Le grand loup brun s’avança sur son terrain de chasse favori, la forêt charbonneuse. Depuis la préparation à la guerre, il avait redoublé d’effort pour l’entraînement. Non seulement son propre entraînement, mais aussi celui des autres. D’abord Blasphem. Puis Epsilon. Puis les Supérieurs d’Athos lui avait soumis une proposition. Il était devenu assez âge et assez fort pour devenir mentor.
Le grand loup brun avait d’abord hésité. Ce grand coureur n’avait jamais envisagé la possibilité de se trouver une louve avec qui il resterait jusqu’à la fin de sa vie, ou même jusqu’à la fin de la saison. Alors il avait encore moins envisagé l’idée d’avoir un gosse ! Mais il se trouvait qu’il fallait former la jeunesse, et que les bons professeurs manquaient. Il s’était surpris à aimer entraîner les autres jeunes. Alors il avait bien réfléchi. Et puis, être mentor, c’était tout de même pas avoir un gosse sans arrêt accroché à la patte... Si ?

Athos avait hésité. Des louves lui avaient demandé d’être le mentor de leurs petits, mais jusque-là il avait refusé. Puis, il avait entendu parler d’une petite tempête, une petite boule de feu qui se canalisait peu et qui savait ruser. La boule de poil cherchait un mentor. Puis, quelqu’un, il ne savait plus qui, était venu lui demander de devenir le mentor d’Erendil, la boule de neige, frère de la boule de feu. Il avait hésité. Pendant quelques jours, il avait observé la boule de neige, d’un oeil, sans que celui-ci ne s’en rende compte. Il s’était fait une idée de lui. Etait-ce un coup de folie, une envie d’aider, ou quelque chose d’autre ? Toujours est-il que le plus jeune général jamais élu avait choisi Erendil comme apprenti. L’apprenti du Général. Ca sonnait plutôt pas mal. Athos aurait bien aimé avoir cette chance, avoir un mentor, lorsqu’il était enfant. Mais il ne l’avait pas eue.

Athos aperçut la boule de neige, planquée dans un coin à attendre que le grand loup veuille bien se montrer. C’est silencieux comme un cerf que le grand loup se posta derrière lui, à quelques pas, le regard bouger, impatient déjà, ou peut être bien peureux, angoissé, perturbé. Athos ne montra aucune expression sur son visage, et lorsque son apprenti le vit, il glissa tout de même un sourire qui se voulait rassurant.

Sans une parole, Athos marchait doucement jusqu’à ce poster devant lui, imposant, le grand loup brun taillé dans toute sa splendeur. Un Prince des Bois Noirs. Qui allait devoir, à partir d’aujourd’hui, assurer et assumer l’éducation de la jeune et petite boule de neige, à ses pattes.

Le loupiot  était mi impatient mi effrayé. Athos sentait qu'il ne savait pas vraiment à quoi en tenir. Il sentait que la tension était haute pour lui.

Son premier entraînement.  Le premier pas vers l'âge adulte, l'indépendance, la puissance. Ce petit était plus gringalet que la boule de feu. Mais il avait l'air également posé et réfléchi.  Tout le contraire d'Athos à son âge.  Athos ne pensait alors qu'à se bagarrer, explorer, jouer avec ses frères et soeurs. Même après l'accident, il avait atteint le sommet de son esprit bagarreur, une ligne directrice de battant  sur laquelle tout son être était basé.

Le loup tendit l'oreille, croyant percevoir quelques petits mots bafouillés par l'enfant. D'un ton neutre, il  fit un pas vers la gauche de l'enfant,  l'observant sous un angle, puis vers la droite, l'observant sous un autre angle. Mouais.  Pas bien robuste tout ça.  Mais tout pouvait changer, il suffisait d'avoir la volonté de faire qui l'avait guidé lui même toute sa vie et qu'il comptait bien inculquer au novice. 

" Dis moi, boule de poils. Qu'es tu ? "


Une question test?  En quelque sorte... la question n'était pas qui es tu, d'où viens tu ou que fais tu ? Non. Elle était tout autre. Et Le Général voulait savoir ce que la boule de neige avait à y répondre.

« - Je suis le fils du Prince et de Gallya, et je suis apprenti en ce moment »

Athos se mit à grogner, interrompant le louveteau.

« ... je souhaite être guerrier. »

Il fronça les sourcils et regarda le petit d’un oeil sévère. Le petit n’avait pas compris la question, en même temps difficile à répondre. Néanmoins, il aurait attendu tout de même de sa part un effort de réalisme et non pas la description d’une situation uniquement factuelle.

« La Question n’était pas -Qui es tu ? -. C’était qu’es-tu. »

Le petit avait effrayé et perplexe. Lorsqu’il répondait, il avait parlé avec force, comme s’il voulait s’imposer et y compris à soi même. Mais ce n’était pas ce qu’Athos voulait entendre comme réponse. Qui es tu, c’est ton origine, ton nom, ta famille. Qu’es tu, c’est ta nature, ton essence, ton pouvoir sur toi même, ce pour quoi tu respires et ce pour quoi tu veux vivre ou donner ta vie. Bien qu’il était jeune pour savoir vraiment ce qu’il voulait plus tard, il avait bien un but. Un idéal. Il était bien quelque chose.
Devant l’air du louveteau, Athos comprit qu’il fallait qu’il s’explique.

« Qu’est-ce que tu es ? Quel est ton essence, ta nature, ton but. Pourquoi veux tu être guerrier,pourquoi veux-tu être, seulement ? C’est cela, ce qu’on est. Qui on est ne dit pas ce qu’on est. Qui on est n’est qu’une façade, une étiquette. Je veux savoir ce que tu es. Je veux te connaître vraiment. »

Athos sourit finalement au jeune loup. Il n’avait pas l’air très rassuré, et le but n’était pas de l’effrayer dès le premier cours. Au contraire, Athos n’avait jamais aimé les mentors un peu trop sadiques sur les bords. Néanmoins, il fallait bien le tester pour savoir s’il avait quelque potentiel.

Athos regarda le petit lui répondre, il avait repris un peu d’aplomb et je sentais bien qu’il essayait de dire ce qu’un adulte aurait voulu entendre venant d’un jeune, ce qui était un peu normal. Le grand loup brun regarda alors son nouvel apprenti, pas très costaud. Il voulait être guerrier ? C’était plutôt mal barré vu sa stature... Mais après tout, ce n’était qu’un enfant, tout était encore jouable. Mais Athos pensait sincèrement que le métier d’espion lui irait à merveille. De toute façon, ce n’était pas vraiment au petit de décider ce qu’il allait devenir, puisque Empress devait accorder son grade ou non.

« Je comprends. Guerrier hein ? Penses-tu vraiment avoir la trempe d’un guerrier ? Non, ne me réponds pas. Je le verrai bien par moi même. Alors jeune apprenti, voyons un peu ce que tu es capable de faire. La chasse, tu as déjà essayé ? Un petit mulot, une souris, ou un peu plus gros, un lapin ? As-tu déjà eu la curiosité de savoir ce qu’était la chasse ? ».

Le jeune semblait toujours hésiter. Ne pas oser, il était difficile pour lui de s'exprimer a voix haute. Athos ne le ménage pourtant pas.
Il n'y avait pas de raison de toute façon. Il fallait l'endurcir. Le petit devait être fort et Athos ne couta pas une seconde qu'il le serait. Il écouta ce que le petit avait a lui dire.


- Ma m... Non, Gallya m'a expliquer un peu comment chasser. Cela peut dépendre de la proie. Pour les grosses proies, la traque et pour les petites proies, l'approche silencieuse. Enfin, je croit. J'ai déjà essayer d'attraper une souris, mais...


Athos haussa la tête. Inutile d'en dire plus, il avait deja deviné. Athos regarda autour de lui. Il commençait depuis longtemps a faire froid. Les proies étaient parties depuis trop longtemps, il était inutile de lui demander de chasser maintenant et de lui imposer un echec prévu d'avance. Athos s'avança :

" Bien. Nous aurons l'occasion de nous entrainer mais ce n'est pas encore le moment. J'aimerai plutôt que tu entraines aujourd'hui ton endurance. Tu vois la souche d'arbre la bas ? Cours et reviens ensuite. Je compterait le temps que tu mets. Chaque jour, nous ferons cet exercice et tu devras avoir amélioré ton temps"

Il lui lança un sourire.

Athos regarda la petite boule de poil continuer à faire son exercice. Quand il vit qu’il commença à éprouver ce qui ressemblait fort, de loin, à un point de côté, Athos ne fit aucune remarque et le laissa terminer l’exercice demandé. Lorsque le jeune louvard arriva à la fin de sa course, Athos était satisfait. Il avait réussi à la terminer malgré sa douleur, ce qui montrait sa force intérieure. Athos en était content, ce petit avait quand même de la volonté, il fallait bien le reconnaitre. Athos le regardait se rapprocher de lui. Il était épuisé. Il avait assez travaillé pour aujourd’hui, et Athos reconnut intérieurement qu’il avait fait du bon travail pour son âge.

Le grand loup brun regarda la petite boule de poil fragile un instant. A présent, elle était assise tandis que lui se trouva droit, impérieux, devant lui. Le jeune louvard attendait certainement un autre exercice, mais Athos savait exactement comment procéder à un entrainement, et à en fixer ses limites. Et les limites allaient être atteintes, le jeune avait assez travaillé. Athos sourit alors, d’un sourire franc et rassurant qu’il ne montrait jamais qu’aux enfants, et à eux seulement, seul moment où il n’était pas le loup dur et sans pitié dont il avait le visage et l’esprit. Athos dit alors à son jeune élève :

« C’est assez pour aujourd’hui Erendil. Tu as bien travaillé, je dois te dire que ce n’était pas gagné au début de cet entraînement, mais finalement, ce n’est pas mal. Il faut que tu t’entraînes dur, et que tu ne perdes jamais l’essentiel de vue. Et là, tu attendras le but ultime : devenir le meilleur. »

Il marqua une pause, puis reprit.



« Nous reprendrons un entrainement demain, à la même heure, ne l’oublie pas. »



Puis, le jeune loup tourna les talons et s’éloigna d’un pas droit et assuré.