violence. dans son cœur, dans son cerveau, dans son corps, à l'unisson, y'a ce mot qui résonne. avec violence, le mot s'imprime dans sa chaire, dans son âme salie par la souffrance, par la haine. tuer, pour plus de frénésie encore, tuer, faire couler du sang. pour détruire, pour achever, pour regarder cette lueur dans leurs yeux. cette lueur s'éteindre, brusquement. envoyer des corps dans les méandres, envoyer les esprits dans les limbes, au risque de s'y perdre, peut-être. mais il aime ça, inconsciemment, il adore ça. être puissant, être celui qui décide. parce que, tous, ils aiment ça. tuer, tuer, tuer. détruire des vies, des gens, des familles. briser de cœurs, broyer des âmes. la violence, encore et toujours. la mort, encore et toujours, pour oublier, une douleur, une peine. pour se rappeler, pour oublier, sa propre souffrance, il faut décupler celle des autres.
haine. tellement forte, elle aussi. tellement présente, puissante. celle que l'on ne peut pas louper, celle que l'on oublie pas. celle qui crève les yeux, qui brûle le corps. qui dégoûte, qui donne envie de hurler, de le tuer. ouais, de le tuer. parce qu'il déteste tout le monde, draugur. tout le monde, quelques exceptions, peut-être. mais personne ne compte, personne n'a d'importance, personne ne compte. y'a que lui, que sa belle gueule, les autres c'est inutile, ça fait mal, ça détruit. mais c'est tout. y'a que ça, pour draugur, les autres ils sont pareils que lui, et lui, lui, il est pas terrible. pas bien, mal foutu, mal aimé, mal terminé. dans les autres, il voit ce qu'il aimerait être, ce qu'il déteste. l'enfer, c'est les autres.
moquerie. ses babines qui s'étirent, dans un rictus immonde. ce sourire, cette moquerie. ce besoin, incessant, de se moquer. de cracher a la gueule de tout le monde, tout le temps. parce que ça le fait marrer, de se foutre du monde entier. il s'en tape, au fond, des autres. peut-être pas. il sait pas. il sait juste se moquer, se marrer. lancer des piques, des saloperies, des remarques. qui blessent, parfois, qui font mal, souvent. qui cherchent a blesser. parce, sadique, c'est ça qui le fait marrer. de voir la peine dans les yeux des autres, quand y'a ses répliques qui fusent, ses moqueries qui atteignent leur but. qui heurtent, qui frappent. si bien, qu'on a envie de le frapper, lui aussi. avec sa belle gueule d'idiot, avec ses moqueries incessantes. une parade, pour masque quelque chose, de plus sombre, de plus caché.
intelligent. il a pas l'air, comme ça, avec ses yeux noirs, ses yeux de fous. mais pourtant, il est intelligent, ça crève les yeux, si on regarde bien. mais draugur, il est méchant, il est violent, alors personne le regarde vraiment. on fixe pas, on ne soutient pas son regard en face de lui. on baisse les yeux, on relève les babines, on grogne. mais on va pas le regarder, pas vraiment. on va le détester, on va pas chercher à le comprendre. on va pas vouloir regarder, s'il est juste sadique, ou si là dessous, y'a quelque chose de potable, de moins puant, de moins répugnant. la vérité, si l'on regardait, c'est qu'il est intelligent. qu'il est manipulateur, calculateur, aussi. ça se ressemble, ça se croise. c'est pas bien, mais c'est comme ça. c'est draugur, le méchant, draugur le moqueur. celui dont personne ne soupçonne l'intelligence.
folie. dans ces yeux charbon, c'est luisant, c'est cuisant. cette folie, cette personnalité malsaine, dérangeante. cet être pourri jusqu'à la moelle, secoué par les tressauts de sa folie. naissante, jaillissante, parfois. une folie, difficile à maintenir, à contenir. masquée par tant d'autres choses. pour que personne, ne voit, qui se cache vraiment derrière le grand loup blanc. au regard noir, au regard pestiféré. aux yeux charbon, aux pupilles ébènes qui dégoulinent de violence, de rage, de haine. une folie, pure, simple. violente, décadente. une folie, sans frontière. qui, comme un loup en embuscade, n'attend que le bon moment pour jaillir de sa cachette. ce n'est qu'une question de temps, les secondes qui s'égrainent. la folie, à fleur de peau, prête a transpercer ses yeux, prête a transpercer sa chaire. qui jaillira, de ses cristaux noirs, quand le moment sera venu.

il vient du froid, draugur. du grand froid, des dernières plaines vierges. à moins que l'endroit soit devenu vierge, à nouveau, de construction humaine. il est né dans le froid, goutte blanche dans l’immensité enseignée, perdue dans les glaciers ou dans les steppes désertes. dans le froid, s'est construit un être sans chaleur, sans joie, sans âme. draugur, le loup blanc, aux yeux trop noirs. aux yeux qui font peur, qui veulent dire trop de choses, et à la fois, qui veulent rien dire. rien du tout, juste du noir. couleur profonde, couleur de désespoir. seule couleur qui ressorte dans le blanc. de son pelage immaculé, du ciel, du sol recouvert de neige. y'a que ses yeux. malsains. pourtant, petite boule de poils glapissante, cherchant la chaleur de maman. maman, qui a fauté, avec un inconnu, pour un soir seulement. un mâle, inconnu, qui le restera. un père oublié, inconnu. mais déjà, c'est le plus vivace. le plus vigoureux. le seul qui résiste au froid. au terrible froid, qui mord, qui brûle et qui finit par engourdir les sens. le froid, qui emporte ses frères et sœurs, le laissant seul, lui et sa noirceur. elle voit, maman, dans les yeux de son nouveau-né, que c'était pas normal. que ça filait, des frissons dans le dos. mais c'était de sa faute, pas celle de la boule de poils blanche. parce qu'elle avait bu de l'eau, contaminée. elle le savait, c'était sa faute. la sienne. pas celle de son rejeton, déjà agressif, déjà féroce. parce que c'était ça ou la mort, parce qu'elle avait du faire un choix. mauvais choix, regrettable. tellement douloureux. de voir son fils, déjà fou, déjà condamné par sa propre folie.
les années sont passée, draugur, ne connaissait pas les hommes. du moins que de réputation. après des années, de vie avec sa mère, en autarcie, loin de tout les humains sont revenus. pour lui, enfin, non pour elle finalement. parce qu'elle l'avait caché. elle s'était faite tuée à sa place, pour sa fourrure blanche, pour son pelage immaculé. pour ça, draugur avait haï les hommes. tout le monde. sa mère, le destin. tout ceux qui avait détruit sa vie. réduisant son cœur, ses sentiments, tout ce qu'il restait de normal chez lui. une coquille vide, voilà, ce qu'il reste de draugur. il a oublié, maintenant, ce que c'est, de ressentir l'amour, la peine. la joie. il ne connait que la souffrance, ne reconnaît que la peine, ne maitrise que la mort. c'est douloureux, tout le temps. dans son crâne. c'est dégueulasse, toujours. dans sa bouche, ce goût acre des regrets. dans son corps, ça tonne, ça fait mal. le voilà, seul. lui et sa folie naissante. sa cruauté envahissante. ses yeux noirs, qui scrutent. ses dents, qui cherchent, de la chaire fraiche. dragur, futur fou, condamné a être damné, pour sa vie, pour sa mort. pour l'éternité.