Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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Jeu 30 Oct - 18:31







On m'a toujours prévenue et l'on m'a toujours dit que la vie n'était pas un long fleuve tranquille. Que, malgré ce que l'on peut penser, personne n'est ni méchant, ni gentil, tout n'est pas blanc comme neige ou noir comme ébène. Il appartient à tous de forger son destin, et hélas, la vie en décide parfois autrement. Il arrive à tous de rencontrer des obstacles, de ne savoir comment sortir d'un mauvais pas, et souvent, il faut simplement savoir se taire et subir. De ne faire confiance à nul autre que soi-même, de compter sur sa propre personne, sa propre vie. Je m'appelle Rake Maâr. Siffleuse des Macchabs.



Aux Aurores

Connaît-on jour plus paisible que le jour de sa propre naissance ? C'est en principe un jour de béatitude totale, où l'on ne fait que goûter à la saveur de l'oxygène et du lait, de demeurer aveugle, de compter uniquement sur les autres autour de soi. Personnellement, j'ai connu ce jour comme je l'imagine n'importe quel autre, comme la majorité de l'espèce avant moi.

Cette chose violente, corps de loup à la musculature puissante que j'appelais père était Tonœ, Pic d'Emprise. Ma mère, louve blanche à la gentillesse époustouflante uniquement égalée par son immense beauté, se nommait Nii, Espoir des Macchabs. Mon grand frère, l'être le plus cher à mes yeux, était Eneko, qu'on appelait plutôt Neko, Plainte des Macchabs. Et bien sûr, moi, Rake Maâr, Siffleuse des Macchabs. Cette famille était sûrement la plus soudée que toutes les terres eurent jamais vues. Tonœ, bien que très autoritaire, violent et jaloux, aimait Nii d'un amour pur. Celle-ci était une véritable protectrice envers moi et mon grand-frère. Neko et moi formions la paire parfaite ; nous nous protégions l'un l'autre, apprenant du monde qui nous entourait ensemble.

Mais hélas, ce n'était pas fait pour durer. Tonœ était devenu violent, nous frappait, et Nii y passa. Neko suivit peu après. Jeune louve de quelques mois, traumatisée par la mort des deux êtres les plus précieux de sa vie, n'eut autre choix que de suivre son père. Et c'est ainsi que commença ma nouvelle vie. Tonœ m'apprenait comme il pouvait la chasse et le combat, n'hésitant jamais à me mordre violemment si j'échouais. Bientôt, je m'étais endurcie, mais pas assez au goût de Pic d'Emprise. Mon pelage s'écorchait de jour en jour, mes poils s'enlevaient par endroit, et mon esprit ne comprenait plus qu'un seul mode de communication ; la violence. À à peine huit mois, je n'étais plus qu'une boule de souffrance, violentée, élevée à la dure.

À mes uns ans, il n'y avait autre choix qui tienne. Tonœ me nourrissait bien, m'apprenait un savoir précieux, mais je n'en pouvais plus de cette violence continue. De même il me fallait venger ma mère et mon frère. À la suite d'un combat qui l'avait franchement déçu, je m'étais enfuie dans la forêt qui adjaçait notre tanière. Et là, je les ais trouvées. Les baies d'if.




La Halte

Ayant laissé Tonœ empoissonné, mon ancienne vie et ma famille derrière moi depuis quelques jours, je commençais à regretter mon geste. Bien sûr, voilà ma famille vengée et ma liberté retrouvée, mais je commençais sérieusement à souffrir de la faim et du froid. J'avais préféré quitter notre tanière, regorgeant de trop de mauvais souvenirs. Bien trop.

Je m'éveillai dans le noir. Une odeur de plantes flottait dans l'air tiède. Je m'étais écroulée dans une prairie, affaiblie par la faim et la soif, et je m'étais retrouvée ici, dans une grotte humide d'où ruisselaient des gouttes mélodieuses. Une louve se tenait là. Je n'aurais jamais pu imaginé ce qui m'attendait. Mambo, Iris Vaudou, m'avait soignée. Je lui en serais toujours reconnaissante. Et elle m'emporta dans sa folle Odyssée. Au fil des rencontres et des voyages, je commençais à beaucoup l'aimer. Elle m'apprenait comment elle survivait, les remèdes de guérisseur, et bientôt, à chaque fois qu'on apercevait la guérisseuse au troisième œil, on pouvait être sûr que la petite Rake Maâr suivait quelque part. Il fallait avouer que le métier de guérisseur me plaisait beaucoup. Ainsi, traversant les vallées contre vents et marrées, nous nous rapprochions et je tentais de gommer la jeune louve traumatisée que j'étais, d'entrer définitivement dans ma nouvelle vie.

Mais ce n'était vraiment pas chose facile. Il me prenait souvent des pulsions dangereuses, héritées de mon père. Ces réactions avaient été assimilées en moi aussi naturellement que d'apprendre à dire bonjour ou merci. C'était normal. Pour moi du moins.
Alors je n'ai pas exactement compris lorsque Mambo m'expliqua qu'il était temps de mettre fin à mon apprentissage. J'avais un an et quelques à l'époque, et nous avions fait halte dans un petit groupe de loups solitaires, qui se réunissaient pour lutter contre l'hiver. J'avais attrapé un rhume très peu vilain, et quand Mambo m'a entraînée dans l'une des grottes à disposition des guérisseurs, j'ai d'abord cru que c'était pour cela. Mais il en était tout autre. « Rake Maâr... Je pense que tu en sais assez désormais. Il est temps que nous empruntions des chemins différents. »

Alors, évidemment, je n'étais pas d'accord. J'avais beau connaître la quasi totalité des plantes, j'avais encore besoin de la sagesse d'Iris Vaudou, de la sentir près de moi pour me guider. Je me souviens lui avoir bondis dessus sans réfléchir, visant directement la gorge. Et bien sûr, j'ai échoué. Elle me blessa bien plus que je ne l'avais fait, et s'enfuit. Je suis restée silencieuse le reste de la journée, et me contentai de sortir de la grotte uniquement pour ma survie. Et lorsque j'eus repris assez de force, je repartis, de nouveaux horizons en tête.




Le Danger

De nouveau seule, j'avais décidé de me lancer dans un mode de vie nouveau. J'ai donc erré, ressassant le début de ma vie désastreuse, sans chercher du tout à retrouver Mambo. J'avais grandi, m'étais endurcie et arrivais très bien à survivre, à chasser. Et lorsque je n'y arrivais plus, j'échangeais mes services de guérisseuse contre un peu de nourriture et de compagnie. Et bien entendu, ça se finissait souvent en meurtre. Il m'arrivait aussi de tuer des loups, voire des familles entières, afin de leur voler leurs biens, leurs proies, leurs tanières.

Cette vie d'errance où je laissais la mort dans mon sillage aurait pu continuer longtemps. C'était sans compter sur cet ours qui me piégea en pleine forêt, au plus beau du Printemps. UC.

 ...U.C...


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