de bec, tout pour le faire lâcher. Si bien qu'il finit par desserrer les crocs. Je chutai lourdement sur le sol. Je me remit immédiatement sur mes pattes et me mis à sautiller le plus vite possible, loin du loup. Mon aile me faisait incroyablement mal, et je n'osai même pas regarder l'état dans lequel elle était. Il fallait fuir. La mort me tendait les bras. Il y avait cette sensation épouvantable que je n'allais pas m'en sortir. Jamais.
Pitié non... J'peux pas mourir comme ça... J'peux pas... C'est impossible... J'ai clairement pas vécu toute ma vie... Putain... Pourquoi j'ai pas été plus méfiant ? J'te jure que si j'm'en sors... Si j'm'en sors... Merde, je vais jamais m'en sortir...
Combien de secondes avais-je gagné en me débattant ? Une dizaine à tout casser. Toujours est-il que mon prédateur me tomba dessus. Je sentis la chaleur de son corps se rapprocher. Et je compris. Non, je n'allais pas survivre. Entre lui et moi, c'est le tueur qui allais vivre. Le bout de la chaîne alimentaire. Parce que c'est ainsi que marche ce monde en ruine. Comme tout les autres mondes. La loi du plus fort.
Je me tournai pour faire face à mon agresseur. Il était tout près. Pendant un instant, le temps sembla s'arrêter. Je photographiais à jamais dans l'espace temps la dernière vision logique de ma vie. L'ultime image. Ces yeux clairs dans un pelage brun. Son museau face à mon bec. Ses crocs luisants et menaçants. La peur m'avait quittée. Et alors que je me demandais ce qu'il y avait derrière l'obscurité de la fin, je sombrais. |
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