Souffle acide du vent, larmes brulantes du ciel. Le monde ne ressemble plus aux paysages d'autrefois. Les cataclysmes ont frappé, des colonnes de flammes et de fumées se sont élevées sur l'horizon. La guerre. La guerre des hommes. Et nous, les loups n'avons eu d'autres choix que de fuir. Nombreux furent nos congénères emportés. Nous traversâmes les plaines cabossées, les forêts de cendres, poursuivis par la faim, traqués par la mort.

Notre salut, nous le devions malheureusement à ceux qui avaient provoqué notre malheur.


 
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 [Défi] Nous chassons ceux qui nous chassent.

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Sam 25 Oct - 0:43

[Défi] Nous chassons ceux qui nous chassent. Cerf_brume_copyright_bucovine_com

Défi Chasseur
Nous chassons ceux qui nous chassent.




L'air empestait de Leur odeur.

Cette odeur acre et lourde. Ils étaient là. Non loin. Il le sentait. Il le savait.

Atlas, chasseur Esobek, était parti la veille pour chasser. Après avoir passé la nuit dans la forêt sans rien trouver à chasser, il était arrivé à l'aube, à la lisière de la forêt. Il devait bien y avoir des lapins et des rongeurs dans cette plaine balafrée de tranchées.

Il avait alors entamé la traversée des tranchées et c'est là que l'atmosphère s'était chargée de l'Odeur. Quelque part, Ils guettaient. Son poil se hérissa sur son échine. La tête basse, en trottinant, il balayait du regard les alentours. Partout des tranchées, creusant des cicatrices dans le ventre de la terre, comme autant de lacérations qu'aurait laissé un loup géant. Défoncées, irrégulières, discontinues, les tranchées étaient de merveilleux endroits pour se cacher et Ils pouvaient être partout...

Soudain, un cliquetis attira son attention. Sur la gauche. Le loup blanc s'immobilisa et pointa le museau dans la direction du bruit. Un éclat brillant. Sans réfléchir plus longtemps, Atlas se jeta dans une tranchée. Immobile, le cœur battant, il tendit l'oreille. Rien. Il reprit son sang-froid et attendit encore quelques instants. Des Hommes. Il en était sûr. Cette Odeur pestilentielle, le cliquetis de leur arme, cet éclat... Ils étaient là. À l’affût.

Atlas décida donc de continuer son chemin dans les tranchées. Plus profondes qu'un homme, assez large pour qu'un bœuf puisse y passer, il y serait à l'abri des armes humaines. Des planches de bois, des bouts de métal et des caisses jonchaient le sol, barraient parfois le passage et il fallait alors se faufiler, escalader... Il s'arrêta soudain.

Là, devant lui. Énorme et majestueux, un cerf errait là, reniflant le sol, grappillant de ci, de là quelques touffes d'herbes qui étaient parvenues à pousser. Atlas l'observa un instant, tenté par l'occasion qui lui faisait face. Mais il s'abstint. Trop gros, trop fort, trop dangereux. Une proie pour un groupe de chasseurs, pas pour un seul loup. Boiteux qui plus est.

De toutes façons, le cerf prit vite conscience de l'ombre pâle qui était apparu devant. Il leva la tête brusquement et fit volte-face. Voulant s'éloigner au plus vite du prédateur inoffensif, il grimpa le talus et se retrouva hors de la tranchée. Hors de portée du loup... et à vue des chasseurs humains...

Atlas reprit son chemin, déçu de devoir laisser partir une proie aussi charnue, lorsque, quelques secondes plus tard, un coup de feu éclata. Le cerf poussa un long cri de douleur, rauque et grave. Des éclats de voix humaines. Atlas se tapit au sol, oreilles plaquées en arrière. Il ne devait pas être vu. Les hommes n'aimaient guère les loups. Et réciproquement. Un second coup de feu. Atlas détala. Il devait s'éloigner du combat. Sa patte boiteuse le ralentissait, mais il se faufila aussi vite que possible dans le labyrinthe des tranchées, cherchant le chemin lui permettant de s'éloigner de là.

Un virage, une caisse à sauter, une nouvelle bifurcation, encore un virage, son cœur battait la chamade. Vite, il devait partir vite. Un martèlement se rapprochait. L'odeur musqué du cerf se faisait sentir. À peine Atlas leva-t-il les yeux vers le haut de la tranchée, qu'il vit l'énorme cervidé qui fuyait lui aussi les hommes. L'animal voulut sauter par-dessus la tranchée mais il rata son coup et dégringola au fond du creux, quelques mètres devant le loup blanc. Atlas freina aussitôt alors que le cerf se relevait avec difficulté. Il avait été touché par l'une des balles. Du sang coulait abondamment d'une plaie sur son flanc. De l'écume recouvrait son encolure et il soufflait de manière forte et saccadée.

Paniqué, fou de douleur et se croyant pris au piège dans cette tranchée face à un loup, le cerf chargea Atlas. Celui-ci n'eut que le temps de se jeter sur le côté pour esquiver. Atlas se releva et se retourna vers le cerf. Ce dernier, paniqué et perdu, cherchait une issue, mais dans la panique, il essayait vainement de grimper en dehors du talus. Vainement car sa plaie et le sang qui s'en écoulait le rendait trop faible pour parvenir à sortir de là.

Atlas le regardait s'échiner à retourner à la surface, là où les hommes et leurs armes finiraient d'achever le pauvre animal. À cette pensée, la rage monta en Atlas. Jamais il ne laisserait si facilement une proie aux maudits bipèdes ! Mais comment faire ? Un cerf fou furieux et blessé le chargerait à nouveau sans hésitation. Trop dangereux pour une attaque directe. Mais sa plaie l'affaiblissait. Oui, l'affaiblir, l'épuiser...

Hasard de l'Ombre fonça alors sur sa proie. Le voyant arriver, le cerf cessa d'essayer de grimper le talus et se tourna vers son agresseur, bois en avant. Atlas s'arrêta devant lui et grogna férocement. Comme escompté, l'animal chargea. Mais contrairement à tout à l'heure, le loup fit demi-tour et prit la fuite. Et voilà un loup blanc crasseux, poursuivi par un cerf blessé au milieu de tranchées... Normal.

Le cerf cessa sa course, comprenant qu'il ne rattraperait pas son agresseur. Ce dernier, tout crocs dehors, revint alors à la charge, provoquant à nouveau le grand cervidé. La poursuite reprit ainsi. Le loup provoquait, le cerf chargeait, le loup fuyait alors ou montait sur une pile de caisse, hors de portée de son poursuivant. Et le jeu dura ainsi de très longues minutes, jusqu'à ce que le cerf refuse de courir, épuisé.

Atlas sourit. Il provoqua à nouveau l'animal, aboyant, grognant, faisait mine d'attaquer tout en restant à une distance respectable. Mais le cerf se contentait de garder ses bois en avant pour se protéger. Il avait perdu beaucoup de sang, sa plaie coulait abondamment, son souffle était plus saccadé que jamais et son corps était entièrement recouvert d'écume moussante.

Le loup blanc prit alors le risque.

Il misa sur sa rapidité. Il grimpa le talus, sortant ainsi de la protection des tranchées, puis très vite fit le tour du cerf qui était toujours au fond de la tranchée. Ne voulant pas rester à découvert, à la vue des hommes, il ne traîna pas et sauta sur sa proie. D'un bond, il atterrit sur l'échine du cerf. Ce dernier poussa un long cri rauque et tenta de se débattre. Mais il était trop faible. Atlas tint bond, les crocs plantés dans la chair tendre de l'encolure. D'une ruade plus violente que les autres, le cerf finit par éjecter le chasseur. Le loup vint rouler à ses pieds, mais se releva aussitôt et prit ses distances. Il regarda sa proie tituber et vagir de douleur. Ce n'était plus qu'une question de temps... Le loup blanc grimpa sur une pile de caisses et attendit, un léger sourire aux lèvres, que sa proie tombe d'épuisement...

Le soleil était complètement levé quand le cerf s'effondra enfin. Patient, Atlas avait préféré attendre plutôt que de risque une blessure. Il s'approcha alors de sa victime qui geignait d'agonie. Un coup de croc dans la jugulaire la libéra de son calvaire. Devant sa proie morte, le loup blanc s'assit, bascula la tête en arrière et poussa un long hurlement d'appel. Il aurait besoin d'une ou deux bonnes âmes de la meute pour ramener la bête au garde-manger.

L'Esobek contempla alors le fruit de sa chasse. Ce soir, la meute mangerait à sa faim.

 [Défi] Nous chassons ceux qui nous chassent.


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