Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 

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 Le retour du Dragon [entraînements continus]

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Jeu 17 Mar - 1:04



Dragon's Return



Jauges : 6 / 7 / 7

Couché dans ma tanière, je lève ma tête lentement pour apercevoir le monde, au dehors. Les alentours baignent dans l'obscurité fantomatique d'une aube hivernale. La nouvelle année a commencé, un nouveau printemps arrive doucement. Avant ça, il nous a fallu faire face aux froides semaines de l'hiver et tenter de survivre aux caprices de la Nature. Certains sont fatigués, d'autres ont connu leur première saison froide. Du moins pour ceux qui ont pu voir cet hiver de leurs propres yeux. La plupart, sont seulement à la recherche de la tranquillité pour mener leur existence paisiblement, sans s'ajouter plus de difficultés que celles apportées par la Nature. Je laisse passer un long soupire entre mes lèvres, cette journée s'annonce sous un halo étrange. Il me faut chasser, cela fait bien trop longtemps que je ne l'ai pas fait, et je ne peux me servir interminablement dans les réserves de Nocturne sans apporter ma propre contribution. Il faudrait que je propose à quelques-uns des miens, de participer à une chasse en meute. Nous pourrions alors prétendre à une sacrément grosse proie, et tous les bénéfices seront nécessaires pour voir arriver le printemps sans perdre l'un des nôtres. Je lance un dernier regard à la tanière, paisible, puis je baille et me lève lentement comme si mes muscles n'avaient plus l'habitude de le faire. Je m'étire longtemps, sentant chacun de mes muscles vibrer à l'idée de la journée qui commence. Et je quitte mon antre, reposé et déterminé. Il est temps de tuer. Le monde me semble soudain d'un calme violent, à m'en glacer les os.

La langue pendante, la truffe sans cesse en mouvement, je guette les effluves de toutes les proies que je pourrais dénicher aujourd'hui, chaque passage d'animaux. Je trottine sur tout le territoire neutre de long en large, fouillant chaque piste et traquant chaque odeur. Mes pas me mènent jusqu'au village des hommes, qui brille d'une lueur spectrale dans l'obscurité bleuâtre de cette aube hivernale. Ils paieront. Je m'immobilise après une longue marche, je hume les alentours et après avoir repéré une piste fraîche, je lance un long hurlement vers le ciel pour signifier à tous les loups se trouvant aux alentours, que cette chasse est la mienne et que quiconque approchera, enfreindra ma règle et pénétrera mon territoire. Je m'atèlle ensuite à la traque de ma proie, persuadé qu'elle se trouve encore dans les parages. Plus vite je l'aurais débusquée, et plus vite je pourrais la mettre à mort et la rapporter à ma famille, ou au garde-manger de Nocturne. La truffe posée au sol, je hume chaque odeur, découvrant parfois des relents répugnants, preuve que les humains ont vraiment contribué en grande partie à réduire notre monde à néant. Je renifle une plante nauséabonde dans le coin d'une tanière en briques froides et je renâcle furieusement pour tenter de me dégager de cette senteur abominable. Non vraiment, ça pue ce truc ! Il me faut de longues minutes ensuite, pour enfin retrouver mon odorat et repérer à nouveau une odeur de proie. Une brise légère m'apporte le délicieux parfum d'un troupeau de chevreuils et je me réjouis à l'avance d'être tombé sur eux.

Mais doucement, une brume épaisse se lève autour de moi, me laissant dans une incompréhension certaine. Si je me suis levé ce matin avec la résignation de voir s'écouler une morne journée, je n'aurais pas pensé qu'elle pourrait être si grise, si déprimante. Je soupire, résigné à chasser dans la cécité totale, puisque je peine même à apercevoir le bout de mes pattes. J'avance dans le brouillard d'un pas lent pour ne pas être surpris par un obstacle, et j'écoute les légers coups de sabots qui martèlent le sol à quelque distance de moi. Comme dans un rêve, les sons sont doux à mes oreilles, parce qu'ils annoncent l'arrivée imminente de la nourriture. Un mirage m'apparaît alors et je laisse un sourire satisfait se dessiner sur mes babines. Une petite bête fauve bleutée apparaît à quelques mètres de moi, dans la brume. Le petit animal, probablement un chevreau perdu, ne m'a pas remarqué. Je fais quelques pas dans sa direction et m'immobilise pour le contempler. Dans quelques minutes, sa mort sera ma vie et celle de ma famille. Le halo pâle qui l'entoure me ferait presque penser à une apparition d'outre tombe, si j'étais croyant en ces choses absurdes. Je m'avance encore, et le petit relève la tête. C'est quand son regard blanc me fixe, que je réalise à quel point la brume qui m'entoure est épaisse, sans pour autant déposer la moindre humidité sur mon pelage totalement sec. Quelque chose ne va pas, dans ce décor sinistre. Ma proie n'a de cesse de me fixer, immobile, et je croirais presque que c'est elle qui est en chasse plutôt que moi. Je la détaille de mon oeil valide, le fait d'être borgne ne m'étant pas d'une aide remarquable.

Après de longues seconde, je réalise que son abdomen ne se soulève pas, et à le fixer avec plus de concentration, je vois apparaître sur ses flancs des traces de griffures et d'anciens coups de crocs qui, au vue des déchirures dans sa chair, ont dû être furieux et violents. Je recule d'un pas, l'irréalité de la situation me rend nerveux, rien de tout ceci n'est rationnel. Je cherche une explication à la présence quasi spectrale de l'animal, et à la tombée de cette brume sèche qui nous entoure et nous enferme en elle. Non, c'est certain, quelque chose ne va pas. Je retrousse légèrement mes babines quand le chevreau s'approche de moi d'un pas tranquille, lent, comme si ma vision ne déclenchait pas la moindre inquiétude en lui. Il me fixe de son regard de mirage, et je ne vois plus en lui qu'une aberration de la Nature, une erreur qu'il faut corriger au plus vite ou ... fuir. Après de longues secondes, je réalise que l'odeur de la Mort empeste en ce lieu sordide. Je dresse les oreilles et hume les effluves du petit animal, mais l'odeur ne disparaît pas et je me sens soudain minuscule dans cet univers parallèle, où les rôles semblent avoir été échangés. Et puis, le chevreau s'immobilise à quelques mètres de moi. A mon tour de cesser tout mouvement, prêt à attaquer ou à détaler selon la nécessité, sans le quitter de mon regard saphir. La petite bête me fixe, et je vois apparaître derrière elle d'autres spectres, des créatures beaucoup plus grandes mais de la même espèce et dans un bien triste état, elles aussi. Je lâche un grognement sourd, la peur me prend aux tripes.

D'autres bêtes font leur apparition, hantant mon esprit comme des fantômes de mon passé surgissant de la pénombre, faisant fît de la mort et de ses règles éternelles. Je les toise toutes les unes après les autres. Trois têtes, non, quatre, cinq, six, un troupeau entier se tient devant moi, dont les couleurs fauves ont laissé place à un halo bleuté qui déclenche en moi une peur sourde. Tout ceci n'a rien de normal, pourtant je suis bien là, bien vivant et bien réveillé. Le premier animal, qui s'est approché du tout petit, me fixe aussi d'un regard blanchâtre, spectral. Je renâcle, j'ai peur de ce qui va arriver maintenant. Un loup seul ne peut espérer abattre une si grosse proie, et encore moins un troupeau entier. Je suis perdu. Pourtant, je reste campé sur mes quatre pattes, laissant la peur sur le côté pour me concentrer sur l'instinct de survie. Et lorsque l'animal de deux fois ma hauteur, lance un coup de tête en avant pour indiquer au troupeau de charger, c'est de toute la puissance de mes pattes que je fuis les lieux dans un grondement sonore. Hors de question que je reste là à regarder la Mort arriver. Quitte à mourir, je le ferais en essayant de vivre. Je cours à toutes pattes entre les tanières humaines, oscillant entre gauche et droite sans jamais m'arrêter, sautant par-dessus les obstacles comme je n'ai jamais sauter, et rampant sous les décombres comme une vulgaire souris en fuite. Je suis un Dragon mais je ne suis pas stupide. Un loup seul ne saurait vaincre un troupeaux de fantômes, aussi paisible soit-il. Alors un groupes d'animaux déchaînés avec pour seule conviction la mort d'un loup ! Non, je ne vais pas rester pour le savoir, j'ai bien d'autres objectifs dans ma vie que celui de me faire piétiner par un troupeau de bêtes mortes et déchiquetées, tenant debout par la seule force de l'irrationalité.

Après un temps interminable à me déchaîner et à repousser mes limites jusque dans leurs plus sombres retranchements, je vois ma fin approcher. Les bêtes sont toujours à mes trousses et plus mes foulées se multiplient, moins j'ai d’énergie pour la fuite et plus je ralentis. Les spectres, eux, ne fatiguent pas une seule seconde et leur course effrénée pour venger leur peuple semble ne jamais s'arrêter. Je vire de bord brutalement pour tenter de couper leur élan, cependant ils tournent avec moi comme s'ils étaient reliés à ma pensée et que je n'avais aucun moyen de les fuir. Je renâcle, je commence à m'épuiser et le temps passe et presse. Je n'ai plus beaucoup de temps, ma fin est proche. Je me bats jusqu'au bout, mais mes forces m'abandonnent lentement alors que mes bourreaux ne perdent pas la moindre parcelle de leur souffle régulier. Je me stoppe alors brutalement, elles aussi, laissant entre nous pas plus de trois loups de distance. Elles sont bien trop près, mais bien trop loin aussi. Je fixe l'animal de tête, ainsi que son petit. Ils devraient être morts. Ils sont morts. Ils n'ont rien à faire dans les parages. Je gronde, montre les dents, mais aucune des créatures ne prend peur ni n'essaie de fuir. Je vois le sabot de la première se lever tout en me fixant, et avant que j'ai le temps de comprendre ou d'anticiper un mouvement, c'est tout le troupeau qui se rassemblent en un énorme nuage bleuâtre pour fondre sur moi avec une force colossale. Mes yeux se ferment par instinct, comme lorsqu'une brise est trop froide pour les garder ouverts, et quand je rouvre les paupières, plus rien n'existe. Ni les bêtes, ni la brume, il ne reste que mon corps épuisé, et mon coeur affolé. J'ignore ce qui s'est passé, mais je me jure de ne plus jamais remettre les pattes dans cet endroit putride.
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Jeu 17 Mar - 1:07



The dead tree



Jauges : 6 / 7 / 7

La terre gelée est dure et froide sous mes pattes, recouverte d'un fin linceul blanc comme si elle se cachait du monde. Par endroit, les feuilles mortes, en décomposition, on empêché le gèle d'atteindre la terre, qui est restée boueuse et glissante. Mais j'ai un bon équilibre, et je parviens à rester sur mes quatre pattes même lorsque le sol se dérobe sous mes doigts. Mu par un besoin de changer d'air, je me rends à la forêt aux pendus, là où des centaines de cadavres putrides se décomposent au fil des mois et des années. Par endroit, ce ne sont plus que des tas d'ossements aux pieds des arbres. Ailleurs, ce sont encore des cadavres répugnants qui gisent, accrochés aux branches, se balançant avec le vent dans un grincement de corde sinistre. Je soupire longuement, cet endroit est aussi dégueulasse que le trou d'un phacochère. Je me demande si les phacochères vivent dans des trous, tiens. Est-ce qu'ils dorment dans les hautes herbes, comme les chevreuils, pour se cacher dans les bois au lever du jour ? Bof ... J'm'en fous un peu, faut dire. Moi tout ce qui m'importe, c'est la protection de ma famille. Après, de savoir que la terre tourne ou que les oiseaux se reproduisent en volant, c'est bien le cadet de mes soucis. Je m'avance au milieu des arbres en humant l'odeur des cadavres en putréfaction, et je remarque un arbre vide, sans le moindre os à son pied. Intrigué puisque rares sont les troncs qui n'ont jamais porté de mort, je m'en approche à pas lents, prudent.

Brusquement une laie d'une centaine de kilos s'extirpe de derrière, là où un bosquet me bloquait la vue, suivie de près par trois marcassins déjà fauves mais pas encore aussi gros que des adultes. Je m'immobilise un instant, surpris par ce débarquement, mais la femelle fonce déjà sur moi pour m'éloigner de son chemin. Je fais un écart sur le côté pour l'éviter, elle continue sur sa lancée et, pris par l'excitation, je la suis dans la foulée. Les oreilles dressée dans sa direction, je la guette alors qu'elle me fait face à nouveau, puis je me désintéresse d'elle puisqu'elle reste immobile plusieurs secondes. Je me mets à courir après l'un des petits qui file en grognant de peur, et je me fais charger par la femelle. Dans l'amusement et les grognements du petit, je ne l'ai pas entendue arriver. Je roule à terre en jappant, surpris, mais me relève aussitôt pour lui tenir tête et aboyer afin de la faire reculer. Elle s'éloigne avec ses petits, mais leur présence me donne envie de traquer et, d'instinct, je recommence à leur courir après. La femelle tente de me distancer, me charger et me dissuader de continuer mon petit jeu, mais entre esquives et grondements menaçants, je n'ai de cesse de les harceler tous les quatre. Les petits courant partout sont trop amusants pour que je décide de m'en aller sagement, même si je n'ai aucune intention de les tuer. Seul, je n'aurais aucune chance et je le sais. Et puis, je ne suis pas là pour chasser, juste pour m'entraîner. Quoi de mieux qu'un jeu avec des cochons sauvages pour redévelopper mes muscles ?

Après de longues minutes de courses poursuites et de fuites, les petits commencent à prendre confiance et me chargent en imitant leur mère. Je jappe mais ne m'en vais pas pour autant, et je me sers autant des troncs d'arbres qu'eux quatre pour me camoufler et revenir à la charge. Quand un petit se cache dans un renfoncement de terre et que je lui saute dessus, la charge de sa mère qui me prend de plein fouet m'arrache un gémissement et je m'assied une minute. Dans mon langage, ça signifie que le jeu est allé trop loin et qu'il faut se calmer. Dans celui de la laie, c'est un abandon temporaire. Ce qui, en fait, n'est pas si différent et mène d'ailleurs au même résultat : nous nous arrêtons tous les deux pour nous calmer un moment. L'instant d'après, remis de mes surprises, je repars de plus belle pour courser les marcassins. Deux me chargent mais fuient dès qu'ils arrivent près de moi, l'autre tente désespérément de m'échapper et je lui pince la croupe pour l'exciter davantage. L'odeur de la peur est délicieuse, n'importe qui pourra le dire. Heureusement pour moi, la laie n'a pas les défenses mortelles que porterait un mâle. Et puis malgré son instinct maternel, elle a peur de moi autant que ses petits, alors elle cherche à me faire fuir sans abuser de son courage de mère. Je les harcèle encore quelques minutes, jusqu'à ce que les charges de la femelle deviennent trop douloureuses et que je peine à l'esquiver. Quand enfin je suis essoufflé et que le jeu me lasse, j'abandonne la partie et m'éloigne en trottant, alors que la famille de sangliers s'en va au galop dans la direction inverse.
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Ven 18 Mar - 9:21



Table, or not ...



Jauges : 8 / 10 / 10

Je m'extirpe de ma tanière avec un long grognement fatigué, j'ai eu du mal à me lever ce matin. Je baille à m'en décrocher la mâchoire et mes paupières s'ouvrent difficilement pour scruter les environs de mon chez moi. Le ciel est dégagé, seuls quelques nuages blancs et fins le parsèment sans annoncer un quelconque mauvais temps. Un chouette temps pour une journée d'hiver. Le fond de l'air est froid mais il n'y a pas de vent, aussi mon pelage me protège suffisamment. En poussant des gémissements rauques, je m'étire de long en large dans la terre vierge devant ma tanière, avant de m'avancer dehors de quelques pas. Ah ... Les doux matins d'hiver ... J'inspire profondément, et j'entreprends une marche tranquille à travers mon territoire improvisé, en me disant qu'il me faudra bientôt me creuser une autre tanière. Cela fait si longtemps que ma tendre soeur à disparu ... Que j'ai perdu ma famille ... Décidé à ne pas penser à mes problèmes aujourd'hui, je m'éloigne de plusieurs centaines de mètres de mon chez moi. Et finalement, j'ai bien dû traverser quelques kilomètres puisque je me retrouve à l'Ouest, à l'opposé de notre chez nous. J'entre dans le cimetière les yeux encore embrumés par la fatigue, mais mes autres sens sont en alerte et prêts à me prévenir d'un quelconque danger. Et je leur voue une confiance aveugle, aussi je me promène dans le cimetière sans la moindre peur, mes oreilles tournoyant au-dessus de ma tête pour repérer rapidement en cas de besoin.

L'endroit semble désert, tout du moins aucun loup ne s'y trouve à une heure si matinale. Je remarque un changement radical d'ambiance, tout à coup. Si le ciel était d'un bleu limpide malgré le froid, au sortir de ma tanière, voilà qu'il me semble bien plus grisâtre ici. Pas un nuage ne l'entache, et les arbres dénudés donnent au lieu une ombre sinistre. Pour un peu, j'aurais presque l'impression que les morts vont s'extirper de leurs tombes pour venir me hanter. Je repense machinalement à cette morne journée, il y a quelques temps, pendant laquelle j'ai dû respirer un air pollué par les hommes. Pendant de longs mois, voilà que j'ai réussi à me faire hanter par des chiens ! Quelle stupidité ... Non mais qui pourrait croire de telles sornettes. Quoi que je me dis ça maintenant, mais sur le moment je dois bien avouer que j'ai certainement eu la frousse de ma vie. Je soupire longuement en baissant mes yeux vers le sol, repérant ici et les des traces de loups ou d'autres animaux qui ont dû passer par là les jours précédents. La dernière fois que je suis venu ici, c'était appelé par Skull, mon ancienne Alpha, pour mettre au point les premiers plans de la Horde. Tout se déroulait lentement mais sûrement, à l'époque, et les ordres n'étaient jamais contestés par aucun d'entre nous. Il faut dire que le plus récalcitrant à toujours été moi-même, et que j'ai fini par respecter Skull comme une réelle Leader. Machinalement, je pose ma truffe au sol à la recherche d'une odeur quelconque.

Je slalome à une allure lente entre les tombes, je ne suis pas le moins du monde pressé et pas particulièrement en chasse. J'ai plutôt envie de me promener aujourd'hui, que de me tuer à la tâche. Trottant paisiblement, je longe les pierres sans leur prêter la moindre attention, sans même prendre le temps de regarder les faces imprimées dans le marbre. Après tout, ces visages ne sont pas ceux de ma famille, ni même de mon espèce. Ce sont des humains qui ont été enterrés-là, et je me fiche pas mal de savoir à quel âge ils sont morts ni comment ou pourquoi. Et la tronche qu'ils avaient ne m'intéresse d'ailleurs pas davantage. Si c'était moi, je les balancerais tous du haut d'une falaise sans faire de différence. Qu'ils soient mort ou vifs ne ferait naître aucun sentiment compatissant en moi. Non, ces créatures méritent seulement la mort, et le plus tôt sera toujours le mieux. Ils ont détruit leurs propres terres sans la moindre considération, et ils ont massacré le monde d'autres êtres vivants sans éprouver le moindre remord. Je les haie trop pour éprouver ne serait-ce que de la pitié pour eux. Non, je ne saurais avoir pitié d'eux. Ils sont dotés d'une bien trop grande cruauté pour que je me permette d'être attendri par l'un d'entre eux. Si j'en croisais un, quel que soit son âge et son passé ou son avenir, je le tuerais sans état d'âme. Je souris bêtement en imaginant l'un de leurs petits entre mes crocs. Ils sauraient alors qu'ils ne sont pas les seuls capables d'indifférence, et ils sauraient qu'ils n'auraient jamais dû massacrer nos terres, parce que désormais nous chassons sur les mêmes territoires.

Après quelques minutes de recherches sans grande conviction, je décide de passer à quelque chose de plus sérieux et de plus important pour l'heure. Je pars sur un entraînement d'endurance et d'agilité, en trottant plus rapidement entre les tombes. Je vire à droite, accélère, stoppe brusquement pour filer à gauche d'une énorme pierre grise et repars de plus belle. J'entends les crépitements d'un rongeur, et un rat passe devant moi. Mes oreilles se dressent en avant, je fixe la créature et je fonce dans sa direction. Elle passe dans la fissure d'une pierre tombale, je freine de justesse et tourne brutalement pour ne pas percuter le mur de plein fouet. Mon corps cogne légèrement la pierre et je repars, mes pattes arrières poussant avec force sur mon appui pour lancer mon corps dans la bonne direction. Je renâcle pendant ma course, essayant d'avaler plus d'air que mes poumons ne peuvent en stocker et, dans ma précipitation, je m’étouffe avec ma salive. Je souris à cause de ma propre débilité, et je m'arrête quelques secondes pour reprendre mon souffle et finir de cracher l'air que j'ai avalé. Après un bref rire rauque, je détaille le cimetière de long en large. Dans mon enchaînement de courses folles, je ne m'étais pas rendu compte que j'étais arrivé au centre même de l'endroit le plus glauque des terres de l'Ouest. Je m'avance près d'une énorme pierre tombale, semblant être la plus imposante du lieux. Un visage est gravé dans le marbre, avec des symboles en dessous. J'ignore ce que cela signifie, mais un frisson parcourt mon corps alors que je regarde cette sépulture de mes yeux saphirs.

Je contourne l'énorme édifice avec un respect non feint et une lueur de crainte dans le regard. Cet endroit est vraiment étrange. Tout à coup, le rat de tout à l'heure surgit de nulle part pour m'arracher un grognement de surprise. Je recule vivement et me reprends aussitôt, ce n'est qu'un rat. Il s'immobilise, me fixe de son petit oeil noir et vif. Sa patte antérieure maintenue en l'air m'indique qu'il est aux aguets, mais il sait que s'il part en courant je le pourchasserais. Et comme je suis tout aussi inerte que la pierre, il hésite à prendre le risque. Un mouvement de ma part, et son petit corps se faufilera dans les herbes pour tenter de disparaître ou il repartira en arrière en espérant rejoindre sa cachette avant que je ne l'attrape. Je n'ai qu'une seconde, deux tout au plus, pour anticiper son choix. C'est son museau frémissant qui me guide, en se tournant vers la gauche, et en un instant nous voilà partis dans les allées du cimetière. Il file de gauche à droite entre les tombes et moi j'essaie de le suivre sans le quitter de mon oeil valide, me fiant à mon odorat qui m'aide à garder sa trace. Je souffle fort pour apporter assez d'oxygène à mon corps et me permettre de maintenir l'allure. Je l'entends couiner de frayeur mais il continue de courir, instinct de survie oblige. Après de longues minutes d'une attention accrue pour la petite bête, après avoir sauté par-dessus des petites pierres et saccagé quelques tombes faites seulement de terre meuble, voilà que je reviens à mon point de départ, près de l'entrée du cimetière. Je décide que ce petit entraînement à assez duré, et je rentre chez moi en espérant trouver un point d'eau sur le chemin, histoire de me désaltérer.

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Ven 18 Mar - 9:21



Like a soldier



Jauges : 8 / 10 / 10

Par une journée d'hiver ensoleillée, je me décide à me rendre dans un endroit que j'ai connu il y a bien longtemps maintenant. Petit, je me rappelle que je jouais ici avec ma petite soeur, lorsque Mère nous emportait pour de longues journées d'apprentissages. Après nos premières chasses, nous avions pris l'habitude de venir nous reposer ici avant de rentrer au camp des Sekmet pour déposer nos proies, fiers comme des paons, dans les réserves de la meute. Je me rappelle de ces hivers froids, lorsque la glace avait figé la surface du lac, et que nous jouions dessus, petits louveteaux aventureux et curieux de tout. Notre mère nous surveillait, veillant au moindre craquement pour que nous ne tombions pas dans l'acide, et nous nous réjouissions de pouvoir courir et glisser l'un avec l'autre, Kaya et moi. Ce sont là les plus beaux souvenirs de mon enfance, probablement. Plus tard, adulte, c'est là que je rencontrais ma première compagne, même si notre idylle ne dura que peu de temps. Cet endroit est l'un de ceux qui portent mes plus beaux souvenirs. Aussi lorsque j'arrive sur les lieux, je souris pleinement en voyant l'épaisse couche de glace qui recouvre le lac mortel. Je me demande, soudainement d'une humeur joueuse, si je pourrais de nouveau ressentir la joie innocente que je ressentais autrefois, en glissant sur le sol gelé du lac. Je m'avance sur la rive, m'approche du bord, et pose une patte. Pas un bruit, pas un mouvement. Enjoué, je descends sur le lac sans me méfier davantage, persuadé que tout ira bien. Je marche quelques mètres, m'approchant du centre en souriant pleinement, prêt à m'amuser follement.

Et puis, tout se passe en un instant. Le premier craquement, et un second. Je m'immobilise, le regard révulsé par la peur, et je fixe tout ce qui m'entoure. Les fissures se multiplient autour de moi, m'obligeant à ne plus esquisser le moindre mouvement. Perdu, je suis perdu. Je ne verrais plus le jour se lever, ni le sourire de ma soeur quand je rentre à la tanière le soir. Je n'entendrais plus sa voix m'appeler, inquiète, lorsque je rentre tard d'une chasse et je ne sentirais plus sa chaleur contre mon corps, la nuit, lorsque l'hiver frappe de son marteau de glace. Les plaques se détachent les unes des autres et s'éloignent, et je peine à me stabiliser sur la mienne. Il me faut quelques secondes et quelques glissades pour parvenir à un semblant de stabilité, et j'ignore combien de temps je tiendrais sur ce morceau de glace entouré par une eau meurtrière. Je frissonne, je sens ma fin arriver. J'observe les alentours, je hume l'air, tous mes muscles bandés par la peur. Rien. Il n'y a personne. Oh je n'aurais pas demandé de l'aide même s'il y avait eu quelqu'un, mais disons que de voir un semblable se moquer de moi à côté, m'aurait donné le courage de trouver une solution. Je me serais concentré sur l'envie de lui foutre une raclée, et j'en aurais oublié la terreur de louveteau que je ressens à l'heure actuelle. Je déglutis péniblement, me demandant si je parviendrais à me sortir seul de ce pétrin ou si je devrais regarder la mort en face et mourir dignement en sautant moi-même dans l'eau de Mort. J'ai véritablement la frousse. Bon, au moins, je suis stable, la plaque ne bouge pas sous mes pattes.

Sur une pierre plate, au beau milieu d'une plaque de glace d'une dizaine de centimètres d'épaisseur, je souffle. Je meurs de chaud, et franchement je n'suis pas encore sorti d'affaire. Je grogne alors que mon seul salut flotte sur un lac d'acide meurtrier, qui n'attend qu'un moment d'inattention de ma part pour prendre ma vie. Mon regard sombre lorgne toutes les issues possibles, et malheureusement elles ne sont pas nombreuses. peut-être que si j'attends suffisamment, les autres plaques qui flottent arriveront assez près pour que je me serve d'elles comme d'un pont suspendu au-dessus de la mort. Si je parviens à bondir suffisamment vite et avec un bon équilibre sur les plaques, une à une, je pourrais peut-être atteindre la rive en un seul morceau. Et pour me donner du courage, je me dis que perdre une patte sera toujours mieux que perdre la vie. Je tente de garder mon calme et ma respiration à un rythme régulier, tout en regardant de gauche à droite si une plaque arrive de près ou de loin jusqu'à moi. J'en repère une, à quelques mètres, poussée dans ma direction par le vent glacial. Je ne perds pas espoir, elle me rejoindra bientôt. Je la fixe avec avidité et elle semble volontairement mettre un temps fou à venir jusqu'à moi. Quand enfin, elle se trouve à ma portée, j'inspire profondément pour me concentrer. Je n'ai pas le droit à l'erreur, un seul centimètre de trop et je coulerais dans les profondeurs du lac d'acide. Mon corps se désagrégera d'ailleurs avant même que je ne touche le fond, j'en suis certain.

Angoissé, je vide mes poumons de tout l'air qu'il contient, et je stoppe ma respiration. Concentration. Inspiration. Expiration. Inspiration. Je saute de toutes mes forces, dosant juste ce qu'il faut la puissance de mes pattes postérieures, et j'atteins la plaque. Je glisse dessus de quelques centimètres, mais avant de la traverser et de tomber dans l'eau de saute à nouveau, m'écrasant lourdement sur le sol neigeux et froid de la rive. Bon sang, je suis vivant ! Je reste là, étalé comme un vieux cadavre, pendant de longues minutes. Quand je réalise que j'avais cessé de respirer, je prends une longue goulée d'air hivernal et je souffle comme un boeuf dans la poudreuse. Je n'ai jamais eu aussi chaud de toute ma vie, et je n'ai jamais été aussi heureux d'être encore en vie ! Après de longues minutes, mon coeur ralentit enfin pour reprendre un rythme tranquille, et je me redresse lentement sur mes pattes. Pantelant, je me tourne vers le lac d'acide et fixe les plaques de glace qui flottent encore. Je me promets que plus jamais je ne jouerais au louveteau téméraire dans les parages. Je reste là encore quelques temps, profitant de ma vie comme je ne l'avais jamais fait auparavant, et je souris finalement à l'idée que je rentrerais entier ce soir, et que je pourrais profiter d'un repas de plus en compagnie de mon vieil ami grincheux. J'aurais vécu une sacrée aventure, aujourd'hui, et ça me fera de belles histoires à raconter à ma famille, le jour où je la retrouverais. Reste encore à savoir quand et comment, mais je ne doute pas que cela finira par arriver, tôt ou tard. D'un pas tranquille, je repars dans les bois pour rejoindre ma tanière, et probablement profiter d'une bonne cuisse de chamois s'il en reste dans les réserves de mon Gardien.

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Sam 19 Mar - 19:23



The enemy from heaven



Jauges : 9 / 14 / 12

Je suis sorti des bois pour m'aventurer chez les Esobeks et ce, sans aucun griefs pour eux. En fait, j'étais désireux de prendre un peu de hauteur et les seules disponibles en ce monde sont les collines escarpées, situées sur leur territoire. Mais moi, je me fiche pas mal de savoir à qui appartiennent les terres. J'arpente celles que je veux, quand je le veux. Et je suis bien décidé à profiter de l'air le plus frais que je puisse trouver. C'est donc en trottinant tranquillement que j'arrive aux collines escarpées, réalisant à quel point les années les ont affaiblies et les hommes, détruites. Par leurs guerres incessantes, par leurs désirs de vengeances et par leur stupidité légendaire, ils ont fini par transformer leur propre univers en un immense et immonde tas de déchets en putréfaction. Tout autant que les morts pullulent dans la forêt aux pendus, ici les collines ne sont plus réellement ce qu'elles devaient être par le passé. Je me prends à rêver à leur splendeur d'autrefois et, en les escaladant agilement pour atteindre le plus haut sommet, j'imagine leur beauté passée, sans doute oubliée par ceux qui l'ont connu s'ils sont encore en vie aujourd'hui. Parfois, je me prends à regretter de ne pas avoir connu cette époque, ces périodes de paix et de prospérité. Et puis, je me dis que si j'en avais été, je n'aurais pas été plus heureux qu'aujourd'hui puisque je n'aurais pas pu faire davantage que ce que mes ancêtres ont déjà fait pour tenter de sauver nos terres. J'aurais été condamné à regarder mourir mon monde sans pouvoir agir.

Je ne suis pas le plus grand des loups, même si je ne suis pas le plus petit non plus. D'un gabarit dans la moyenne pour un loup européen, je peux passer inaperçu mais également, malheureusement pour moi, je peux passer pour une proie. Oui, le brun de mon pelage mélangé au gris cendré de mon dos peut parfois attirer le regard de certains prédateurs. Et c'est, malheureusement pour moi, ce qui se passe aujourd'hui. Je ne l'entends pas arriver. Mes sens toujours en alerte ne le repèrent pas, parce que ce n'est pas un ennemi ordinaire. Il n'est pas un loup que je pourrais combattre pour apporter une victoire supplémentaire à la Horde ou simplement développer mes capacités individuelles. Il n'est pas un renard peureux ou un glouton agressif que je pourrais également tenter de dissuader par le combat. Non. Et il n'est pas non plus une proie que je pourrais faire fuir par ma seule présence ou traquer dans toutes les terres jusqu'à le capturer entre mes crocs et l'abattre. Ce serait tellement plus facile, si je pouvais interminablement faire face aux mêmes ennemis, aux mêmes dangers. Je pourrais, si ma vie était si simple, me contenter de me balader quotidiennement sur les terres sans m'inquiéter de rien, pouvoir arpenter le monde sans jamais avoir peur puisque je saurais toujours d'où viens le danger. Mais à l'heure qu'il est, je préférais de loin affronter une horde d'êtres humains déchaînés, ces monstres perfides et cruels qui ne pensent qu'à détruire tout ce qu'ils touchent et à tuer tous ceux qui croisent leur chemin. Oui, je préférerais affronter des humains plutôt que cet ennemi-là.

Ses serres se plantent dans mon échine avec une force spectaculaire et je lance un jappement de douleur. Ma voix, suraiguë alors que je ne l'avais jamais extériorisé de cette manière, résonne dans les collines sous la douleur violence que je ressens. Il serre davantage sa prise sur moi et, son poids ajouté à la force de sa chute libre vers moi, me fait tomber dans l'herbe roussie par de récents incendies. Je gémis douloureusement et me débats de toutes mes forces pour tenter de me libérer mais lui, avec ses ailes immenses, se stabilise et freine tous mes mouvements en serrant toujours plus fort sa prise dans ma chair. Je jappe, gémis, hurle, mais rien n'y fait, il n'a aucune pitié. Je roule en boule pour essayer de lui faire lâcher prise, et j'aperçois alors son bec jaune, arme destructrice au milieu de sa tête blanche. Son corps, ombre de la mort, me surplombe d'une aura meurtrière. Son oeil vif me scrute en attendant de trouver une issue pour m'atteindre. Je me redresse violemment pour fuir, mais l'une de ses serres se plante dans mon visage et l'autre attrape mon oreille avec force. Je lance un aboiement aigu pour faire comprendre ma souffrance intense mais il s'en fiche, je suis sa proie. Je me secoue dans tous les sens, balance des coups de pattes violents pour me libérer et, enfin, il me relâche une seconde. Furieux, fou de douleur, je saute brutalement pour lui attraper l'aile. Sa voix stridente me brûle les tympans, son bec acéré me roue de coups et entaille ma chair qu'il arrache par lambeaux. Mon poids est trop important pour lui, je l'emporte vers le sol et dans un corps à corps acharné dans lequel je m'efforce de le garder sous moi pour qu'il ne s'envole plus, je fini par lui griffer violemment le visage en abattant mes pattes sur lui. Il lâche un cri terrible se débat et je le relâche en grondant férocement sous la douleur, le sang perlant sur mon visage en de sinistres sillons. L'immense rapace finit par s'envoler et moi, la tête en lambeaux, je m'affale sur le sol en espérant que mes ennemis, frères de race, ne viendront pas m'achever par facilité. Juste un temps de repos. Juste quelques temps avant que je ne rentre. Quelques minutes. Ou ... Quelques heures. Qu'ils me laissent juste un peu de temps ...

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Sam 19 Mar - 19:23



Tomorrow, at down



Jauges : 9 / 14 / 12

Il fait encore nuit lorsque je quitte ma tanière ce matin-là. Avec la disparition récente de ma vie, je n'ai plus la moindre envie de rester là-dedans une seconde de plus que nécessaire. J'ai besoin de sortir, de bouger et de m'occuper, tout autant les pattes que l'esprit. Je ne supporte plus de voir cet endroit vide, de constater l'absence de ma famille à chaque minute de ma vie et de me dire, toujours, que j'ignore quand je les retrouverais. La consolation est beaucoup trop maigre pour moi, j'ai besoin de penser à autre chose. Je soupire longuement, je m'étire au sortir de mon antre, je fais quelques pas autour pour vérifier que tout va bien et que je ne risque rien. Je fais aussi le point pour m'assurer que ma soeur ne gît pas, à quelque distance proche de mon terrier, alors qu'elle aura essayé de rentrer blessée. Rien, encore et toujours rien. Je pars en marchant, décrivant de longs serpents de chemin dans la terre givrée du petit matin pour être bien certain que rien d'inhabituel se passe dans les environs de mon terrier. Quand je me suis assuré que tout va bien, c'est avec résignation et sans la moindre conviction que je quitter mon territoire de fortune, abandonnant derrière moi les terres de l'Est pour un territoire de chasse. Il faut déjà tuer à nouveau pour nourrir la meute, et ce même si l'objectif même de ma présence en son sein n'est pour l'instant inexistant. Comme tout les matins cependant, je m'arrête à la frontière des terres que Kaya et moi nous étions appropriées il y a quatre ans. Je lève le museau vers le ciel et je lance un long hurlement à son intention, destiné à localiser les membres de ma meute mais adressé seulement à elle. Je ne reçois pas de réponse, comme toujours, et je pars en trottant sans plus attendre.

Comme régulièrement ces derniers jours, mes pas me guident en territoire ennemi. Ne pensant qu'à ma soeur disparue, je ne m'inquiète aucunement de la présence des éventuels sentinelles ni de quelconques gardiens qui pourraient être présents dans les parages. Je longue différents décors, différents paysages, et je m'enfonce dans les terres Esobeks sans chercher à me cacher ou à provoquer un conflit. De toute façon au point où nous en sommes, même si les combats ne sont encore que de petites bagarres sans importance qui éclatent ici et là, la guerre est déjà déclarée. C'est les sens aux aguets malgré mon esprit dispersé, que je me mets en traque silencieusement. Entre des arbres complètement calcinés dont il ne reste qu'un long tronc noirci et dévoré par la mort, je cherche une piste quelconque ou les traces fraîches dans la terre d'un anodin passage d'animaux. Je ne repère d'abord rien, mais les parties de chasses n'ont jamais été connues pour leur simplicité et leur rapidité d'exécution. C'est un coup de chance lorsque nous autre les loups, trouvons de quoi assouvir notre besoin phénoménal en viande pour une journée ou deux. Nourrir deux loups adultes n'a rien de simple, et prendre en charge des traques sans recevoir la moindre aide des miens n'est pas non plus chose facile. Cependant je m'y colle quotidiennement, pour avoir l'espoir de trouver quelque chose au moins de temps en temps. Si je ne ramène pas un cerf bien frais tous les jours, je veux au moins me vanter de remplier copieusement les réserves de ma meute de temps en temps.

Pour les premières minutes de recherche, la tentative semble vaine. Mais je ne perds pas espoir si rapidement et je continue d'analyser les odeurs qui partent ici et là, d'un arbre à l'autre. Déterminé, je n'ai de cesse de tourner et tournoyer autour des troncs roussis à la recherche d'une piste aléatoire, n'importe quoi qui pourrait suffire à nourrir ne serait-ce qu'un louveteau, même si évidemment je ne comporte pas un tel poids. Machinalement, tout en continuant de traquer inlassablement une proie que je n'ai pas encore dénicher, je viens à penser à Atom. Nos vies vont changer, désormais. Elle sait ce que je ressens pour elle et je sais ce qu'elle ressent pour moi, aussi je me dois de trouver un moyen pour que nos vies si différentes à présent ne soient plus un poids pour nous deux. A première vue les choses semblent particulièrement mal parties, et je suppose que nous n'avons réellement pas choisi le partenaire le plus en adéquation avec nos modes de vie respectifs. Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que quelque part, dans ma tête, je peux trouver une solution à notre dilemme. Parce que s'il est hors de question que je rejoigne les Navnik en tant que sous-fifre, il est également inconcevable que j'abatte ma compagne si l'on m'en donnait l'ordre. Parce que si je peux trahir mon chef, je ne saurais trahir les membres de ma vraie famille. Aussi, si une chose doit passer avant l'autre, ce sera forcément ma famille. Mais dans ma famille, il y a Atom qui a trahi les siens, et il y a mes enfants dont je n'ai aucune nouvelle.

En ce matin sombre, levé avant l'astre de jour, je considère après un moment que ma chasse est vaine. Cependant je ne quitte pas pour autant les terres Esobeks et encore moins ce bouquet d'arbres morts et menaçants, parce qu'ils sont un excellent moyen de m'entraîner. Mon habitude est de ne jamais perdre mon temps, et de toujours mettre à profit celui que j'ai à disposition. Dans un soupire énergique, je me lance un nouveau défi et je me prépare mentalement, fronçant les sourcils et me concentrant sur un objectif, à partir au quart de tour. Et puis, brutalement, mes pattes postérieures s'enfoncent dans le gel de la nuit et leur chaleur fait ressortir la terre brune, avant que mon corps ne se propulse en avant dans un bond puissant. Je fonce droit vers un arbre mort encore debout, qui menaçait de s'écrouler depuis probablement bien longtemps, avant de me jeter littéralement dessus pour y coller mes quatre pattes furieusement, faisant tomber l'énorme masse calcinée sous mon poids d'animal bien vivant. Je me réceptionne immédiatement sur le sol, mes oreilles écoutant la chute du cadavre de bois alors que mon corps se dirige déjà vers ma cible suivante. Tel un chien d'attelage au corps puissant et à l'ossature légère comme celle des oiseaux, je fonce d'arbre en arbre pour les faire sombrer les uns après les autres et former ainsi, en plus d'avoir travaillé mes muscles en une sorte d'échauffement, un terrain d'entraînement de fortune. Je doute que les Esobeks aient l'idée de réutiliser l'endroit après que j'en sois parti, aussi je ne me gêne pas pour placer les troncs comme cela m'arrange en calculant leur angle de chute selon mes propres besoins.

Après quelques minutes à sauter dans tous les sens comme un cabri, je décide que le véritable entraînement peut commencer. J'observe à bonne distance, le résultat de mon nouveau champ de bataille et, assez fier de moi, je constate que les troncs forment entre eux des noeuds parfaits, des tunnels et des obstacles d'envergures et de tailles différentes, tout comme leurs angles de croisement me laissent des possibilités de retraite et de virage relativement gérables. Je me place à une extrémité de ce terrain improvisé et je soupire longuement, reprenant haleine avant de commencer. J'inspire profondément une dernière fois, je ferme les yeux, et je me visualise mentalement un ennemi des plus dangereux, tapi juste derrière moi. Je l'imagine grand, sombre, aux oreilles petites et à la gueule grande et emplie de crocs. J'imagine sa voix, son souffle lourd et rauque, ainsi que sa démarche traînante mais pas moins menaçante. Quand enfin les derniers détails de mon ours sont bien ancrés dans mon cerveau et que je me le représente dans sa perfection la plus totale, que je suis parvenu à convaincre mon cerveau de sa présence au point de croire entendre son haleine chaude et fétide sur mon échine, je laisse encore quelques secondes traîner. Quelques secondes durant lesquelles l'ours s'approche de moi, et durant lesquelles l'adrénaline augmente dans mes veines à une vitesse hallucinante. Je rouvre les yeux brutalement, et tout se passe alors à une vitesse prodigieuse.

Mon corps se ramasse sur lui-même, ma queue venant se plaquer entre mes pattes arrières pour gagner en distance face à l'ours, et je pars à toute vitesse vers l'avant. N'oubliant pas la présence fictive du grizzly meurtrier, je détale sans demander mon reste et je saute sur les premiers troncs avec une agilité surprenante. Mon équilibre est certain, mes virages sont nets et serrés, et je fille ainsi à travers le parcours sans jamais me retourner. Je concentre mon sens du toucher sur tout ce que foulent mes pattes, accentuant ainsi la sensation râpeuse du bois brûlé sous mes coussinets et de la boue humide pénétrant entre mes doigts pour aller se coller aux poils de mes pattes. Seuls mes oreilles écoutent l'avancée de l'énorme animal, qui, derrière et ce malgré les obstacles qui obstruent son chemin jusqu'à moi, me rattrape peu à peu. J'accélère l'allure, augmente le taux d'adrénaline déjà présent dans mon sang, et je file plus vite encore entre les troncs, passant sous leurs noeuds indéfectibles ou évitant de peu de me faire écraser par l'un d'eux qui sera mal tombé sur son voisin et aura roulé doucement sans que je m'en rends compte pendant ma longue progression. Il me faut de longues, d'interminables minutes avant de voir enfin l'extrémité opposée du terrain, comme si sa superficie avait été multipliée pendant que je tentais de fuir l'énorme plantigrade qui me poursuivait et voulait ma mort. Je grogne à plusieurs reprises, réalisant que cet entraînement est plus intense que ce que j'avais prévu, et me rendant compte que la peur donne réellement des ailes. Je note pour moi-même également, que le cerveau est d'une facilité déconcertante à convaincre, et que la manipulation est ainsi extrêmement simple à réaliser à condition de savoir où frapper. Lorsqu'enfin j'atteins le bout du terrain, je me retourne brusquement pour m'assurer qu'il n'y a rien, que je suis seul, et que je n'ai plus aucune raison d'avoir peur. Essoufflé, les pattes raides et les muscles tendus, je souris de satisfaction. A défaut de n'avoir rien à ramener aux miens, j'en serais au moins ressorti plus fort. D'un pas lent, je prends la direction de mes terres, quittant celles des Esobeks sans, par chance, me faire repérer.

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Dim 20 Mar - 19:14



Always, I must be strong



Jauges : 11 / 15 / 13

Un long soupire s'échappe entre mes babines pourtant closes, tandis que les saphirs qui ornent mes yeux scrutent la pénombre avec intérêt. Je quitte la tanière d'un pas furtif, ombre parmi les ombres, invisible aux yeux de Nocturne. Je m'éloigne de la faille de grenats en laissant derrière moi mon frère de meute, mes rêves, mais aussi et surtout, ma famille. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de passer un peu de temps avec elle. Les temps sont durs, les humains nous terrent dans nos tanières comme de vulgaires rongeurs, et nous sommes bien peu en droit de nous vanter de pouvoir sortir pour chasser. Quand mes petits reverront-ils les lueurs d'un père digne ? Quand auront-ils la possibilité de sentir la chaleur de mon regard sur leur peau ? Quand pourront-ils profiter de la pluie de mes sentiments pour eux ? Rien n'est moins sûr que cette pensée idyllique. Nous ne savons pas quand nous pourrons de nouveau vivre ensemble, et cela nous manque terriblement, à tous. Le moral des troupes est en berne, personne ne sait à qui il peut se confier sans risquer d'être trahi. Les esprits sont tourmentés par notre confinement et les mentalités évoluent, dans le bon comme dans le mauvais sens. Plus les jours passent, et plus je crains pour la survie de mes petits. J'ai peur que leur nature ne soit bientôt découverte.

Déjà les doutent s'infiltrent dans les pensées, les suspicions enveniment les esprits et certains se posent des questions. Il est vrai que je ne peux superviser moi-même les entraînements de mes petits sans éveiller les soupçons des loups, mais je ne pouvais simplement pas me résoudre à laisser toute la gestion à mon seul ami sans éprouver des remords et une certaine impuissance. J'aimerais pouvoir me montrer au grand jour sans les mettre en danger, mais ils sont encore bien trop faibles pour que je prenne ce risque. Ils sont beaucoup trop jeunes pour déjà devoir supporter les dangers de leurs si nombreux ennemis. Décidément, il semblerait que le Destin ait décidé de m'enchaîner à cette maudite solitude pour l'éternité. Je soupire une seconde fois et, résigné à passer cette nouvelle journée aussi loin de ma famille que j'ai passé les précédentes, je pars en traque dans les tunnels, à la recherche d'une nouvelle proie pour nourrir ma famille et mon ancien frère de meute.

Mes oreilles ne tardent pas à capter les sons dans les parois, mais je ne suis pas intéressé par la chasse aux souris. Je la laisse aux louveteaux inexpérimentés qui ne peuvent vraisemblablement pas traquer de grosses proies. Au lieu de ça, je cherche de mon regard saphir, des traces sur le sol. Les galopades des rats laissent de jolies traces pour peu que l'on observe suffisamment bien la terre humide. Je ne trouve d'abord rien, et ce sont les bruits de voix que je distingue au loin, que m'interpellent. Des humains ? Possible. Après tout, ceux qui se sont terrés en même temps que nous sont obligés de chasser pour se nourrir, tout comme mes semblables et moi-même. Je montre les dents, les oreilles dressées dans la direction des voix, et j'attends de savoir si ils approchent. Parfaitement immobile, je reste là de longues secondes, voire même une ou deux minutes. Et tout à coup, un grattement sur ma gauche fait pivoter mon oreille, attentive. Les voix ne se rapprochent pas, mais ne s'éloignent pas pour autant. Aux aguets, je jette un oeil à la paroi mouvante, et une créature très étrange en sort. Visiblement un raté, parce que la bête semble chercher la suite de sa galerie. Je m'approche d'elle, elle se stoppe. Je bondis en avant, elle grogne et me lance des coups de dents.

Vu la gueule de ses incisives, je marque une hésitation. Il me faut quelques secondes d'observation tout en restant en mouvement, pour qu'elle ne se croit pas seule et qu'elle reste tétanisée par la peur. Une chose toute rose, dépourvue de la moindre pilosité apparente et équipée de longues dents tranchantes. probablement ce qui lui sert à creuser ses galeries, en plus de ses pattes affreusement laides qui lui donnent une allure de taupe cagneuse. Je m'avance encore, fais des bonds de chaque côté d'elle mais à chaque fois, sa gueule me suit et est prête à fondre sur moi dans des grognements menaçants. Je réalise alors qu'elle ne voit pas. C'est ma chance, et je ne la laisse pas filer. Je me couche au sol, à moins d'un mètre d'elle, et je rampe furtivement dans sa direction. Je moindre son lui indique ma position, alors je dois recommencer plusieurs fois avant d'avoir la possibilité de tendre lentement, très lentement ma gueule vers elle. Sa tête est tournée vers l'opposé, là où j'étais positionné quelques secondes auparavant. Je tends ma gueule, elle se tourne vivement et me mord brutalement la truffe. Je pigne en reculant vivement et, furieux de m'être fait avoir, je décide de foncer dans le tas. Je fais un petit saut en avant, et alors qu'elle cherche ma position pour m'attaquer, je plonge brutalement et lui brise la nuque.

J'extirpe ma victime de son trou, constatant que derrière elles d'autres bêtes détalent à la vitesse de la lumière. Encore une de ces créatures qui vivent en bandes de dizaines d'individus et qui creusent des centaines de galeries pour y vivre tous ensemble. En réalité je suis loin de me douter à quel point leur système est précis, mais cela m'importe bien peu. Je préfère de loin prendre le cadavre et m'éloigner dans les tunnels avant que les humains ne rappliquent dans le coin et me trouvent avec de la viande dans la gueule. Ils pourraient être tenté de me voler mon butin et même si je suis parmi les plus forts ici-bas, je ne saurais faire face aux armes métalliques des bipèdes. Les minutes s'écoulent pendant lesquelles je déambule dans les sous-terrains, prêt à tout moment à faire face à un ennemi. Mais au détour d'un tunnel, ce n'est pas un danger mortel que je rencontre mais plutôt, de par son allure envieuse lorsqu'elle voit ma proie morte entre mes dents, une opportuniste qui pense pouvoir me chiper le fruit de mon travail. Je m'immobilise face à l'hermine, son regard déterminé ne laisse aucun doute sur ses intentions néfastes. Mais elle ignore que j'ai des petits à nourrir, et si il est possible qu'elle aussi se batte pour sa famille, elle se trompe d'adversaire.

Gardant mon rat-taupe fermement serré entre mes mâchoires, je détaille la bestiole avec intérêt. Un corps long et fin, des pattes courtes mais des doigts agiles, nul doute que cette créature doit être une voleuse parmi les meilleurs. Je suis même certain qu'elle saurait rivaliser avec ces fourbes de renards, à la surface. Elle n'attend pas plus longtemps et, dans un grognement aigu, fonce sur moi ventre à terre. Je me campe sur mes quatre puissantes pattes, prêt à la recevoir, mais je cherche encore un moyen de la combattre lorsqu'elle arrive sur moi. Ses dents se resserrent sur l'os de ma patte avant gauche, et je gronde sauvagement en effectuant un bond en arrière. Ma proie tombe au sol, mais si l'hermine pense pouvoir me piquer mes efforts, elle se trompe lourdement. D'un mouvement sec, ma gueule rejoint sa position et cherche à l'attraper sans pitié, alors que la créature file entre mes pattes et échappe à mes crocs. Elle m'agace, à courir partout de la sorte, mais je ne perds pas courage et malgré les blessures sans gravité mais pas moins douloureuses qu'elle m'inflige, je continue de me contorsionner dans tous les sens pour parvenir à lui asséner un puissant coup de tête. Par accident certes, puisque je cherchais à la mordre, mais cela suffit à la sonner assez longtemps pour que mes crocs se referment sur sa nuque. Elle feule, mais je l'abats.

Me voilà maintenant avec deux cadavres entre les pattes, et même si je sais que je vais les abandonner là, je n'en suis pas moins toujours à l'affût d'une moindre bestiole à tuer. Je ne serais jamais trop entraîné, par les temps qui courent. Et j'avoue penser davantage à mes petits qu'à ces fichus loups de meute, en tuant de la sorte plus d'animaux que ce dont j'ai besoin pour subvenir à ma seule survie. Je pense à ma soeur, à ses petits, à cette famille que j'ai eue et qu'on m'a arrachée. C'est que j'ai un grand nombre de responsabilités, maintenant. D'autant que comme si ma famille n'étais pas encore assez grande, j'ai désormais également Remus sous ma responsabilité. Mon fils que je ne connaissais pas jusqu'à récemment, et qui pourtant est bien réel désormais. Bien décidé à ramener en muscles de quoi au moins protéger ma seule famille, je cherche une nouvelle odeur dans les galeries. Je me suis suffisamment éloigné des bipèdes pour ne plus me sentir en danger, aussi je relâche quelque peu ma vigilance. Idée lumineuse, je pose mes proies en un lieu stratégique et après m'être planqué derrière un amas de débris escaladés non sans peine, je prends une position confortable et je m'arme de patience. L'attente commence alors. Silencieux, capable de ne pas esquisser le moindre mouvement, je guette longtemps.

Des grognements infimes me parviennent enfin, et mes oreilles pivotent dans tous les sens à la recherche de l'origine des sons. C'est un blaireau qui a trouvé la piste de mes cadavres, et je suis d'ailleurs étonné : il me semblait que ces créatures étaient plutôt le genre à bouffer des groseilles. La bête s'avance dans la pénombre de son pas nonchalant, son derrière dodu le suivant avec peine. Après de longues secondes, il arrive enfin près de mes proies. Encore quelques mètres. Je salive déjà, mais je reste immobile. Une des premières choses que nous apprenons louveteau est la patience, et l'observation. Alors je guette ses moindres mouvements, les pas qu'il fait. Et lorsque le moment propice, parfait, idéal se présente, je bondis sauvagement hors de ma cachette et j'atterris lourdement sur lui. Manque de chance, mais je m'y attendais, il a de bonds réflexe. Dans un grognement surpris, il détale dans la galerie. Je le poursuis sur une longue distance, virant de droite et de gauche à sa suite lorsqu'il essaie de m'échapper. Et alors que je l'ai acculé dans un cul-de-sac, il me saute à la gorge, déterminé à vivre. S'ensuit un combat sans merci, et les coups de crocs de l'animal me font l'effet de sonnettes d'alarme. Toutes les proies ne sont pas faciles. Ca dure de longues minutes, nous sommes impitoyables.

Il me balance un coup de crocs rageurs, je relève brusquement ma patte et esquive de justesse. Mes mâchoires se referment sur son épaule que j'entaille, il retourne la tête pour m'asséner une morsure et mon oreille saigne abondamment. Gêné par la douleur et le sang qui coule, je secoue la tête à de nombreuses reprises. Le blaireau n'en n'a pas fini, et pensant sa victoire arrivée, il se rue sur moi les pattes en avant. Il me pousse, charge, j'esquive en quelque bonds à reculons. Mes mâchoires continue de claquer, parfois dans le vide et d'autres fois dans sa chair. J'essaie de faire vite et bien, de resserrer mes dents sur lui et de filer aussitôt pour ne pas gagner de nouvelles blessures. Il est redoutable, et après longtemps j'ai presque l'impression que ça n'en finira jamais. Mais je repense à Atom, à Kaya. A ma famille toute entière, qui aurait pu attendre mon retour et qui aurait pu avoir besoin de moi. Je serre les dents, je gronde sauvagement et je me rue dans le combat, me jetant corps et âme dans le conflit avec pour seul objectif de le remporter. Les dents de l'animal sont petites et aiguisées, mais les miennes sont puissantes et tranchantes. J'attrape sa patte, je la serre et je tire de toutes mes forces pendant longtemps. Il se débat, essaie de fuir.

Alors je relâche subitement, mais sans lui laisser le temps de disparaître, je capture sa gorge et je l'immobilise au sol. Sa force est colossale, entre mes dents. Et durant tout le temps qu'il s'obstine à se débattre, je sens mes mâchoires s'engourdir. Jusqu'à ce qu'il s'immobilise enfin, mort. Je traîne longtemps son corps, essoufflé, jusqu'à rejoindre mes premières proies. Le chemin du retour est laborieux, je suis obligé de faire trois allers et retours pour ramener toutes mes compétences à la tanière. Mais ma fierté n'est pas maigre, et je suis satisfait de ma journée d'entraînement. Il était tout bonnement hors de question que j'abandonne mes sources de force à de vulgaires charognards tels que les bipèdes.

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Dim 20 Mar - 19:14



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Jauges : 11 / 15 / 13

A l'aube d'un nouveau jour, toujours si seul, je quitte le couvert de ma tanière et les alentours protecteurs du Styx. Dans un élan de mélancolie, je retourne sur les terres qui abritait autrefois la tanière que je partageais avec ma soeur. Je la visite encore une fois, comme dans l'espoir de trouver Kaya allongée là. Mais comme toujours, elle est vide et restée vide depuis mon départ. Kaya a disparu. Je souffle ma résignation, même si je sais que je reviendrais encore et encore ici, indéfiniment, dans l'espoir d'un jour la revoir. Assoiffé, je rejoins le seul point d'eau potable que je connaisse. Il est dans un lieu des plus dangereux, mais étancher notre soif est vital et ce n'est pas une meute d'humains, aussi grande soit-elle, qui m'empêchera de survivre. S'ils veulent que je meurs, ils devront le faire de leurs propres pattes. A condition bien sûr, qu'ils en aient les capacités et le courage. Je grogne de satisfaction. Les bipèdes seront toujours des lâches et il ne leur viendra jamais à l'idée de s'attaquer de front à un loup, quel qu'il soit. Je me suis longtemps demandé qui avait pu faire disparaître ma soeur, me l'arracher si habilement, sans laisser la moindre trace ni le moindre corps. J'ai pensé aux humains, mais ils ne sont pas assez intelligents. J'ai pensé aux meutes, mais ils auraient demandé quelque chose en échange de sa vie, il ne l'aurait pas tuée gratuitement alors qu'elle n'était qu'une solitaire. J'ai alors pensé à la Horde. Si quelqu'un avait voulu me nuire, il l'aurait fait en s'attaquant à ma soeur. Mon entrée dans la Horde n'est un secret pour aucun de ses membres. Ils savent tous que Kaya était ma petite soeur, et que je tenais à elle.

Je ne me suis pas attardé longtemps sur cette probabilité. Mes compétences ne sont pas inconnues des membres de ma "famille". Si l'un d'eux avait pris le risque de toucher à ma soeur, il sait ce qu'il encourt dans le cas où je découvrirais sa trahison. Pour le coupable, ce sera la mort assurée. Et ce qu'il s'agisse d'un humain, d'un Hordien ou de n'importe quel autre être vivant sur cette foutue Terre. Je gronde légèrement, mais mon corps n'exprime pas la colère. Il semble détendu, comme n'importe quel solitaire qui se promènerait dans les terres de l'Est. J'arpente les lieux dans le plus grand silence, tout en me dirigeant vers le point d'eau que je connais. Je traverse le territoire où les sillons creusés dans la terre sont si profonds qu'ils semblent capables d'avaler les loups imprudents pour ne plus jamais les laisser s'en sortir. Là aussi, j'ai fouillé longtemps. Espérant que ma soeur soit simplement tombée dans l'une de ces crevasses, me disant qu'il me suffirait de la sortir de là et de chasser pour la nourrir, afin que notre vie reprenne son cours. Mais comme toutes mes recherches, celles-ci sont restées vaines. Parce que ma soeur est morte. Je longe le lieu où j'ai si souvent tué mes proies ces temps derniers. Les grincements métalliques des édifices en ruines en effrayeraient plus d'un, mais je ne me laisse pas impressionner. Ces sons me sont devenus familiers, à force de les entendre et de me concentrer malgré leur présence. Lorsque j'arrive près du ruisseau, des hommes sont là, récupérant de l'eau dans des récipients divers. A l'abri d'un arbuste, j'attends patiemment qu'ils s'en aillent pour prendre place.

Je pourrais bien hurler et faire en sorte de multiplier ma voix pour leur faire croire que nous sommes plusieurs. C'est une tactique qu'ont les petites meutes lorsqu'elles savent qu'une meute concurrente plus importante vit dans les environs. Nous sommes capables de faire des vocalises multiples, faisant ainsi mine d'être nombreux alors que nous ne sommes que trois ou quatre individus. Cependant, je ne prends pas le risque ici. S'ils décidaient de prendre la chasse, ils risqueraient de me trouver et je n'aurais aucun moyen de fuir. Alors j'attends, encore quelques minutes, jusqu'à ce qu'ils décident de rebrousser chemin vers leur grand groupe de tanières. Je m'assure qu'il n'y a plus aucun bruit, que l'endroit est sûr, et je sors à découvert. Je m'approche prudemment du plan d'eau, veillant à ne pas me faire surprendre. Arrivé sur la rive, je regarde l'eau sous mes pattes. Elle est claire et sent délicieusement bon. Je vois les graviers devant moi, et je ne doute pas que les poissons n'ont pas investi cet endroit. Il est idéal pour se désaltérer sans attraper des maladies quelconques. Je soupire de contentement, et je commence à boire. L'eau coule dans ma gorge en un alléchant sillon froid, refroidissant mon oesophage et détendant mes muscles les uns après les autres. Elle me fait un bien fou, à tel point que je ne me concentre plus que sur son goût qui se répand dans mon corps. Mauvais plan. Un craquement me fait brusquement relever et tourner la tête. Là, à l'orée de la forêt, un jeune bipède se tient debout, à m'observer. Je m'immobilise en le fixant dans les yeux, il n'esquisse pas le moindre mouvement non plus.

Nous restons là de longues secondes, et je tente de réfléchir. Je ne peux pas filer dans les bois, il m'intercepterait. Mais aller en arrière signifierait pénétrer les terres des hommes. Soit, je préfère faire face à l'un d'eux plutôt qu'à tout un tas d'adultes tueurs. Je fais un pas, déterminé, dans la direction des bois en fixant l'humain. Mais, rapidement, mes oreilles captent les sons d'autres bipèdes. Je me stoppe, lance un regard attentif vers la forêt puis un autre, interrogatif, vers le jeune imberbe. Il esquisse un mouvement de recul, sans un bruit, comme s'il ne cherchait pas à m'effrayer ou a attirer l'attention de sa meute. J'hésite, mais en réalité je n'ai pas le choix. Alors je fonce, la queue entre les pattes et les oreilles rabattues en arrière, vers l'intérieur du village. Une femelle frappe un objet métallique, ce qui me terrifie et me fait faire un bond brusque sur le côté. Elle me repère aussitôt et se met à hurler avant de rentrer dans sa tanière, et moi je pigne et je pars en courant. Je traverse les chemins de terre sans hésiter, fonçant à toute allure vers une quelconque sortie. Je fixe partout autour de moi, mais les tanières sont encerclées par de hautes murailles de bois. Je grogne de frustration et de peu, mais jamais je ne m'arrête de courir. Moi qui n'avais pas prévu de me fatiguer aujourd'hui, me voilà forcé à utiliser mes pattes dans le but de survivre en terrain particulièrement hostile. Un homme sort brusquement d'une tanière et gronde sauvagement en brandissant devant moi une énorme masse de bois. Je fais un mouvement de côté pour esquiver le projectile, et j'atterris lourdement contre des barils. Mais je me relève aussitôt et reprend ma course.

J'ai beau tourner et retourner à chaque croisement de chemins, je ne trouve aucune issue à ce calvaire. Bientôt, tous les habitants de cette grande harde d'humains sont au courant de ma présence, et quand je crois un bipède il est armé et à ma recherche. Il me faut user de ruse pour les esquiver, et j'ai grand peine à sauter par-dessus tous les obstacles qui croisent ma route. Tantôt c'est un bond en longueur que je suis obligé de faire pour éviter de m'étaler dans divers objets entassés, plus tard ce sont de frénétiques et très rapprochés bonds d'antilope. Et toujours, je cours et j'ai peur, parce que les cris accompagnent mes pattes et les projectiles fusent de toutes parts dans cet endroit infâme. J'essaie de me faire discret, de passer rapidement devant mes ennemis. Un lourd objet de fer me percute l'épaule, j'aboie et lance ma mâchoire comme pour mordre celui qui m'a fait mal, mais évidemment le coupable m'a blessé à distance et mes dents se referment sur le vide. Je continue malgré tout, instinct de survie oblige, et je cherche désespérément une issue dans les murailles interminables. Je me repérerais volontiers à l'odorat, mais il y a tellement d'effluves ici que je me perds davantage chaque fois que je crois suivre la bonne piste. Essoufflé, complètement paniqué, je me prends les harcèlements des humains encore de longues minutes avant de trouver enfin une échappatoire. Et il était grand temps, parce que j'entends les premiers coups de feu retentir juste derrière moi. Une chance pour moi qu'ils n'aient pas eu le temps de récupérer leurs armes avant. Je saute d'une rive à l'autre du ruisseau, file dans l'herbe roussie et cavale jusque dans les bois où je serais plus en sécurité. Là, après quelques secondes de course pour être sûr d'avoir laissé derrière moi ces sauvages, je me permets de reprendre mon souffle.

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Lun 21 Mar - 9:22



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Jauges : 9 / 14 / 12

Par une sans lune ni étoiles, j'erre sur les territoires sans même faire attention où je mets les pattes. Après tout qu'importe, si je croise un loup je n'aurais qu'à l'abattre. Je n'ai plus rien à perdre depuis bien longtemps. Je jouis d'une liberté sinistre, d'une immunité imposée. L'on pourrait s'en prendre à des solitaires que je m'en moquerais éperdument. Si je m'entraîne, depuis des semaines, ce n'est plus que pour nuire un maximum au monde que j'habite et que je haie chaque jour un peu plus. Non, je n'ai plus rien. Plus rien à gagner, et plus rien à perdre. Parce que contrairement à la plupart des loups qui foulent ces terres, je ne suis pas ambitieux. Je me moque pas mal d'avoir une tonne de sous-fifres ou d'être respectés de tous pour mon courage et ma loyauté. Moi, tout ce que je veux, c'est veiller sur les miens. Et aujourd'hui, les miens, sont tous morts. Probablement tous. Plus les jours passent, et moins l'espoir de revoir ma soeur vivante brille dans ma tête. Je n'ai plus vraiment le courage de chercher, parce qu'après avoir fouillé chaque territoire de fond en comble, je manque d'imagination. Où peut-elle être, si ce n'est ici-bas ? Son corps a-t-il été emporté ? Est-elle prisonnière des hommes ? Est-elle encore en vie ... ? Les questions tourbillonnent dans ma tête, entre colère et angoisse. Je ne sais plus trop où j'en suis, ces derniers temps, et le seul moyen que j'ai trouvé pour me préserver, est de montrer à tous un Isha vénéneux, agressif et solitaire. S'ils daignaient s'approcher de moi d'un peu trop près, ils verraient dans mon regard à quel point je souffre, et cela m'est intolérable.

C'est quand je hume les odeurs par habitude, que je réalise leur senteur familière. Je grogne doucement, ça ne me dit rien qui vaille. Je redresse la tête, sortant de mes pensées, et détaille les alentours. Une forêt, un sous-bois, le parfum de la mort. Nul doute, je suis chez les Sekmets. Je n'hésite pas une seconde à rester. Quitte à avoir atterris là, autant les faire chier quelque peu, non ? Pourquoi ne pas profiter de cette petite escapade pour aller fouiner près de leur garde-manger ? Chassant toutes mes idées noires de mon esprit tourmenté, je file à travers les bois sans prendre la peine de me faire discret ou de me cacher le moins du monde. Au contraire, si je pouvais attirer un ennemi pour me défouler sur lui, je le ferais avec grand plaisir. Ou si, peut-être, je pouvais revoir Atom un petit moment ... Depuis que nous avons ... Depuis notre dernière rencontre, je n'ai plus eu aucune nouvelle. Elle s'est comme volatilisé, tout comme ma soeur l'a fait avant elle. Je grogne doucement. Décidément, je fais fuir les louves. J'vais changer d'bord, si ça continue ! Je continue de trotter pendant quelques kilomètres avant d'arriver aux abords de l'épave où est stockée l'alimentation de ma meute natale. Je sens, à plusieurs centaines de mètres, l'odeur de la mort et de la chair en décomposition. Je suis certain que les vers bouffent les cadavres les plus anciens. Erf ... C'est toujours ça de moins pour ces pourritures de Sekmet. J'espère que mon père s'étouffera avec un asticots ! Je contourne lentement la réserve, veillant sur les sentinelles avec un air particulièrement affolant, puis je m'éloigne pour mieux revenir à la charge un peu plus tard.

Malheureusement, un autre prédateur au flair plus puissant que le mien, à senti la présence de la nourriture facile. Je me fais surprendre par une ourse noire qui me charge, et ce ne sont que ses grognements lorsqu'elle est à quelques mètres de moi, qui me préviennent de sa présence et me permettent d'esquiver son attaque de justesse. Cependant je ne fuis pas, je me tourne vivement pour lui faire face alors qu'elle s'est immobilisée. Cette espèce d'ours n'est pas bien grande, et cette femelle fait juste ma taille. Mais ça m'étonne qu'elle ne charge pas davantage. Les ours noirs ne sont pas téméraires, mais lorsqu'ils ont une cible ils peuvent la poursuivre sur plusieurs kilomètres. Hors celle-ci m'a seulement forcé à prendre de la distance. La réponse à la question que je me pose vient rapidement, sous la forme de deux oursons qui s'approchent pour se coller à leur mère. Cette dernière me fixe, puis fouille le sol de sa truffe, l'air de rien. Je me rapproche, l'un des oursons se dresse sur ses pattes postérieures en regardant d'un autre côté, mais je sais que c'est moi qu'il détaille avec curiosité. Je dresse les oreilles dans sa direction et m'approche, et il me charge comme sa mère l'a fait. Je repars aussitôt, la queue entre les pattes pour ne pas me la faire attraper, mais je m'arrête dès que le petit rejoint sa mère. Je me rapproche de nouveau, pour me faire charger encore par sa mère. A chaque fois c'est le même cinéma, il faut que je fasse un brusque saut dans une direction pour échapper à ses pattes griffues, et je dois ensuite courir sur quelques dizaines de mètres avant qu'elle ne retourne voir ses petits.

Nous continuons notre manège de longues minutes, jusqu'à ce que je la vois s'intéresser à quelque chose dans l'herbe. L'un de ses petits, plus téméraire que l'autre, s'est éloigné d'elle. Je m'en approche doucement, silencieusement, et je bondis vivement sur lui pour lui mordre l'échine. Mais il se débat férocement en grondant et m'infligeant de violents coups de pattes et de crocs. Je gronde de surprise et de douleur et lui rends coups pour coups, mais sa mère arrive à la rescousse et même si j'étais au-dessus de lui, il me faut partir en retraite et lâcher ma proie pour éviter de mourir bêtement, assassiné par une ourse furieuse. Elle me charge, notre manège reprend, et l'ourson curieux recommence son petit jeu. Je lui mords la croupe au deuxième essai, et une nouvelle lutte s'engage avant que sa mère ne rapplique. Je gronde de frustration en relâchant l'ourson beuglant, je n'ai chaque fois même pas le temps de lui infliger de graves blessures ! Ils ont la peau dure, ces fourbes ! Et j'ai beau m'acharner, reculer et y retourner, mordre frénétiquement dans la chair pour tirer de toutes mes forces ou tenter d'attirer le petit qui me charge vers la forêt pour l'éloigner de sa mère, cette dernière est toujours là en peu de temps pour nous séparer et récupérer son petit sain et sauf, intact. A croire que je ne pourrais rien ramener aux miens. Cette famille est têtue et l'ourse n'est pas décidée à laisser mourir l'un de ses petits, même s'il lui en restera toujours un après. Quelle égoïste !

Après bien longtemps, quand ma langue commence à pendre et que mon corps est brûlant de chaleur à cause de l'effort, l'ourse décide d'en finir avec ce prédateur menaçant la survie de sa famille si précieuse. J'ai envie de lui dire que tout cela est éphémère, qu'elle les perdra bien plus vite qu'elle ne le pense que qu'ensuite, il ne lui restera rien. Rien d'autre que la douleur et la solitude. Mais les loups et les ours n'utilisent pas le même langage, et quand bien même ce n'est pas cela qu'elle a envie de partager avec moi. Après avoir gauchement intimé à ses oursons de rester cacher dans un empilement de troncs, elle font sur moi à toute vitesse. Je pense d'abord faire un brusque écart pour l'éviter à la dernière seconde, mais elle me percute de plein fouet. On ne peut pas toujours tout prévoir à la perfection. Je roule dans un grognement de stupeur, et me relève quelques mètres plus loin pour lui faire face. Sa gueule ouverte, elle me menace de quelques sons rauques en me toisant, et je lui saute dessus à mon tour. S'ensuit alors un combat acharné, ou les muscles de l'ours me martèlent de coups et où mes crocs ne m'auront jamais été autant efficaces de toute ma vie. Je lui entaille la chair en de grosses griffures, mais mes morsures n'ont pas davantage d'effet que cette impression de griffes plantées dans sa peau. Elle a une cuirasse vraiment épaisse. Quand son corps de deux cent kilos se retrouve au-dessus du mien pour mieux me labourer de coups de pattes et de crocs, je décide qu'il vaut mieux battre en retraite.

Je lui assène tous les coups que je peux pour la faire reculer, grondant et aboyant pour l'impressionner un peu plus, et malgré son acharnement elle commence à se fatiguer tout autant que moi. Je continue ainsi, déterminé à ne pas mourir entre les pattes puissantes d'un ursidé, et je me résigne à ne plus essayer d'attraper l'un de ses petits. Peut-être une autre fois, l'occasion se représentera-t-elle. En attendant, j'aimerais seulement retourner sur mes pas et quitter le territoire des Sekmet, en espérant que l'ourse en colère trouvera un autre loup et l'abattra à ma place. Ca fera toujours un ennemi en moins. Dès que son corps m'a laissé suffisamment d'espace pour me relever, je roule sur moi-même et me retourne pour me redresser vivement, puis je m'éloigne de plusieurs pas avant de lui faire face à nouveau. Je gronde, montre les dents, mais j'ai les oreilles plaquées contre mon crâne et la queue entre les pattes. Après quelques secondes d'affrontement du regard, elle charge à nouveau. Cette fois je ne fais pas le malin, je me retourne et je prends mes pattes à mon coups filant rapidement entre les arbres. Elle me poursuit pendant quelques centaines de mètres, mais retourne rapidement auprès de ses petits pour les protéger et ne pas les laisser à la merci d'un autre prédateur. Elle sait que je ne suis pas le seul loup rôdant dans les parages, et les Sekmet s'ils attaquent à plusieurs, auront facilement raison de deux pauvres oursons laissés sans surveillance, qu'ils soient braves ou non. Pour ma part, je rentre chez moi, essoufflé et perclus de crampes, pour y passer une bonne nuit de sommeil.

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Lun 21 Mar - 9:23



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Jauges : 9 / 14 / 12

Il m'a fallu peu de temps pour dénicher la carcasse de l'énorme animal. Certainement a-t-elle été abandonnée par un clan autonome traversant les terres pour rejoindre d'autres contrées. La bête, un gigantesque élan dont il manque les organes et une partie des muscles, reste encore un mets de choix. D'autant qu'il a été fraîchement tué, à tel point que les oiseaux charognards sont encore nombreux sur son cadavre. Je m'en vais prendre ma part bien méritée après tout le chemin parcouru pour suivre l'odeur du sang et trouver sa piste. J'avale de gros morceaux de viande, me délectant de chaque muscle avalé pendant de longues minutes. Repu, je m'éloigne de quelques pas. Je me tiens là, droit comme un Alpha, repu et en parfaite santé. J'arpente les lieux du regard sans plus de convictions, prêt à rentrer chez moi, mais mon oeil est attiré par un mouvement. Là, dans la plaine de cendres, une silhouette qui se dessine. Pas aussi grosse qu'un loup, pas aussi petite qu'un renard. Un coyote ? Ca m'en a tout l'air. Nous détestons les coyotes. Ce sont des voleurs, des profiteurs et de vils manipulateurs. Ils attendent que le travail soit fait par les plus forts, pour se repaître de nos efforts. Je les haie, au moins autant que les Sekmet, si ce n'est plus. Je fixe l'animal de mon regard saphir, détaillant ses moindres traits. Lui aussi s'est immobilisé pour m'analyser. Il cherche à savoir si je suis seul, s'il a une chance de voler ma nourriture sans perdre la vie dans son entreprise. Je ne montre pas tout de suite les dents, j'attends de voir ce qu'il va faire.

Je me rapproche quelques peu de la carcasse, tout de même. Je n'ai plus faim, mais question de fierté, je refuse que le coyote en prenne une part. Pas le moindre petit morceau de chair. Je laisse les corbeaux se régaler, et même un aigle se joint à la partie. Mais pas le coyote. Certainement pas le coyote. Les minutes s'écoulent, les oiseaux se régalent en croassant les uns contre les autres. Je m'éloigne à nouveau, mais je garde un oeil sur mon repas. Après un certain temps, le coyote s'avance en trottant, pensant que je ne fais plus attention. Il veille à être dans mon dos, mais je me doute de ses intentions. J'écoute ses déplacements en orientant mes oreilles dans sa direction. Il s'approche discrètement de la proie, trottant, s'arrêtant et me fixant, jetant ensuite un oeil sur les oiseaux. Il pense que la voie est libre. Il ne court pas pour autant, il sait qu'il risquerait de m'alerter en allant trop vite. Je montre les dents mais, de dos, il ne me voit pas. Sa présence m'agace fortement, et fait naître en moi une envie de meurtre. Je reste à l'écart, l'air de rien, tandis que mon ennemi s'approche davantage de ma nourriture. A quelques mètres, il galope pour faire fuir les oiseaux et se servir. Manque de chance, au milieu des charognards aux ailes sombres se cache l'aigle qui n'a pas terminé son repas. Le coyote pense passer à côté et manger, mais l'aigle le scrute et lui saute brutalement dessus, menaçant. Mon ennemi recule vivement, échappant aux serres meurtrières de son assaillant, et attaque une autre partie de l'animal. Je le vois, désormais. Je le laisse se nourrir quelques secondes, histoire qu'il ne meurt pas le vendre vide. Je souris en une grimace carnassière.

Et tandis qu'il est de l'autre côté de la carcasse, je me lève discrètement. Baissé sur mes quatre pattes, la tête basse, en chasse. Je le fixe en m'approchant silencieusement de lui, à pas mesurés pour ne pas être repéré. Il relève la tête, je m'immobilise l'air de rien, sans le quitter des yeux. Je le toise, il reprend sont repas, pensant avoir encore le temps de fuir si cela devient nécessaire. Je me couche au sol pour l'observer encore un peu, aux aguets. Il plonge la tête dans la carcasse, cherchant à arracher une grosse partie de l'estomac. Et je plonge. A file à toute allure sur la neige cendrée, traversant la plaine sans aucune difficulté. Il m'entend galoper, se relève et file à toutes pattes. Les oreilles rabattues en arrière, la queue en gouvernail, il court comme il peut. Mes oreilles à moi sont dressées hautes sur ma tête, mes foulées sont longues et peu espacées les unes des autres. Je suis plus grand, plus rapide quoi que plus lourd. Je le poursuis sans m'arrêter. S'il ne se rend pas, j'aurais raison de sa force. Il passe de légères dunes sur lesquelles je le suis sans hésiter. Je le rattrape à chaque foulée, motivé par l'odeur de la peur et excité par le désir de tuer. Il se concentre sur sa course, accélère davantage et moi aussi, déterminés tous deux. Il saute un tronc d'arbre et j'anticipe son prochain virage. Je passe à quelques mètres à droite de l'obstacle, tandis que lui, un peu plus loin, à tourné dans la même direction sans s'attendre à presque me croiser. Il vire brutalement de bord pour changer de cap, file de nouveau devant moi et je le suis, plus excité que jamais.

Il pense pouvoir m'échapper mais je continue à courir. Si lui est plus léger et foule à peine le sol pour courir, moi, plus lourd, je dois me débrouiller avec une couche de neige qui me monte au-dessus des doigts et ralentit ma course. Mais je vais y arriver, j'en suis certain. Je suis plus endurant et bien mieux nourris que ce voleur. Notre course dure de longues, d'interminables secondes. Peut-être même une ou deux minutes, tant le temps me paraît s'arrêter. Le coyote saute vivement par dessus des broussailles épineuses, et trébuche en se réceptionnant. Je gagne plusieurs mètres de distance grâce à cet accident de parcours. Il reprend son équilibre et recommence à courir, mais sa chute lui sera fatale, parce que je suis de plus en plus près. Tant et si bien que j'amorce déjà le ralentissement de mes propres foulées, sans pour autant perdre la distance. Si j'arrive trop vite sur lui, je le dépasserais et il fera demi-tour pour filer. Je freine sur une dizaine de mètres tout en continuant de le rejoindre, et je lui mords brutalement l'arrière-train. Il jappe, se retourne pour me mordre et de ce fait, tombe dans la neige. Il roule tandis que je le dépasse d'un ou deux mètres, freinant et m'arrêtant. Et puisqu'il roule, il se prend dans mes pattes. Je m'arrange pour le mordre, lance mes crocs partout entre mes quatre membres en espérant l'atteindre. Ca y est ! Mes dents se plantent dans son pelage, dans sa peau. Je serre mes mâchoires sauvagement sur lui, secouant vigoureusement la tête comme pour le déchiqueter. Il pigne, hurle, tente de se défendre mais trop tard. Les pattes appuyées sur son corps, dans un même geste je plonge ma tête vers sa gorge et la lui enserre de bon coeur, le tenant fermement et grognant en secouant la tête comme pour briser la nuque à un lapin. Ainsi immobilisé, la gueule béante, il essaie de se débattre et de me mordre. Mais ma prise est parfaite, et je n'ai plus qu'à attendre qu'il meurt étouffé. Il ne faut pas longtemps. Je lâche là son cadavre devenu inintéressant, inerte, et je retourne sur ma piste initiale. Mais je me suis plus éloigné de la carcasse que je ne le pensais. Alors je m'en vais par la forêt aux pendus, et je rentre chez moi.

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Mar 22 Mar - 9:10



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Jauges : 9 / 14 / 12

C'est un combat, que je veux. Oui, un bon combat pour développer mes muscles, augmenter la puissance et la portée de mes attaques, et développer ma force. Parce que l'heure fatidique approche, et qu'il est hors de question que je ne me batte pas jusqu'à la mort, s'il le faut. Ces derniers temps, je n'ai que peu croisé mon ami. En solitaire, j'ai même laissé ma famille à son sort, m'entraînant de jour comme de nuit, du matin jusqu'au soir avec un seul objectif : devenir plus fort. Je veux qu'on me respecte, qu'on me reconnaisse et que mon nom soit craint. Je veux que mon père, où qu'il soit, entende mon nom comme celui d'un fantôme revenu le hanter. Je veux qu'il ait autant peur que tous les autres et je veux qu'il sache que lorsque je le trouverais, ce ne sera pas pour lui faire des léchouilles de louveteau. Non, quand je le reverrais, je le tuerais. Je lui ferais payer le mal qu'il a fait à ma soeur jumelle il y a quatre ans, et je lui ferais payer pour sa disparition inexpliquée, il y plusieurs mois. Et lorsque tout sera terminé, lorsque les Sekmet n'existeront plus et que mon père sera mort entre mes crocs, je me délecterais de son sang, je l'avalerais en souriant pleinement, et je laisserais pourrir son cadavre. Je le servirais en pâture aux charognards et je partirais à la recherche de Kaya, jusqu'à ce que je la retrouve. Morte ou vive, je retrouverais sa trace. Je suis le loup le plus déterminé de ces terres. Et je suis aussi le loup le plus dangereux qui soit, lorsqu'on s'en prend à sa famille. Alors, grondant, j'arpente l'endroit le plus dangereux du Nord : la cabane du chasseur.

L'endroit est sordide, les grincements des pièges suspendus dans le vide attisent un sentiment de peur intense chez quiconque passe par ici. Moi, je n'ai pas peur. Au contraire, ces sons stridents et inquiétants réveillent en moi un sentiment de supériorité, et font battre le sang à mes tempes tant je me sens excité. L'odeur du sang emplit les lieux, parce que le chasseur humain continue d'aller et venir régulièrement, vidant ses pièges pour en poser de nouveaux en attendant de prendre d'autres proies sans jamais se fatiguer. J'ai une fois été pris dans l'un d'eux, et ça ne m'a pas empêché de revenir plusieurs fois par la suite. Je suis un aventurier, je suis téméraire, et je veux tuer ce soir. L'odeur de la mort est exquise, mais une vie prise par mes propres moyens est encore plus alléchante qu'un cadavre trouvé. Je me secoue nerveusement, ébrouant et hérissant mon pelage brun, et j'observe les environs. Je veux me battre. N'importe quel animal fera l'affaire. N'importe lequel. Je lance un long hurlement de défi dans le ciel, en attendant patiemment que quelqu'un réponde ou qu'un animal malheureux traverse l'endroit sans se douter qu'un prédateur rugissant rôde dans les parages. Pour une raison que j'ignore, je suis furieux. Et je hante les lieux, faisant les cent pas à la recherche d'un quelconque animal qui traîne. Je ne cherche pas à chasser. Non, je veux réellement tuer, et pas pour nourrir ma Horde. Je veux abattre un ennemi et avoir la joie de sentir son coeur cesser de battre pour l'éternité.

C'est sous la forme d'un énorme chat que mon adversaire arrive. J'entends d'abord sa démarche silencieuse, les frottements à peine audibles de ses pas dans la neige. Puis je sens son odeur puante de félin, et j'entends enfin ses grognements énervés, quand il comprend que son petit terrain de chasse est occupé par un autre prédateur. Je montre les dents et me campe sur mes pattes, le fixant dans les yeux de mon regard saphir. Je ne le lâche pas une seconde, sachant pertinemment que contre un anima de cette taille, je n'ai pas intérêt à baisser ma garde une seule seconde. Je grogne doucement, le puma s'avance lentement vers moi. Rabaissé sur le sol, les épaules plus hautes que sa tête roulant l'une après l'autre au même rythme que ses pattes antérieures, il me toise lui aussi. Chacun essaie d'analyser l'autre en grondant, et quand enfin il est à découvert, nous nous tournons autour. Pendant de longues secondes, plus rien ne bouge hormis nos deux corps se faisant face. Sa queue remue, la mienne est droite, portée haute par ma colère presque palpable dans l'air. Lui aussi est hors de lui. Nous sommes deux tueurs qui avons soif de sang, et nous ne sommes pas là pour faire connaissance. Aucun besoin de se présenter ou de commencer cette rencontre par de quelconques petites moqueries. Nous n'avons aucune envie de nous chamailler, nous voulons seulement nous entre-tuer jusqu'à ce que l'un tombe entre les crocs ou les griffes de l'autre. Je renâcle, je claque des mâchoire en me léchant avidement les babines dans un même geste. Je le provoque délibérément.

Il fond sur moi. Dans un rugissement féroce, voilà son corps qui rase le sol et ses griffes sorties qui visent ma gorge avant même de m'avoir atteint. Je bondis sur mes pattes postérieures avec un aboiement rauque, annonciateur de mes intentions. Il est inutile parce que nous ne comprenons pas le langage de l'autre, mais c'est un réflexe naturel de loup. Tout comme son rugissement est certainement une mise en garde apprise par sa mère et par tous ses ancêtres avant lui. Nos corps se heurtent violemment. Nous grognons tous deux en encaissant le choc de l'autre. Il doit peser facilement mon poids, alors que je pèse presque une demi centaine de kilos. Je gronde, il feule. Nos oreilles rabattues sur nos crânes signifient la même chose : nous nous haïssons et chacun veut la mort de l'autre. Un combat acharné nous oppose. Lui, de ses griffes puissantes, me lacère les épaules et les cuisses. Je prends soin de ne pas exposer mon ventre au combat, parce que c'est là que ma peau est la plus fine et la plus facile à percer. Le cuir d'un félin est plus épais que le nôtre, parce qu'ils n'ont pas notre couche de poils pour le protéger. Pourtant, mes crocs s'obstinent à atteindre sa gorge. Mes pattes ne font que le repousser, mes griffes même si elles le blessent, ne sont pas aussi aiguisées que les siennes. Nous roulons dans la terre, dans la neige, nous nous salissons et nous blessons toujours davantage. Pendant un instant, il me retourne sur le dos. Je pense ma fin arriver, mais il hésite une seconde de trop et je me redresse brusquement pour lui attraper la gorge, que j'arrache furieusement. Il hurle sa douleur, me balance des coups de griffes et secoue la tête. Mais quand je le relâche, il se vide de son sang dans la neige tâchée de notre élixir de vie à tous les deux. Je le regarde jusqu'à ce que sa vie se termine, puis je repars en boitant pour retrouver ma tanière et me remettre de ce combat draconien.

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Mar 22 Mar - 9:11



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Jauges : 9 / 14 / 12

Je quitte le nord en longeant le fleuve qui coule près de ma tanière, son eau ténébreuse ne laisse aucun doute quand au fait qu'aucune vie ne peut s'épanouir en son sein. Autrefois, peut-être était-il possible de pécher ici, pour les plus habiles de mes semblables. A l'heure actuelle, ce n'est qu'une eau profondément sombre qui s'écoule à torrent, menaçant d'emporter tout malheureux qui tombera dedans. L'odeur nauséabonde qui réchappe de l'eau a un point positif, elle pousse quiconque à ne pas s'approcher trop des rives. Ce sont des risques de chutes en moins, même si quelques loups trop téméraires tentent malgré tout l'aventure à leurs risques et périls. Je ne suis pas de ceux-là. Pour ma part, je me tiens le plus loin possible de ces eaux profondes et mortellement dangereuses, et je le longe à plusieurs mètre de distance. Tout ce que m'apporte ce fleuve près duquel j'ai établis ma tanière, c'est la protection grâce à son odeur pestilentielle qui camoufle la mienne, musquée et aisément reconnaissable. J'évite soigneusement de passer devant les marais Griffes Vertes, parce que là-bas les odeurs sont si fortes qu'elles cacheraient l'odeur d'une meute entière si elle s'y cachait. Je préfère éviter tout risque de tomber dans une embuscade, même s'il est impossible à mes ennemis de prévoir quand je passerais et dans quelques conditions. Je contourne la cabane du chasseur de plusieurs kilomètres, là aussi pour m'épargner des risques inutiles, et je traverse finalement la forêt aux pendus pour rejoindre les terres de l'Ouest. Les arbres y sont couverts de toiles blanchâtres et de neige, mais également du sang séché depuis longtemps, appartenant par le passé à des cadavres que les charognards auront déchiquetés tant bien que mal pour se nourrir.

Je débarque sur un versant de l'autoroute éventrée, première terre de l'Ouest avant la ville en ruine. Plus loin je pourrais rejoindre le cimetière, mais là-bas je ne trouverais rien de ce que je cherche aujourd'hui. La plaine de cendres ne m'intéresse pas davantage, je n'ai pas prévu de mourir intoxiqué et encore moins maintenant, alors que de grands plans se préparent et qu'une guerre phénoménale éclatera bientôt dans ce monde. Je pense chaque jour à la stupidité de mes actes, il y a si longtemps, lorsque j'ai rejoins la Horde pour protéger ma soeur. Autant la jeter dans une meute de chiens dressés, cela aurait eu le même effet. La preuve, aujourd'hui elle n'est même plus à mes côtés pour me dire si elle se sent en sécurité ou non. Soit elle a été enlevée par l'une des meutes, ce qui m'étonnerait puisqu'ils m'auraient fait chanter de puis longtemps, soit elle a été tuée par l'un de nos compagnons, soit elle s'est sauvé en préférant laisser là son assassin de frère. Et puisque les deux options sont aussi plausibles l'une que l'autre, je décide de ne pas me pencher davantage sur la question et de me concentrer sur moi. Après tout, c'est ce que j'ai toujours fait de mieux. Pourquoi m'arrêter maintenant, alors que je n'ai plus rien pour me pousser à agir différemment ? Je souris de mes canines blanches et aiguisées, et je trouve rapidement de quoi entretenir les muscles de mon corps. non loin, des filets de marins pendent de-ci, de-là, ressemblant ainsi à un énorme parcours du combattant d'où il serait particulièrement difficile de se dépêtrer. Parfait.

Sans davantage réfléchir, je fonce dans les filets. Je m'y jette comme dans un lac fait d'une eau pure et délicieuse en plein été, je me propulse dans les filets comme dans une course folle contre une harde daims enfiévrés. L'espace d'un instant, je me sens comme un louveteau, innocent et joueur, prêt à tout pour avoir le droit de participer à une nouvelle aventure. Je me faufile entre les traits tendus, passe en dessous, au dessus, à gauche et à droite. L'expérience est fortement amusante, malgré mon âge d'adulte mûr et réfléchis. Qui a dit qu'un entraînement ne pouvait pas aussi détendre le moral d'un loup sur les nerfs ? Je me plais à m'emmêler dans les filets, à me ressortir de ces noeuds pour en trouver d'autres plus loin et perdre mes membres dedans. Si j'étais plus jeune, je paniquerais à plusieurs occasions, lorsque mes pattes semblent bloquées pour toujours. Mais au lieu de ça je fais preuve d'ingéniosité, j'observe chacun fil et chaque passage, et je sors mes pattes lentement pour les rassembler toutes les quatre. Je repars alors jusqu'à un nouveau filet où je m'emmêle à nouveau, et durant de nombreuses minutes dont je me demande même si elles ne deviennent pas des heures entières, je continue de m'obstiner à passer plus d'obstacles et à m'enchevêtrer davantage dans les pièges que les humains utilisaient autrefois pour capturer des espèces sous-marines. Je m'amuse ainsi encore longtemps, malgré le temps qui file, jusqu'à ce que le soleil soit bas dans le ciel et que je décide que l'heure est venue de rentrer. Alors, prenant encore quelques minutes pour m'extirper de l'endroit, je finis par rejoindre l'embouchure de laquelle je suis arrivé, et je rentre chez moi tranquillement pour y faire un somme avant de partir pour une longue nuit de chasse.

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Mer 23 Mar - 15:39



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Jauges : 9 / 14 / 12

La douleur morale est lente, puissante, et au lieu de diminuer avec le temps, au début, elle semble grandir chaque jour. Elle paraît inaltérable, totalement hors contrôle. On ne parvient pas à l'oublier ou ne serai-ce qu'à en fait abstraction. Elle nous ronge de l'intérieur, nous empêche de penser à autre chose, et parfois même nous pousse aux pires stupidités. On n'est plus dans son état normal, on ne réfléchit plus avec objectivité et tout ce que l'on veut, c'est oublier ce chagrin intense que l'on ressent. J'ai rarement éprouvé de la peine dans ma vie. Ce sentiment de perte et de regrets, que l'on ne peut effacer et avec lequel il est si difficile de s'habituer à vivre. Je pensais être exempté de ce sentiment si douloureux. Pourtant, aujourd'hui, c'est une véritable affliction qui s'est présentée à moi, et je ne saurais la combattre autrement qu'en détournant l'attention de mon coeur sur une tout autre émotion. Le plus simple, le plus atteignable, c'est la colère. Douce montée d'adrénaline qui nous atteint, rend nos muscles plus résistants et notre cerveau plus réactif sans ressentir la douleur, sur l'instant. L'adrénaline est un peu comme une drogue, en soit. Et lorsqu'elle n'est pas sécrétée grâce à la peur, la colère est notre meilleure alliée pour la ressentir. Aujourd'hui, je suis furieux. Parce que c'est mieux d'en vouloir au monde entier, que de pleurer interminablement sur la même souffrance. Alors je conditionne mon esprit à haïr plutôt qu'à aimer, et c'est nettement plus facile, beaucoup moins douloureux pour moi. Tapi dans les broussailles, je guette ma proie. Ou du moins, ma cible.

Il fait facilement deux fois ma taille en hauteur, et presque trois fois ma longueur. Mais je n'ai pas peur. Je suis seulement en colère. Tout comme il le sera quand il aura compris que je suis si proche des siens. Les "siens", un mot qui semble perdre toute sa signification pour moi. Je ne vois plus qu'un énorme vide, un trou béant dans ma poitrine. Et c'est en serrant les dents que je bondis dans l'enclos entouré de barbelés, où le gros béliers m'attend de pied ferme. Je m’immobilise, raidis mon corps tout entier et bande mes muscles. Si je ne croise pas grand nombre de mes semblables ces temps derniers, je ne m'empêche pas de rôder autour des campements humains et de narguer leurs bêtes, dans le seul but de me battre et de forcer mes muscles à se développer toujours un peu plus. Je souris face à mon adversaire, toutes les femelles sont dans l'étable, à cette heure. Mais lui, en bon veilleur, il fait ses rondes. Je le fixe dans les yeux, il renâcle et écrase le sol de son sabot. Il en veut autant que moi. Il se dit qu'un loup seul est un loup mort. Mais je me fiche pas mal de ce qu'il croit. Moi je sais pourquoi je suis là et je connais parfaitement ses intentions et les miennes. Lui, il est perturbé par l'éventualité que j'en veuille à sa famille. Un loup n'attaque jamais seul, et jamais pour s'amuser. C'est contre nature. Pourtant ce soir, en milieu d'une nuit noire, je fonce droit sur lui et ce n'est pas pour tuer qui que ce soit, ni pour nourrir une quelconque famille quelque part. Je n'ai plus personne qui m'attend, plus personne qui ait besoin de moi. Je n'ai plus que la Mort pour compagne, et je m'en suffit amplement.

Nos corps se percutent violemment, ses cornes ont heurté mon épaule gauche et un instant je me demande s'il ne me l'a pas déboîtée. Mais aussitôt, il charge à nouveau et l'adrénaline prend le dessus. Il veut la guerre, et je ne suis pas le gentil petit soldat peureux qui passe son premier jour au front. Je suis expérimenté, j'ai affronté bien d'autres créatures avant lui et il ne m'impressionne pas avec ses cornes enroulées autour de son crâne. Le bélier font sur moi en bêlant, et j'attends le dernier instant pour m'écarte vivement et bondir à sa suite. Je lui mords les flancs, le harcèle à n'en plus finir sans jamais le blesser gravement, au point de le mettre à terre. Il se débat comme un beau diable. Les coups pleuvent, les sabots frappent et les griffes lacèrent. Les bêlements s'intensifient, rejoints peu à peu par les grognements d'excitation. Le combat est à son comble et les brebis, affolées dans la bergeries, hurlent au loup. Les petits sont probablement terrés au milieu du troupeau alors que toutes, sans exceptions, espèrent voir leur mâle terrasser le danger. Je souris davantage et lutte de plus belle avec mon adversaire. Mes crocs s'ancrent dans sa chair, son sang étant pour moi un pur délice même si je m'arrange pour que ce précieux élixir ne s'écoule pas trop vite ni en trop grande quantité de son corps. Je souris encore et encore, me bats au corps à corps puisque c'est tout ce que connaissent les béliers. Durant de longues minutes je m'acharne contre lui, et ce n'est que lorsqu'un coup de feu retentit que je me décide à cesser le combat. L'humain a tiré en l'air pour me faire peur, ne voulant pas risquer, dans la pénombre, d'atteindre l'une de ses propres bêtes. Je le fixe un court instant, et avant que le bélier ne reprenne ses esprits et me charge à nouveau, je disparais de l'enclos et m'enfonce dans la forêt.

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Mer 23 Mar - 15:40



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Jauges : 9 / 14 / 12

Le milieu de la nuit. Probablement le moment que je préfère, puisque c'est dans ces heures sombres que la forêt grouille le plus. Ce sont ces instants de pénombre complète, que les animaux choisissent pour s'éparpiller dans les bois et les prairies, les monts et les clairières. Et c'est dans ces moments-là que les chasse sont les plus fructueuses. Pourtant, ce soir, je ne suis pas là pour chasser. Je suis à la recherche d'un ennemi, à la recherche d'un combat duquel je veux sortir vainqueur. Je veux massacrer l'un des leurs, simplement pour m'offrir le plaisir d'entendre ses hurlements d'agonie. Je veux leur prouver qu'il n'est pas nécessaire d'en porter le nom, pour être capable de l'infliger avec tout autant de compétences et d'aptitudes. Je suis né pour vivre, mais on m'a fait vivre pour tuer. Et aujourd'hui, puisque je n'ai plus personne, plus rien à perdre, je ne désire plus que tuer. Je veux suivre les traces dans lesquelles on m'a fait marcher louveteau, et je veux même les effacer par mes propres pattes, pour en créer de nouvelles : les miennes. Bien plus imposantes, bien plus inquiétantes, bien plus fortes. Je suis le tueur des nuits, l'assassin des ombres. J'ai été créé pour tuer et malgré m'être écarté du chemin pendant trois années, je suis de retour en force aujourd'hui, et je n'ai plus rien pour m'empêcher de réaliser ma destinée. Peu m'importe si ceux qui se font appeler meutes se préparent à une guerre. Ils ne s'attendent certainement pas aux ennemis qu'ils vont affronter. Ils ont entendu notre nom, mais ils ignorent de très loin ce dont nous sommes capables. Je le leur prouverais.

Je marche aux alentours de ma nouvelle tanière, cet endroit sombre et lugubre pour personne ne saurait me dénicher puisque les odeurs du fleuve empêchent de me localiser. Je marque pourtant chaque tronc, chaque branche, afin que jamais les loups passant par là n'oublient mon odeur. Je suis l'Esprit du Dragon, et je leur ferais connaître ma fureur. Depuis quelques temps, je soupçonne les clans de m'avoir enlevé ma soeur. Elle ne m'aurait pas quitté de son plein gré, non. Elle dépendait trop de moi, tout comme j'ai toujours dépendu d'elle. Mais aujourd'hui, tout ça est terminé. Puisqu'ils ont pris ma soeur, je prendrais leurs vies. Et puisque je suis dans l'incapacité de mettre un visage sur celui qui a commis un tel acte, je les tuerais tous ! Un par un, jusqu'au dernier, je les tuerais ! Grondant férocement, je me jette sur des troncs d'arbres morts tombés là, mordant furieusement et tirant de toutes mes forces. Pendant des minutes, des heures entières, je déchaîne ma colère, ma rage, sur ces pauvres morceaux de bois. Je suis devenu fort, bien plus fort que la plupart des loups. Et je ne saurais m'arrêter en si bon chemin. Je ne cesserais de m'entraîner que lorsque je serais devenu une légende vivante, funeste, dont la seule évocation du nom serait déjà un présage de mort. Je souris, l'air sadique, et je m'acharne sur mes cibles de bois, cette matière froide sous mes dents, mais friable à force d'obstination dans mes gestes, dans mes attaques. Je veux le mettre en pièces, le voir se désagréger entre mes mâchoires puissantes et mortelles. A défaut de sentir son sang couler entre mes dents, je le massacre vicieusement, profitant de chaque douleur comme d'un nouveau niveau atteint.

Mes muscles se tendent, se détendent, et je tire, je pousse dans toutes les directions. Je traîne ce tronc d'un bout à l'autre, le traîne jusque dans le fleuve pour que le courant l'emporte, et me débats furieusement pour le ramener sur la rive. Ce n'est pas le tronc d'un arbre centenaire, et il ne mesure pas plusieurs mètres de longueur, mais il suffit à enflammer mes muscles et cette seule perspective me réjouit et me pousse à aller encore plus loin, encore plus vite. Chaque jours, mes objectifs changent et augmentent. Chaque jour, je progresse encore un peu pour atteindre la perfection, pour surpasser la Mort. Je me suis tant entraîné que je me sentirais presque capable d'abattre mon Alpha. Mais je ne l'ai pas défiée depuis des lustres, et je n'en ressens pas l'envie. Pas encore. Elle et moi avons des desseins communs. Le défi ne m'intéresse pas. Pas tant que les Sekmet vivent encore ! A la seule pensée de leur nom, je gronde et m'acharne davantage sur ma cible. Je griffe, je mords, je détruis. Je saccage l'écorce pour atteindre la chair même de l'arbre, que je laboure férocement, comme un ennemi juré que j'aurais retrouvé après de longues années de traques. Et pendant de longues, très longues minutes, je tente de décharger ma colère dans sa souffrance, même s'il est déjà mort et que je le sais pertinemment. Il me faut longtemps avant d'accepter de me rendre, avant de tolérer l'éventualité qu'il ne sent rien et que j'utilise mon énergie en vain. Mais malgré cette idée d'inutilité, je sens mes muscles qui se tendent et j'aime ça. Je suis plus fort de jour en jour, et bientôt je serais prêt pour la guerre.

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Jeu 24 Mar - 11:30



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Jauges : 9 / 14 / 12

Dans la pénombre, je me cache à la perfection. Mon pelage n'est pas aussi sombre que la nuit, mais la couleur cendrée de mon dos me permet une certaine discrétion. Je respire lentement, mesurément, contrôlant chaque battement de mon corps et chacune des respirations qui gonflent et vident alternativement mes poumons. L'air est froid, et le blizzard n'arrange rien. Là où le sol abrite des sortes de nappes phréatiques, la brume règne en maître au-dessus de la terre et nous empêche de discerner les choses à plus de deux ou trois loups alentours. J'ouvre et ferme les yeux de temps à autre, soit pour observer, soit pour me concentrer sur mes autres sens puisque ma vue est largement diminuée par les intempéries. Quand je perçois les sons de ce que je cherchais, je bande chacun de mes muscles et je me concentre pour être sûr de ne pas manquer mon coup. J'ai un grand besoin de me calmer les nerfs, et ce n'est pas sur l'un de mes semblables que je le ferais ce soir. Ils sont trop inutiles pour que je me préoccupe d'eux, et mes rares amis sont indisponibles. Et quand bien même ils seraient là, d'ailleurs, je ne voudrais pas leur faire le mal que j'ai l'intention de faire à ma victime. Le corps totalement immobile, j'écoute les ronflements de la bête et je l'entends qui se déplace lentement dans les sous-bois. Elle est seule, ce qui est peu courant pour ce genre d'animal, mais pour le moins pas impossible à voir. Je souris discrètement, même sans l'apercevoir de mes yeux, je sais qu'il n'est plus très loin.

Je bondis brutalement sur ma gauche, côté que je ne peux analyser de mes yeux avec facilité, et j'atterris lourdement sur le corps d'un énorme sanglier. Comme ça, avec seulement le choc de mon corps contre le sien comme donnée numérique, je dirais qu'il avoisine les deux cent kilos. Une énorme bête, un mâle adulte dans toute sa splendeur. Surpris, l'animal pousse une sorte de beuglement aiguë que je juge menaçant malgré tout. Parce qu'au lieu de fuir comme une vulgaire proie, le sanglier me charge dans la foulée. Immédiatement, je file dans la brume, sachant pertinemment qu'il me suivra pour me faire la peau. Ces bêtes-là son particulièrement rancunières et agressives, quand on les cherche. Je pourrais presque m'amuser de la situation, si elle n'était pas si dangereuse. Et surtout, si je n'étais pas autant sur les nerfs. Je renâcle et tire la langue sans cesser de courir, m'assurant de ralentir à des endroits stratégiques pour reprendre mon souffle et attendre mon poursuivant sans risquer de me faire empaler. Si les femelles sont amusantes et se montrent de bons divertissements, il en est une toute autre histoire concernant les mâles. Les femelles chargent avec la seule force de leur corps, tandis que les mâles sont armés de dents redoutables, capables même d'entailler la chair et d'éventrer les moins chanceux. J'ai beau n'avoir plus rien a perdre, je tiens encore à ma vie et je n'ai pas vraiment envie de finir éventré par un cochon. Alors je cours, encore et toujours plus sans perdre l'animal à mes trousses, ne souhaitant pas le semer.

Je déboule brusquement près du lac d'acide, ravi d'avoir atteint mon objectif sans une égratignure. Comme la dernière fois, la glace a recouvert le lac dans sa totalité, et je suis certain qu'elle est tout aussi épaisse sur les bords qu'elle ne l'était la première fois que je suis venu. Si moi je pèse pas loin de quarante-cinq kilos, j'ai une belle petite idée de ce qui arrivera au sanglier quand il passera sur la glace. Je me retourne en l'entendant crier et galoper, je dresse les oreilles dans sa direction pendant une seconde, puis je me place complètement face à la forêt pour lui tenir tête quand il apparaîtra hors des fourrés. Il ne tarde pas à me rejoindre, furibond, et j'affiche un grand sourire mesquin sur mes babines retroussées. Je me campe sur mes pattes, le toise en hérissant mes poils et en tenant ma queue bien haute, et j'aboie pour l'énerver encore plus. Laissant libre court à sa fureur, l'animal se jette en avant et je recule de quelques pas, avant de filer sur la glace à la dernière seconde. Un sanglier sain d'esprit serait reparti sans descendre sur le lac gelé, mais celui-ci est tellement hors de lui qu'il ne fait plus attention où il met les pattes, et me suit aveuglément sur la glace. Je souris davantage alors qu'il glisse et continue de me traquer, et je recule tranquillement en faisant attention où je mets mes pattes. Après avoir dépassé le centre du lac et entendu les craquements sous mon poids, je m'assois dans une attitude satisfaite et je toise l'animal qui, immobilisé, me lorgne avec colère. Ni une ni deux, il profite que je reprenne mon souffle pour fondre sur moi. Malheureusement pour lui, deux cent kilos après quarante-cinq, c'est trop pour la glace. Elle craque et se déchire sous lui, l'emportant lentement dans le lac. Et, assis sur la rive, je me régale longtemps de ses cris d'agonie, tout en reprenant mon souffle après cette exténuante course dans les bois. Lorsqu'enfin sa voix se tait et que son corps à brûlé dans les profondeur du lac, je me relève en souriant légèrement, et je m'en vais, le moral gonflé à bloc.

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Jeu 24 Mar - 11:31



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Jauges : 9 / 14 / 12

Ce n'est que sous ce ciel grisâtre et morne, que je réalise à quel point le sable de cette plage est pâle. La brise marine fait glisser les grains sur la surface du sol, et les pousse à s'entremêler dans les poils courts de mes pattes malgré leur épaisseur protectrice autour de ma peau. J'inspire l'air froid et salé de la mer, qui me brûle les poumons et me donne envie de me gratter la truffe. Je me retiens cependant, et je commence à longer la plage à l'orée du bois, marchant par intermittence sur le sable et sur la mousse de la forêt. Un endroit pareil, faut bien avouer que c'est fantastique. Même si, vraiment, je ne suis pas d'humeur à voir la beauté de ce qui m'entoure. Je fixe le sol, regardant avec insistance toutes les brindilles et les épines de pins que je piétine, sans chercher à me délecter du paysage. Je pense à ma sœur, comme à chaque seconde de mon existence depuis plusieurs semaines. Elle n'est plus là. Elle ne fait plus partie des nôtres, sans avoir quitté notre monde pour toujours. Je ne comprends pas ce qui lui est passé par la tête. Pourquoi s'est-elle éloignée ? Pourquoi disparaître sans laisser de trace, sans me laisser le moindre indice, la moindre explication ? Durant ces dernières semaines, c'est la confusion et l'inquiétude, qui m'ont envahies. Je me suis posé des questions pendant des jours, j'ai appelé des heures entières sans jamais me lasser, attendant toujours avec impatience la réponse de ma soeur. Mais rien. Toujours le silence pesant, et la douleur de son absence. Rien que le vide et l'angoisse de l'incompréhension.

Machinalement, comme je l'ai fait tous les jours depuis que j'ai constaté sa disparition, je m'entraîne. Encore et encore, sans jamais m'arrêter avant que mon corps soit épuisé. Alors, seulement, je rentre à ma tanière, et je m'affale dans la terre meuble pour me laisser emporter par les bras puissants du sommeil. Dans des rêves lourds, sans consistance, je me laisse aller pendant quelques heures, laissant ce temps de répit à mon corps avant de recommencer inlassablement le même manège, pour être perpétuellement à bout de forces et ne pas me laisser l'occasion de penser à Kaya. Aujourd'hui encore, sur cette plage blanche, froide et vide, je repars pour un nouvel entraînement. Je m'avance dans le sable, cette étendue difficile à fouler parce qu'à chacun de mes pas, le sol avale mes pattes. Je marche longtemps, fatiguant mes muscles les uns après les autres, et continuant toujours à marcher malgré la douleur dans mes membres. Pendant longtemps, je marche ainsi d'un bout à l'autre de la plage, n'essayant même pas d'alléger mon fardeau ou de faciliter mes déplacements. Je marche, encore et encore, et je continue de faire vibrer mes muscles pas après pas, minute après minute. Je m'acharne ainsi contre l'évidence, je ne concentre mon esprit que sur mon avancée infructueuse et douloureuse, cherchant par la même occasion à oublier les souffrances que j'endure mentalement. Pour le loup que je suis, perdre un être cher est une grande épreuve. Plus grande que pour les autres loups. Mais elle est pire encore lorsqu'il s'agit de ma soeur jumelle, et je me demande de plus en plus si je parviendrais à survivre sans elle.

Après un temps qui me semble interminable interminable, je me satisfais de remarquer que mes muscles me paraissent durs comme de la roche. Alors, sans faire plus attention que ça à leur survie, je me mets à trottiner, puis à courir, et finalement je file à toute allure sur la plage qui ensevelit mes pattes à chaque mètre foulé. Je fonce de long en large, je freine, je vire de bord brutalement en veillant à ignorer la douleur. Je pousse mes propres limites dans leurs plus lointains retranchements, et même si ma respiration est saccadée et que l'air me brûle les poumons, je ne m'arrête pas. La langue pendante, je continue encore et encore, je ne cesse de combattre la raison qui me dit d'arrêter avant de tomber raide mort. Je continue de me battre contre mes propres pensées, n'espérant qu'oublier la souffrance que j'endure depuis presque une lune, maintenant. Je soupire, je respire comme un boeuf, l'un de ces ridicules animaux entassés dans des enclos en attendant sagement la mort. Et puis, je souris en courant. Réalisant que lentement, c'est ce que je deviens : un animal d'abattage qui attend la fin posément, avec résignation. Je gonfle mes poumons d'un air brûlant et, le corps en feu, je fonce à toute vitesse vers la mer. Je plonge dans les vagues comme si le froid brutal pouvait détendre mes muscles soudainement, et je me mets à nager. Après tant de fatigue, le poids de mon corps oublié est une véritable jouissance, et je me délecte de cette masse que je n'ai plus à porter. Je nage durant de longues minutes, avant d'enfin décider que j'en ai eu mon compte pour aujourd'hui. Je quitte alors le couvert froid de l'eau et, trempé, dans un blizzard puissant, je rentre chez moi pour m'y sécher et m'endormir grâce à la fatigue.

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Ven 25 Mar - 7:49



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Jauges : 9 / 14 / 12

Puisque ma chasse précédente à été fructueuse mais que je n'ai ramené dans les réserves de la Horde qu'une infime belette, j'ai décidé de prolonger ma chasse et suis parti traquer ailleurs, d'autres bêtes. C'est dans un esprit détendu que j'atteins la ville en ruines, là où autrefois les humains vivaient et perduraient dans le chaos complet qu'ils appelaient accessoirement leur quotidien. J'entre dans les décombres sans la moindre peur, je ne crains pas de croiser un chevreuil égaré ou même un élan furieux. Dans cet endroit sans queue ni tête, j'aurais bien plus de possibilités de leur échapper que si je les croisais en pleine forêt où ils auraient incontestablement l'avantage du terrain connu. Ici, je me repère plus facilement et je me déplace avec bien plus de facilité que ces énorme bestioles aux bois mortels. Je marche au hasard de ce qui autrefois étaient les tanières des hommes, et je hume de-ci, de-là les odeurs que je rencontre sur mon chemin. Peut-être, à force de fouiner partout, trouverais-je un quelconque animal à me mettre sous la dent ou, simplement, à ramener pour nourrir les membres de ma meute. Je pense alors à ma soeur. Autrefois, je me disais que je chassais pour la nourrir elle. Je cherchais des proies assez grosses pour nourrir deux loups adultes, ou au moins un pour qu'elle ait de quoi manger pendant un ou deux jours. Mais aujourd'hui, ma soeur a disparu, et je suis condamner à servir les miens sans jamais savoir si Kaya fera partie du prochain repas de meute ou non. Je soupire, et je continue de chercher sans autant de détermination que celle que j'avais en arrivant.

Je prends le temps de dénicher tout ce que je peux trouver, même si j'abandonne mes découvertes juste après les avoir faites. Perdre mon temps, me balader sans le moindre objectif, ne rien faire me détend. En fait, depuis que ma soeur a disparu, je ne fais plus rien, hormis m'entraîner et chasser. J'ai oublié les plaisirs d'une rencontre quelconque, j'ai oublié le bonheur d'une discussion avec un semblable apprécié. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, sans cesse à la recherche de la moindre motivation rien que pour remplir mes responsabilités en tant que membre de la Horde. Je soupire à l'évocation mentale de ma soeur et de ma meute, parce qu'aujourd'hui j'ai l'impression que plus rien n'est lié et j'ai parfois la sensation de perdre patte. Je ne sais plus si je dois rester avec la Horde au cas où ma soeur réapparaîtrait, ou si je dois immédiatement partir à sa recherche au risque de nous voir tous les deux bannis avec un prix sur nos têtes ... Ou si, simplement, je ne ferais pas mieux d'oublier toutes les émotions que j'ai pu ressentir dans ma vie pour enfin cesser de souffrir ... J'ai été tenté de le faire à plusieurs reprises, dans ma vie. Quand ma mère a perdu a vie, quand mon père m'entraînait trop dur pour faire de moi un tueur, ou alors quand des mâles ont osé tourner autour de ma soeur. Mais toujours, quand je ressentais l'envie de baisser les pattes, Kaya était près de moi et me forçait à ouvrir les yeux. Elle me faisait comprendre que je ne pouvais pas tout abandonner si facilement, qu'elle avait besoin de moi au moins autant que j'avais besoin d'elle. Mais demain, qui pourra bien me ramener sur le droit chemin quand je quitterais les sentiers ? Je soupire, et je reprends ma traque sans conviction.

Il paraît qu'on ne peut pas tout avoir, dans la vie. Qu'il faut travailler dur sans cesse pour parvenir à ses fins, et qu'il faut toujours chercher le dépassement de soi pour aller plus loin et repousser ses limites. Autrefois je pensais ainsi, tel que ma mère me l'avait dit et comme mon père me l'avait appris. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression que mes objectifs sont sur le point de changer. Je sens comme un énorme nuage noir au-dessus de ma tête, et j'ai peur de ce qu'il présage. J'ai perdu ma soeur, et malgré les sentiments puissants que j'éprouvais pour Atom, j'ai peur de terminer comme mon père avant moi, de ne plus voir dans le monde que les opportunités de devenir plus fort de faire monter les capacités des miens. Je ne veux pas devenir insensible, j'ai peur de créer en moi-même une sorte de loup des ombres, comme mon père s'est plut à l'être durant tant d'années. Encore aujourd'hui, d'ailleurs, je crois qu'il est craint de sa meute et qu'il n'inspire que le respect et la peur lors de ses rencontres avec ses semblables. A moi aussi, il me fait peur. Même si j'éprouve énormément de colère à son encontre pour ce qu'il a osé faire à sa propre fille. C'est perdu dans mes pensées que je me fait surprendre par le renâclement d'un gros animal, et manque de chance pour moi c'est sur un grand élan que je tombe. Bon, j'aurais préféré ne pas en arriver là et être venu seul. Mais il me suffit de peut de temps pour comprendre qu'il est bloqué par un gros truc humain, et que j'aurais le temps de fuir avant qu'il ne m'attrape.

Je l'observe quelques secondes, et lorsque je suis certain qu'il m'a vu et qu'il m'en veut, je me décide à m'éloigner de quelques pas. J'ai à peine le temps de bouger une patte pour esquisser un mouvement de retrait, que le gros animal geint et se rue sur moi, tête basse et bois en avant. Je dois dire que la vision d'une telle bête, même lorsqu'on sait qu'on va pouvoir s'enfuir, n'est pas des plus rassurantes. Mon coeur s'accélère, mon sang bat à mes tempes et file comme une flèche, même si je suis persuadé que mon assaillant ne passera pas la première barrière de gros trucs humains. Et malheureusement pour moi, à peine dix mètres plut tard, un choc lourd m'annonce que la première barrière est franchie, et que l'élan est désormais à mes trousses. Je m'affole le temps d'un instant, me ressaisis aussitôt et je cours de plus belle, à la recherche d'une échappatoire. Cette fois, j'aurais trouvé la proie sans pouvoir l'attraper. Et ce n'est certainement pas moi qui ferais le malin en tentant ma chance contre une bête aussi énorme, surtout en étant seul. Je fonce entre les obstacles, en contournant certains pour en escalader d'autres, et toujours derrière moi l'orignal continue sa course en renversant tout ce qui bloque son passage ou ose vouloir ralentir sa course. Après de longues minutes, je commence à me dire que je suis perdu et qu'il finira par m'encorner sauvagement. Mais mon salut se prépare sans que je le sache. Après quelques virages supplémentaires, une barrière en bois se profile. Je fonce vers elle, passe en-dessous complètement essoufflé et recommence immédiatement à courir. Je m'arrête après quelques mètres, quand je n'entends plus les galopades de mon poursuivant. Et quand je le vois, l'élan s'est finalement arrêté devant la barrière, tout autant à bout de forces que moi. Je soupire, je l'ai échappé belle, cette fois. Je quitte la ville sans proie, mais en vie.

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Ven 25 Mar - 7:49



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Jauges : 9 / 14 / 12

Nouveau départ, ouep. Parce que j'ai le sentiment que les choses vont bientôt changer. Je veux un nouvel endroit où vivre, je ne supporte plus de revenir jour après jours dans cette tanière vide où l'odeur de ma soeur a imprégné chaque recoin avec une obstination farouche, et où je me sens toujours mal à l'aise alors que je sais qu'elle est dehors, quelque part, tandis que moi je dors paisiblement dans notre antre au chaud et à l'abri des dangers extérieurs. Je soupire en sortant de ma tanière, et je supplie mentalement une quelconque entité supérieure de rappeler à ma soeur que cet endroit lui sera toujours ouvert si elle se décidait un jour à revenir parmi nous. Je fixe une dernière fois l'entrée sombre, et je m'éloigne définitivement des lieux sans un regard en arrière, emportant avec moi pour seuls bagages, les souvenirs de notre vie de solitaires. Le temps passe, les choses évoluent, et il est temps que j'accepte l'inchangeable : ma soeur est portée disparue. Cela fait presque une lune que je n'ai pas eu de ses nouvelles, j'ignore ce qu'elle peut bien fabriquer si loin de moi et quelle raison l'a poussée à partir ainsi, sans prévenir ni me rassurer le moins du monde. En tout cas, ma vie dans cette tanière est terminée. Il est temps que je trouve un nouvel endroit où vivre, un véritable trou pour célibataire vivant seul. Parce que désormais, c'est ce que je suis. Un célibataire qui vit seul, avec pour seul compagnie les araignées et autres bestioles qui se planquent sous terre pour ne pas se faire écraser par les mastodontes qui se pavanent dans la forêt en plein jour.

Je pars en trottant, me disant que pourquoi pas, ce déménagement pourra être un entraînement supplémentaire. Mettre mon endurance à l'épreuve est une bonne chose, parce qu'en combat j'aurais un besoin vital de savoir surpasser mes limites pour sauver ma propre vie. Mon corps puissant se laisse porter par le vent froid du milieu de journée, mes oreilles tournent dans tous les sens à la recherche d'un moindre son, et ma queue portée haute assure aux quelconques loups que je pourrais rencontrer sur mon chemin ou qui pourraient me voir de loin, qu'il leur est déconseillé de s'attaquer à moi. Je ne suis pas invincible, mais je suis sûr de moi et je me battrais jusqu'à ce que mort s'en suive s'il le faut, bien trop fier pour concevoir une éventuelle défaite ou pire, la soumission pure et simple à l'un de mes semblables. Non, plus jamais. J'ai dû me soumettre une fois, et je ne l'ai accepté que pour protéger ma seule raison de vivre. Jamais plus l'on ne me verra baisser l'échine face à un loup, et jamais plus je n'entrerais sous les ordres de quiconque. Je suis un indépendant, mes pattes foulant le sol avec force et agilité, à un rythme parfaitement régulier, me serviront de preuve tangible si un loup ou un quelconque autre adversaire osait douter de mes capacités de survie individuelle. J'ai toujours pris soin de ma soeur, je sais donc parfaitement prendre soin de moi. Tout en réfléchissant à divers sujets, je continue de courir pendant plusieurs heures, gardant une allure stable pour que les battements de mon coeur s'harmonisent parfaitement avec mes pattes frappant le sol chacune leur tour.

Enfin, la fin de journée approche avec un crépuscule glacial mais un soleil timide au rendez-vous, malgré de brutales bourrasques frigides qui me glacent impitoyablement le sang et les os. Je force contre les vents violents pour arriver à mes fins, traversant de nombreuses terres sans m'arrêter, bien décidé à ne pas passer la nuit dehors dans un endroit douteux et potentiellement dangereux. Si j'étais autrefois installé entre la blessure et les tranchées, dans l'Est des territoires neutres, je longe aujourd'hui le lac d'acide, traverse la fête forraine et longe discrètement le village des hommes pour quitter définitivement cette partie de la carte. Je passe devant le cimetière où je me remémore quelques instant tous ces moments importants de ma vie qui ont eu la manie de se dérouler ici, mais ne ralentis pas l'allure et file a travers la ville abandonnée pour laisser derrière moi l'Ouest du pays. Quand, enfin, les vents les plus froids s'attaquent à mon pelage et à ma peau, je comprends que j'ai atteint les terres que je cherchais : le Nord. Je voulais un dépaysement total, et je l'ai gagné. Ici rien n'est pareil, et la neige parsème sans pitié chaque centimètre carré de sol. L'herbe n'est plus visible, il faudrait creuser pour trouver la moindre parcelle nourrissante. C'est la raison pour laquelle les hardes migrent vers le sud pendant la saison froide. Là-bas les températures sont les plus chaudes. Ici, il fait parfois si froid que des animaux perdent la force de rentrer chez eux et meurent dans la neige. Pourquoi j'ai décidé de m'installer là ? Parce qu'au moins, durant la période de l'année pendant laquelle je suis le plus vulnérable, je vivrais dans un endroit extrêmement peu fréquenté par mes semblables et, par conséquent, je serais en sécurité. Je m'arrête enfin, après de longues, d'interminables heures de course, pour me mettre à la recherche d'une nouvelle cache. Le fleuve nauséabond qui coule non loin cachera mon odeur à mes semblables, ce qui accrue davantage la sécurité de l'endroit. Je suis arrivé.

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Sam 26 Mar - 18:33



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Jauges : 9 / 14 / 12

Un élan de folie, une pulsion soudaine qui me prend, une inopinée envie, et me voilà en territoire Sekmet, où je prends tous les risques possibles rien que par mon intrusion. Cependant, je suis suffisamment arrogant pour ne pas craindre ces loups dont la méchanceté est devenue presque légendaire. Ils sont méchants, parfois sadiques, peut-être un peu névrosés sur les bords. Mais je suis pire. Bien pire qu'eux tous. Et je n'ai pas peur de les affronter un par un, fusse-t-il nécessaire que je m'écroule à la fin et que j'en meurs. Après tout, n'aie-je pas perdu la seule raison que j'avais de vivre ? Si, bien sûr que si. Sans ma soeur, rien ne me retient en ce monde, et rien ne peut exister qui me ferait pression pour que je succombe à un quelconque chantage. Ma soeur disparue, c'est la parcelle encore saine de mon esprit qui a disparu. Et sans elle, je ne craint plus la mort, plus le moins du monde. Malgré tout, ce n'est pas pour rendre mon dernier souffle que je suis venu ici. Non, c'est parce qu'une étrange idée d'entraînement m'est venue en observant certains humains, à distance, sur leur propre territoire qu'ils ne savent même pas protéger. La seule chose dont ils soient capables, c'est de rester plantés devant l'entrée de leur tanière pour en surveiller les allées et venues. Le reste, les alentours, est perpétuellement fermé à leur maigre perception du monde. Ils ne voient que le danger imminent, lorsqu'il est déjà à leur porte. Ils ne sont pas capables de prévoir, d'anticiper les risques aussi nombreux et voyants soient-ils. Il y a quelques jours, j'ai donc passé plusieurs heures à les observer dans leur environnement. Et m'est venue une idée étrange, venant tout droit de l'imitation qui nous est naturelle, à mes semblables et moi.

Je débarque donc sans aucune hésitation au centre de la clairière des Sekmet, un endroit empli d'une fumée palpable et odorante, qui étouffe à petit feu. Malgré la difficulté je reste là, et je ne cherche pas les endroits les plus dégagés, au contraire. Je m'arrange pour me trouver là où la brume est la plus épaisse possible. Là, je trace des cercles dans la terre à l'aide de mes griffes, puis des sillons un peu partout. Je créée ainsi une sorte de parcours par des traits tracés dans la terre gelée, mais que mes pattes ont réchauffées dans leur travail. Je marche le moins possible sur tout ce terrain ainsi paré, puis je m'en écarte pour admirer le résultat. Je suis fier de moi, il semblerait que je m'améliore chaque jour pour inventer de nouveaux défis à relever. Un jour, lorsque j'aurais fait par de toutes mes petites créations à la Horde -ou seulement à mes amis de confiance, je n'ai pas encore décidé- nous serons de loin les loups les plus puissants de ce monde, et plus personne ne pourra prétendre nous flanquer à terre si nous ne nous soumettons pas à sa volonté. Je souris, dans une grimace presque angoissante, presque perverse. Mes plans avancent, tout autant que ceux que je partage avec la Horde. Mon avenir se dessine doucement, même si je dois perdre quelques pièces du puzzle en chemin. En effet, la perte de ma soeur m'affecte particulièrement, vous en conviendrez. Mais soit, je ferais avec dans les semaines à venir, et si elle reparaît un jour, peut-être redeviendrais-je le gentil loup-loup valeureux et serviable. En attendant ce jour, je suis un ancien Hordien, et je ne veux que la force.

Je ferme les yeux, cale ma respiration sur mes pas, et j'entre lentement dans le noeuds de cercles que j'ai préalablement tracés. Je cherche à sentir dans mes coussinets, la chaleur que mes pattes ont déposé quelques minutes auparavant. Je cherche ma propre odeur pour me repérer dans l'espace, ne pas marcher sur les sillons. Je perds l'équilibre, me redresse, toujours en veillant à ne surtout pas perdre ma concentration tout en ne tombant pas sur les pistes que j'ai inventées. Je réussi plutôt bien l'exercice, je dois dire, mais je ne doute pas que ma réussite à beaucoup à voir avec le fait que je sois borgne depuis mon plus jeune âge. Si la vue de mon oeil gauche voit totalement flou, j'ai appris à compenser ce handicap par des sens plus développés et je sais parfaitement me servir de mon corps sans avoir aucun recours à mes yeux saphirs. Aussi, là, aveugle en totalité, je marche presque aisément dans ces minuscules sillons et je parviens facilement à croiser et décroiser mes pattes sans trop perdre l'équilibre. C'est un exercice à ma hauteur que je me suis imposé, peut-être un simple rappel parmi d'autres pour ne pas perdre mes capacités durement acquises. Pourtant, le défi n'est pas termine, parce que je dois encore traverser ce parcours à reculons, cela sans toucher les pistes tracées et sans tomber. Là n'est pas chose aisée, mais je me débats avec mes quatre sens pour les pousser à percevoir le monde dans une clarté bien plus approfondie, et a force de persévérance et de recommencements perpétuels, je termine l'après-midi avec une nouvelle victoire en poche et la fierté de m'améliorer chaque jour plus que la veille. Je suis un bon soldat, et bientôt je pourrais montrer mes compétences au grand jour pour gagner ce qui me reviendra de droit.

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Sam 26 Mar - 18:33



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Jauges : 9 / 14 / 12

Il fait sombre, vraiment sombre. Les sous-bois sont plongés dans l'obscurité, et ce pour de nombreuses heures. Il a plu aujourd'hui, alors la mousse est humide et les feuilles mortes au sol, imbibées d'eau fraîche. Cela dit, grâce à l'eau qui les a aplaties sur le sol, mes pas ne font plus le moindre bruit. J'entends grouiller la vie entre les arbres, je sens les odeurs plus délicieuses les unes que les autres, des proies qui m'attendent sagement au loin. L'heure est venue de rapporter quelque chose à ma famille, il est temps de manger quelque chose après deux jours de jeûn. Mes muscles sont justement tendus comme la corde d'un arc, prêts à se contracter sous la puissance d'un impact. Tous les sens en alerte, ce soir ma vue ne me sera d'aucune utilité. Heureusement, parce qu'elle n'est de toute façon pas suffisamment bonne pour m'être utile dans quelque circonstance que ce soit. Des volutes de fumée blanche s'échappent de mes narines dans l'air froid de l'hiver, et je guette le son des herbivores alentours. Je repère un troupeau de chevreuils non loin, et je détecte ensuite un lapin seul un peu plus près. Je ne saurais chasser un animal aussi gros qu'une biche, mais un pauvre petit lièvre est un challenge jouable pour un loup solitaire. Ce n'est pas la meilleure viande, mais elle nourrira au moins ma famille pour les deux prochains jours.

Je me tapis dans les feuilles humides, et je guette la venue de l'animal importun pendant de longues secondes. Lorsqu'enfin sa silhouette grasse apparaît dans mon champ de vision, ma faible vue me suffit à comprendre que la bête sera suffisante pour deux jours entiers, pour un loup adulte. Je laisse un sourire satisfait apparaître au coin de mes babines, et je me prépare à l'attaque. Ma proie semble guetter quelque chose, mais je n'y prends pas garde, bondissant dans sa direction sans plus réfléchir. Je n'ai le temps d'apercevoir que son nez frémissant et ses longues oreilles remuantes, avant de me retrouver brutalement suspendu dans les airs, accompagnant ma surprise d'un lourd grondement rauque. Que se passe-t-il !? La vitesse du balancement ralentit doucement, mais dans la panique je me remue si violemment que j'accentue le malaise qui me prend. Finalement, je me laisse aller quelques secondes et mon corps s'immobilise dans les airs. Je pigne, souffrant, quelque chose enserre douloureusement ma patte arrière droite. Je tente de redresser la tête mais la position infligée à mon corps est si inconfortable que je ne sais pas comment me mouvoir pour mieux analyser la situation. J'ai bien compris que je viens de me faire avoir par un stupide piège humain, mais reste à savoir comment m'en sortir. Je pense d'abord à ma soeur qui est restée seule dans les bois, et que je ne peux pas contacter au risque de la mettre en danger. Si elle me sait dans une telle situation, elle accourra et ne voudra pas me laisser là.

Je reste silencieux, ravalant ma douleur en des grognements graves, et j'essaie de réfléchir. Le piège était certainement posé là pour un lapin, parce qu'en tendant mon corps au maximum de sa capacité, je parviens à toucher le sol de mes pattes. Je griffe le sol furieusement en essayant de me déplacer, mais rien n'y fait. La force ne me sera d'aucune utilité, la matière des cordages humains est telle qu'il faut user de ruse pour s'en dépêtrer. Je soupire longuement, me laissant pendre lâchement au bout de ma corde, cherchant un moyen de détruire le mécanisme. Le problème, c'est que j'ai une mauvaise vue. Alors j'ai beau savoir que le noeud n'est pas loin, je ne parviens pas à repérer son emplacement. Je grogne de douleur, la souffrance dans ma patte est de plus en plus intense. Et finalement, La chance tourne à mon avantage. En basculant suffisamment, j'arrive à attraper l'autre extrémité de la corde qui m'entrave. En tirant quelques saccades, je parviens à libérer le noeud à distance, et je tombe lourdement dans l'humus humide. Je reste allongé là de longues secondes, grondant férocement à l'idée que des bipèdes auraient pu m'attraper. Ma mise à mort ne m'inquiète pas, c'est le fait d'abandonner ma soeur qui m'aurait rendu fou de haine. Heureusement, mon temps n'est pas révolu. Je m'ébroue vigoureusement et je me relève, jetant un dernier regard au terrier dans lequel le lapin à disparu un peu plus tôt. Le repas ne sera pas pour ce soir. Dommage.

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