Sable et coquillages

force →10 endurance →6 agilité →4

Errance malheureuse. Je trainais des pattes, sans trop savoir où j'allais. Couvert, j'en étais. De rouge. De sang. Un goût que je finissais par apprécier, même si je ne sais pas d'où il vient. Écorché, au niveau du crâne. Et migraine. Je dois mettre cogné la tête. C'est triste de ne pas se souvenir. Triste.

Le loup laissait ses traces sanguinolente sur le sable tiède, au couché du soleil. Le pourpre luisait d'une couleur ocre. Le monde aurait pu être beau. Si ses yeux n'étaient pas si vide. Si creux. Il se laissa roule le long d'une dune, sur le flanc. Une chute loin d'être violente, juste une caresse sur sa peau, à travers ses poils. Le sable se glisse, gratte, lui rappelle qu'il est encore vivant. Restant couché ainsi, là, il attendait quelque chose. Quoi? Un signe, peut-être. La truffe de Sikya?

Comment puis-je encore penser à elle, hein? Ce n'est même pas ma mère... Elle ne l'a jamais été. Et elle est en morceau maintenant, comme tout le reste.

Il les brisera tous, tous, tous jusqu'au dernier. Ceux qui croiseront sa route, appuies comme ralentisseurs. Il détruira tout... Fermant les yeux, les pas se rapproche de sa silhouette étalée sur le sable, le souffle calme, lent. Pourquoi bougerait-il? Il était sur le territoire d'autres, certes...
Claquant de la mâchoire, il poussa sur ses pattes, amollie par une course dont il n'a pas conscience. C'était une louve qui approchait, bien que sa vision restait trouble. Troublée même. Du sang cachait la moitié de sa vision, alors qu'il poussait un grondement rageur. Non, calme. Seul... Il doit rester seul.
Tentant de faire demi-tour, un peu trop brutalement, ses pattes s'emmêlèrent et, chutant, son museau pointa dans le sable. Il était simplement au bout de ses forces.
Laissant tomber sa tête sur le sol, il finit par arrêter d'essayer de quérir les dernières forces qu'il lui reste. Roulant, il tourne la tête vers la venante, la regardant de son seul œil ouvert, non englué par le sang.

- J'imagine que la situation n'est pas à mon avantage...

Il étira les babines, se contorsionnant pour ramener ses pattes avant avec ses pattes arrières, si le besoin de se défendre s'en faisait sentir.

- Où sommes-nous?

Finit-il par demander, la voix calme et tranquille. Comme si de rien n'était. Comme si le sang ne maculait pas cette dune. Comme si sa présence ici était naturelle.

#fk.016 pour kobalt