Et il avait faim. Le pauvre Prince avait faim. L'air du dehors venait de lui ouvrir l'appétit. Mais bien comme il fallait. Et tandis que son ventre hurlait à la famine. Il continuait de chercher quelque chose qu'il pourrait se mettre sous les crocs. Car, malgré tout. Même s'il n'était pas un grand guerrier. Asak était un bon chasseur. Quelqu'un qui était prêt à tout pour pouvoir s'investir dans une meute. C'est comme ça qu'il avait agit chez les Sekmeth, lorsqu'il vivait encore chez eux.

Mais tout ça, c'était du passé. Il n'avait plus à y penser. Il ne le devait plus. Il devait garder la tête haute. Rester droit. Et devenir quelqu'un de bien pour ses filles. Quelqu'un de respectable dans son nouveau foyer.

Mais tandis que son esprit vagabondait encore. Il ne trouvait rien, toujours … Quelle malchance.

Il s'était à nouveau échappé de ceg endroit qui était son nouveau chez lui. Il ne l'aimait pas. Du moins, pas pour l'instant. A tout dire, fallait-il encore qu'il s'y sente réellement chez lui. Mais ce n'était pas pour demain. Non. Asak ne voulait pas y retourner, au plus profond de lui. Il avait le mal du pays, comme on pouvait dire. Mais il le faisait par Honneur. Par Honneur envers Minuit et leurs petites. Et par amour, aussi. Cette maladie sentimentale qui avait enchaîné son coeur. Il n'avait pas réussi à résister à cette ''faiblesse''. Mais il se félicitait de certains de ses choix, malgré tout. Ces choix qui lui permettaient de survivre, encore, à l'heure actuelle.

Mais il n'avait pas à se soucier de ce que les autres avaient à penser de lui. Au final, il s'en moquait bien. Il n'avait aucun compte à leur rendre. Il se fichait pas mal des autres. Il ne les aimait pas, et il n'était pas là pour les aimer. La seule personne en qui il avait confiance ici, c'était Minuit et ses filles. Et c'était la seule raison pour laquelle il avait rejoint les Esobeks. Et pour sa survie, aussi.

Et sa survie passait, comme d'habitude, par l'approvisionnement du garde-manger en nourriture. Il s'y était déjà tenté hier, mais sans grand succès. Aujourd'hui, il ne ferait pas les même erreurs. Enfin, il n'en avait pas fait. Il n'avait simpement rien vu. Rien croisé. Rien, aucune odeur. C'était plutôt naze.

Et ce n'était pas prêt de changer. A vue de ce qu'il sentait actuellement. C'est à dire, rien du tout !

Mais ce n'était pas fait durer, fallait-il croire. Etant donné qu'il commençait à râler sur la possibilité d'avoir un museau inutile, une odeur de proie fraiche vint lui caresser les sens. Les uns après les autres. Une véritable proie. Pas du vieux rats en croute. Un animal ! Un vrai ! Et pas des moins alléchants. Un lapin.

Asak pourrait voir s'il n'avait pas perdu ses reflexes de chasses, depuis tout ce temps passé dans les tunnels sous terre, à se cacher du joug des hommes destructeurs et vicieux. A présent, il pouvait enfin profiter de se dégourdir les pattes et de chasser sans avoir à se soucier du fait qu'il risquait de se manger un mur en plein dans la tronche.

Il adopta lentement la position du chasseur. Le rôle qu'il avait demandé à prendre. Car après tout, il avait rejoint la meute pour être utile à sa compagne et ses enfants, et que pouvait-il faire de mieux que de les nourrir ? Pour l'instant, c'était un rôle parfait pour un jeune père. D'autant qu'il pouvait offrir sa présence, maintenant.

S'approchant de sa proie, il remarquait petit à petit, un lapin posé devant lui, de dos. Le vent soufflait dans les oreilles de l'animal qui, grâce à ça, ne l'avait pas encore remarqué. Offrant un bond plutôt agile, il retomba une patte sur le corps du lapin, venant lui sectionner l'artère d'un coup de croc rapide.

Ce soir, il ramènerait une proie fraiche, et goûteuse. .

Asak s'était levé tôt pour essayer d'attraper quelque chose à ajouter dans le garde manger de sa meute d'adoption. Mais fallait-il croire qu'il n'avait pas beaucoup de chance, aujourd'hui, étant donné qu'il ne sentait toujours aucune odeur de proie depuis qu'il avait quitté l'endroit où la meute dormait. Le loup commençait déjà à en avoir marre, de chasser... A chaque fois c'était la même chose. Il cherchait ses proies. Il ne les trouvait pas. Voilà. Petit cycle énervant … C'était lourd. Terriblement lourd.

Asak regrettait déjà sa petite vie pénarde chez les Sekmet. Bon... Pénarde c'était vite dit ! Car là, il serait déjà mort, chez lui. Chez les Esobeks, il devait bosser dur. Mais au moins, il restait en vie ! C'était un bon trade.

Le prince lâcha un soupir du fin fond de sa gorge. C'était lassant … Chaque jour. Faire la même chose … C'était lourd dingue. Mais bon, il devrait s'y faire … Il continuait à marcher, museau au sol.

Le Prince s'arrêta net. D'un coup d'un seul. Hey ! C'était la bonne nouvelle de la journée, fallait-il croire ! Une odeur de gibier venait de lui pincer le museau. Et ça, c'était génial ! Enfin quelque chose qui pourrait ajouter de la bonne humeur chez le loup ! Et il en fallait beaucoup pour avoir un Asak en bonne humeur !

Tandis qu'il partait discrètement au petit trôt, il s'approchait de la provenance de l'odeur si alléchante. Au milieu d'un tas de bois, un énorme pigeon semblait très occuper à tenter de tirer une larve d'un vieux rondin en décomposition. Ce devait être le paradis des insectes, cette vieille buche pourrite.

Et elle allait offrir le paradis du Mâle. Car elle allait lui offrir un énorme tas de plume juteux ! Son esprit ne fit qu'un tour. Retenant son souffle, le Prince s'approcha, sur la pointe des pattes. Et fit un bond majestueux, retombant au dessus du pigeon. Venant jeter ses crocs dans le corps de la proie. Le tuant sur le coup.

Voilà l'heure de rentrer avec l'animal en gueule..

Bon. Rebelote. Voilà. C'était l'heure d'y aller. De chasser. Encore. Et oui … Ce matin était un autre matin comme tout les autres. Il détestait ça. Il avait horreur de ces matins. Il voulait pouvoir profiter
d'un repos. De rester dans la tanière avec sa compagne et ses filles. Dormir comme elles. De tout son saoul. Mais non. Bien sûr. Lui, il devait partir chasser chaque matin comme un débile.

Pourquoi avait-il fallut qu'il décide de devenir un chasseur, hein ? C'était quoi cette idée saugrenue qu'il avait eu, en discutant avec Plume Rousse, hein ? Non. Il aurait dû lui demander un poste où il pouvait glander. Où il n'avait pas à réellement s'impliquer. Car cette implication ne lui plaisait pas , dans son cœur. Il … trahissait la louve qui avait tant fait pour lui. Il abandonnait son passé pour son futur. Certes. Mais … Il avait des remords. Beaucoup de remords.
Et tandis qu'il laissait son esprit vagabonder à droite et à gauche. L'odeur d'une proie lui piqua le museau.

Mais. Malgré de longues, très longues minutes de recherches. Le jeune Prince n'arriva pas à trouver sa proie. Il continua sa route. Mais au final, il ne semblait pas spécialement y avoir quelque chose dans la zone.La proie devait déjà l'avoir entendu arriver. Ou même l'avoir déjà vu. Mince … C'était vraiment pas de cul...

Aujourd'hui. Asak rentrait bredouille …

Sur la route du retour. Asak n'abandonna malgré tout pas ses efforts. rentrer sans rien était pour lui pire que tout. Pire que ce quotidien qui s'infiltrait jusqu'à son cœur. Partout dans son corps. S'était humiliant. D'avoir promis de revenir avec de la nourriture. Et de revenir sans rien, au final.

Il n'aurait sans doutes pas de chance. Malgré tout ses efforts, aujourd'hui. Le mâle faisait de son mieux. Mais ce n'était pas assez. Il en fallait plus. Et il ferait tout son possible pour en faire plus. Ce n'était pas pour aider la meute, qu'il le faisait. Mais simplement pour bien se faire voir. Pour être utile. Et pour ne pas avoir de soucis en retour.

Asak cherchait à s'attirer les bons grès de sa meute d'adoption. Se les mettre tous dans la poche, c'était un but super. Et plutôt intéressant !

Asak se stoppa net. L'odeur qu'il sentait était celle d'une proie. Enfin ! C'était son jour de chance. Tout comme l'autre fois, c'était lorsqu'il perdait espoir qu'un gibier s'offrait à lui. Comme si une divinité était là pour l'aider, lui donner un coup de pouce. Mais pas un petit coup d'pouce. Non, vraiment celui qui lui permettait ne pas avoir l'air d'un gros débile.

Là. Devant lui, à quelques pas, se trouvait un petit lapin. Seul, dans une crevasse non-naturelle qui avait été creusée dans la terre à cause d'obus. Et lui, ce petit lapin. Se trouvait là !

En un instant, Asak avait bondit sur sa cible, et entré en profondeur ses crocs dans la nuque du petit animal.

Tandis qu'il remontait vers la liberté avec sa proie. Le loup trouva une odeur plutôt particulière. C'était celle d'un loup. D'un jeune loup fallait-il croire. Mais pourquoi diable un louveteau était-il seul, ici, sur les terres Esobeks ? Une mère l'avait-il laissé fuir ?

Le Prince Sekmet remonta lentement la piste. Jusqu'à tomber sur le dit louveteau. Il tenait, lui aussi, un petit animal en gueule. Une grive. Soit... Asak allait donc devoir rentrer avec cette boule de poils.

Même à lui, ça lui faisait mal de laisser un enfant derrière.