Je prends mon temps, je fouille tous les recoins environnants mais y'a rien à faire, rien à sentir, pas de proies. À croire que tous sont remontés à la surface et que je suis le seul loup qui se contraint à chasser sous la surface. Moi qui détestait ces souterrains finalement je n'arrive pas à m'en séparer. Je décide de m'entrainer, je me plaque au sol, comme si j'avais une proie dans mon champ de vision, je rampe, collé contre le sol, mes pattes foulent ce dernier sans un bruit, ma respiration est douce, presque inaudible, puis je bondis sur une proie invisible, ma mâchoire claque bien sûr dans le vide mais je fais mine d'achever ma proie. Dans le vide mes griffes s'acharnent, je m'attaque à un animal que je suis le seul à voir. Puis lorsque je m'arrête et je décide de m'y remettre plus sérieusement.

Cette fois la chance semble être avec moi, je repère l'odeur de mon renard. Je gronde, cette fois il ne m'échappera pas. Je m'élance au petit trot en direction de l'odeur musqué de ma proie. J'ai hâte, et encore une fois j'ai trop hâte. Je débusque mon renard rapidement, trop rapidement car celui-ci qui me connait bien désormais fuis dès qu'il aperçoit mon ombre, la satanée bête prend ses jambes à son coup. Je gronde à nouveau, je compte bien le rattraper. Mais c'est impossible, il s’enfuit et alors que je n'étais à quelques centimètres de lui il disparait dans un trou trop petit pour que je puisse m'y engouffrer. Renard - 5 et Arawn - 0.

Je me met en quête d'une proie, dans les boyaux je fouille, je fouille. À la quête de pitance, de chaire fraiche, de sang tiède qui tomberais dans mon gosier. Je fouille, je renifle le sol. Je cherche, j'écoute les sons qui se trament dans les couloirs. Mais rien, seul mon souffle régulier et mon exaspération montante. Je donne un coup de patte rageuse dans un cailloux qui provoque un écho lorsqu'elle touche les parois. Et merde. Comment faire fuir ses proies en quelques secondes.

Finalement mes efforts payent, je tombe sur l'odeur d'un lapin, et non celle de mon renard. Je suis pas si mécontent que cela, ce renard m'a achevé, il a usé toute ma bonne volonté. Je ne me ferrais pas berné par un vulgaire rongeur, encore moins un lapin empoté. Je fouille, je remonte la trace. Je bondis sur le lapin à la seconde ou je l'aperçois, pourtant mes griffes se plantent dans de la boue avant de heurter contre le béton. Et merde, je suis vraiment un louveteau pour l'coup. Erreur de débutant, échec de débutant.

Après l'échec de mon lapin, malgré la bonne volonté que je met dans mes recherches il n'y a rien qui puisse ressembler à une odeur. J'ai loupé ma chance, qui plus est de façon ridicule. Faut vraiment que je me mette à bosser un peu plus dur.

Je m'ennuie alors je chasse, puis bon, la faim se fait sentir, douce et suintante. Je farfouille, sans trop de précision, sans trop de prétentions. Je fouille durant longtemps, durant longtemps je marche, je renifle le sol avec attention. Mais il n'y a rien, décidément je devrais vraiment remonter à la surface...

Je me remotive après une petite sieste dans un coin. La pénombre m'apporte du réconfort, comme si je rentrait chez moi. J’espère y trouver une odeur, un piste, me lancer dans une traque, une chasse, une lutte, un combat. Mais rien n'a changé, je remarque mes traces de pas, mon odeur, mais rien d'autre. C'est déprimant.

Encore un moment, je fouille. Mais décidément il n'y a rien, pire que rien. C'en ai ridicule. De rage et de frustration je gronde. Je ne sais pas si l’extérieur est plus animé mais ici c'est pire que mort, comme si j'étais le seul à errer ici...

Une dernière fois, pour avoir la conscience tranquille je renifle le sol. Profondément, une inspiration, deux inspirations. Rien, tellement rien. La poussière, le renfermé. Les souterrains. Bon c'est vraiment pas mon jour, au petit trot je rentre au campement. La tête basse, frustré.